PW – La lutte contre le harcèlement dans les transports en commun

Le Gouvernement a annoncé vouloir renforcer la lutte contre le harcèlement dans les transports en commun. Quelles actions entend-t-il mener ?

Question orale du 21 janvier 2020 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes

Madame la Ministre, récemment, vous avez annoncé, en collaboration avec votre collègue, ministre de la Mobilité, un renforcement de la lutte contre le harcèlement dans les transports en commun. C’est un sujet que vous connaissez bien puisque, sous la précédente législature, vous aviez été un des fers de lance dans ce dossier, au travers des travaux en lien avec la résolution adoptée par le Parlement.

Cette campagne acte d’une vraie prise de conscience du phénomène et démontre une volonté d’agir, de faire évoluer les mentalités, de sensibiliser les usagers. Le harcèlement sexuel dans l’espace public, ici plus précisément dans les transports en commun, est en effet une réalité quotidienne pour de nombreuses femmes victimes de sifflement ou encore de geste déplacé. Cela ne peut pas être toléré.

Concrètement, l’Opérateur de transport de Wallonie, l’OTW, annonce qu’il libérera, pour une durée d’un mois, une partie des espaces publicitaires disponibles à l’intérieur et à l’extérieur de nombreux bus TEC.

Une compensation financière sera-t-elle versée à l’OTW pour la mise à disposition de ces espaces publicitaires ?

Le même type d’action pourrait-il être mené dans les trains, en concertation avec la SNCB et le Fédéral ?

Outre cette mesure, quelles actions le Gouvernement entend-il renforcer et/ou développer afin d’accroître la lutte contre le harcèlement dans l’espace public ?

Réponse de Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes

Madame la Députée, merci pour l’intérêt que vous portez à cette problématique.


Il y a cinq ans, au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on avait organisé une journée, à l’occasion du 8 mars, autour de la question du harcèlement sur l’espace public à Bruxelles et où l’on avait l’impression de parler d’un sujet qui était complètement tabou, pour certains tout à fait futile, pour un certain nombre de collègues à ce moment-là.

Depuis lors, il y a eu #Metoo, heureusement, en tout cas il est apparu que la parole s’est libérée et que la prise de conscience que l’espace public doit appartenir autant aux femmes qu’aux hommes était un enjeu qui nous paraissait fondamental.

Nous avions donc, avec Mme Bonni à l’époque, organisé une enquête devant les transports en commun, en l’occurrence les bus, pour essayer de voir si l’on pouvait valider des chiffres qui avaient été rendus, notamment dans les métros et dans les trains en France, où l’on expliquait qu’il y avait une très grande prévalence du harcèlement sexiste dans les transports en commun.

Il est apparu que, contrairement aux informations que l’on nous avait données sur le nombre de plaintes, quasi nulles, le phénomène était prégnant. Nous avons alors déposé avec plusieurs parlementaires une proposition de résolution, un certain nombre de collègues de différents partis se sont joints, et nous avions sollicité le ministre des Transports pour essayer de mettre en place des campagnes, notamment dans les TEC. Cela avait été voté par tout le monde, mais cela n’avait pas été réalisé.

À l’occasion de discussions que j’ai eues quand j’ai vu qu’il y avait le lancement du procès Weinstein, j’en ai parlé avec mon collègue M. le Ministre Henry qui s’est montré tout à fait disponible pour faire en sorte que cette résolution devienne une réalité. Il a pris directement les contacts avec l’OTW pour mettre, dans le cadre de ce qui prévu, des possibilités d’occuper une campagne spécifique au TEC.

On n’en est pas plus loin au niveau des modalités. L’heure est à la discussion. Il y a eu un accord du TEC pour le faire.

Je partage votre avis sur le fait que cela pourrait être relayé dans d’autres lieux comme les trains ou comme dans d’autres espaces publics dans l’absolu. C’est une prise de conscience.

Il est aussi relevé que, à la fois cela touche les victimes et les auteurs, mais cela touche aussi tous ceux qui en sont témoins. Cela veut dire que cela fait un paquet de gens qui, globalement, pourront aussi prendre conscience que ce fait est tout sauf anodin et que les pratiques doivent changer. En l’occurrence, le harcèlement sexiste doit disparaître aussi dans les transports en commun, mais dans l’ensemble des espaces en général.

Voilà les informations, je reviendrai vers vous au fur et à mesure de l’évolution du dossier et sur les montants qui seront, le cas échéant, dégagés ou qui seront pris en charge par l’OTW. 

Réplique de Sabine Roberty :

Je pense que Mme la Ministre a même répliqué ce que j’avais envie de dire, je vais donc encore faire plus court. Vous avez mis l’accent sur le fait que cette problématique est l’affaire de tous. Ce n’est pas parce que c’est dans l’air du temps, c’est une problématique d’envergure. Ce n’est donc pas par effet de mode que j’aurais envie de poser plusieurs questions durant cette législature, mais parce que c’est un changement de paradigme complet que l’on doit initier au sein de ce Parlement.