L’ABSL Take Off permet à des centaines d’enfants malades de suivre l’école à distance. Grâce à internet, cette association crée un lien entre l’enfant et sa classe en lui permettant de s’installer virtuellement auprès de ses camarades. Quelle visibilité de son travail auprès des écoles ?
Question de Sabine ROBERTY à Caroline DESIR, Ministre de l’éducation
Depuis 2006, l’ABSL Take Off permet à des centaines d’enfants malades de suivre l’école à distance. Grâce à internet, cette association crée un lien entre l’enfant et sa classe en lui permettant de s’installer virtuellement auprès de ses camarades. Elle s’adresse à tous les enfants inscrits dans une école relevant de l’enseignement francophone ou germanophone à Bruxelles et en Wallonie, absents pour une longue durée à cause d’une maladie ou d’un accident.
Take Off organise donc un important travail auprès de l’ensemble des intervenants : parents, écoles et corps médical. Elle équipe gratuitement en matériel informatique l’enfant à domicile ou à l’hôpital ainsi que sa classe. La mise à disposition de cet équipement est plus complexe dans l’enseignement secondaire en raison des changements de classe réguliers, mais il n’est pas impossible que l’enfant puisse suivre certains cours avec l’accord de l’école.
L’ASBL affiche des résultats significatifs. Depuis sa création, plus de six cents enfants, quatorze hôpitaux et 415 écoles ont pu bénéficier de ses services. Évidemment, Take Off n’est pas la seule à offrir ce type de suivi et d’encadrement scolaires. Je pense notamment aux structures d’enseignement spécial subventionné de type 5 ou à l’enseignement à domicile. D’autres associations œuvrent aussi dans ce domaine. Par exemple, l’ASBL École à l’Hôpital et à Domicile (EHD) propose gratuitement des services d’enseignement bénévoles tant à l’hôpital qu’à domicile.
Dans cet environnement, Take Off a une particularité, celle d’offrir, à l’aide des nouvelles technologies, le maintien du lien entre l’enfant et sa classe. Il est important de garder un contact, un rythme et des interactions de manière directe et simultanée, car cela contribue au bien-être psychique et psychologique de l’enfant. En étant connecté, il a le sentiment d’être comme les autres.
L’école d’origine est responsable du suivi scolaire des enfants inscrits dans son établissement, en ce compris durant une période d’absence. Or, beaucoup d’établissements ne connaissent pas l’action menée par Take Off, nonobstant des circulaires. Comment soutenir ce type d’action, ce type d’associations à accroître sa visibilité auprès des écoles ? Les services proposés par Take Off peuvent en plus constituer une aide importante pour les écoles d’enseignement spécialisé de type 5 qui travaillent en collaboration avec les écoles d’origine. Des interactions existent-elles ? Savez-vous si de telles écoles font appel à Take Off ? Enfin, si elle est reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles, cette association fonctionne essentiellement grâce à des fonds privés. Pouvez-vous dès lors faire le point sur les aides qui ont déjà été apportées par la Fédération Wallonie-Bruxelles à cette ABSL ?
Réponse de Caroline DESIR, Ministre de l’éducation
La circulaire n° 6853 du 5 octobre 2018 relative à l’enseignement spécialisé de type 5 prévoit explicitement le cas des élèves scolarisés sous certificat médical et devant être pris en charge par un enseignement à l’hôpital ou à domicile. Si l’hospitalisation est de courte durée, c’est-à-dire de quelques jours, l’action pédagogique s’oriente vers des tâches de remédiation ponctuelles, de raisonnement ou de travaux de recherche selon les besoins éducatifs et l’état de santé du jeune.
Si, en revanche, l’hospitalisation, ou la convalescence, dure plus longtemps, c’est-à-dire plusieurs semaines, voire plusieurs mois, la scolarisation s’effectue selon d’autres modalités qui exigent alors une coopération régulière entre l’école de type 5 et celle d’origine afin que les matières enseignées et à étudier soient bien suivies et que la réintégration de l’élève dans son école d’origine s’effectue dans les meilleures conditions. Pour ces élèves, un plan individuel d’apprentissage (PIA) est élaboré en concertation avec les différents acteurs, le jeune lui-même, ses parents, les enseignants, l’école d’origine et le centre psycho-médico-social. Il précise entre autres les objectifs à court et moyen termes que l’élève doit atteindre, les aménagements et aides complémentaires nécessaires ou les modalités de collaboration.
La circulaire reprend les écoles d’enseignement spécialisé de type 5 qui opèrent le plus souvent dans des hôpitaux ainsi qu’une liste de ces associations partenaires. Elle a été élaborée en concertation avec l’Association des pédagogues hospitaliers de la Communauté française de Belgique. J’ai pu constater que l’ASBL Take Off n’est pas reprise pour l’instant dans cette circulaire de référence. Je chargerai donc mes services d’analyser le projet de cette association pour considérer sa possible intégration lors d’une future mise à jour de la circulaire de référence. Toutefois, pour répondre à votre dernière question, Take Off a bien bénéficié d’une subvention annuelle de 5 000 euros depuis 2017.