Dans son rapport 2018, Unia attire l’attention sur la nécessité de développer des politiques qui tiennent compte des différents aspects de la diversité dans le secteur des soins de santé et de l’aide aux personnes, qu’il s’agisse des patients, des usagers ou du personnel soignant. Comment les accompagner pour favoriser une meilleure gestion de la diversité ?
Question du 18 février 2020 de Madame Roberty à Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Ministre, dans son rapport 2018, Unia attire l’attention sur la nécessité de développer des politiques qui tiennent compte des différents aspects de la diversité dans le secteur des soins de santé et de l’aide aux personnes, qu’il s’agisse des patients, des usagers ou du personnel soignant.
Les populations sont de plus en plus hétérogènes d’un point de vue culturel, mais cette diversité peut être observée au travers d’autres prismes, tels que l’orientation sexuelle ou le handicap.
Le secteur doit acquérir de nouvelles compétences, pour appréhender l’ensemble des facteurs sociaux et culturels et proposer une offre adaptée à tous les groupes de population, afin d’assurer l’accès à des soins et services de qualité.
Dans son rapport, Unia insistait sur la nécessité de travailler à la formation du personnel soignant. Je ne manquerai pas d’aborder la question à la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais l’accompagnement et la sensibilisation des acteurs sur le terrain est aussi importante.
Avez-vous des retours des acteurs de la santé et de l’aide aux personnes concernant cette problématique bien spécifique ?
Comment les accompagner pour favoriser une meilleure gestion de la diversité ?
Quelle est la position de l’AViQ face à cette question ? Propose-t-elle un accompagnement à ce sujet?
Unia a initié un travail de réflexion avec le secteur et des fiches méthodologiques devraient être disponibles dès 2020 pour accompagner dans la gestion de la diversité. Avez-vous pu prendre connaissance du travail réalisé par Unia ? Quelles en sont les conclusions ?
D’autres initiatives visant à sensibiliser et accompagner le secteur existent-elles en Wallonie ?
Dans les hôpitaux wallons, les médiateurs culturels relevant du Fédéral existent depuis 1999. Quelle est votre position par rapport à l’idée d’étendre la pratique au niveau des institutions qui relèvent de vos compétences, telles que les maisons de repos et les centres pour personnes en situation de handicap?
Réponse de Madame Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Députée, dans notre Déclaration de politique régionale, le Gouvernement accorde une attention toute particulière au respect de la diversité et à la lutte contre toute forme de discrimination. Une approche intersectionnelle des inégalités est privilégiée, que celles-ci soient liées à une forme de racisme, au genre, à l’orientation sexuelle, ou encore à l’origine.
Le Gouvernement s’engage également à mettre en place une approche genrée de la santé depuis la promotion et la prévention jusqu’aux soins.
Comme vous pouvez le comprendre, la diversité au sein de la population wallonne est prise en compte à tous les échelons des politiques que le Gouvernement souhaite mener, a fortiori dans le domaine de la santé et de l’aide aux personnes.
Cependant, si la Wallonie développe des actions spécifiques, elle n’agit pas isolément et les contacts avec Unia ainsi que leurs recommandations sont autant d’opportunités de mettre en place des projets en adéquation avec les réalités multiples de notre population. En l’occurrence, Unia travaille principalement sur l’implémentation des connaissances transculturelles dans la formation en soins infirmiers. Un travail est actuellement mené sur les questions de diversité au sein des maisons de repos à Bruxelles et en Wallonie. Les résultats officiels de ces travaux ne sont pas encore disponibles et je ne manquerai pas d’en prendre connaissance dès que possible.
À chaque projet, chaque nouvelle réglementation en préparation, les administrations et les opérateurs concernés prendront en compte le respect de la diversité dans les actions à mener.
Concrètement, par exemple, au niveau de l’aide à domicile, des formations à destination des travailleurs sociaux, des Services d’aide aux familles et aux aînés et des Centres de coordination des soins et de l’aide à domicile sont financées chaque année par l’AViQ.
Le thème des formations évolue à chaque exercice et des focus liés à la diversité des publics y sont régulièrement proposés.
Au niveau des prestataires de soins, les Associations de santé intégrée, par exemple, dans le cadre de leurs projets de santé communautaire, développent régulièrement des actions sur l’isolement social, la prévention des violences conjugales, le soutien aux personnes victimes d’assuétudes et plus largement sur les inégalités sociales en santé.
En outre, tous les opérateurs en santé peuvent faire appel au Service de traduction et d’interprétariat en milieu social, le SETIS, qui est un outil au service d’une politique publique en matière de cohésion sociale, d’égalité des chances, de lutte contre les discriminations et d’intégration des populations immigrées résidant sur notre territoire.
Enfin, en ce qui concerne l’élargissement du principe des médiateurs interculturels, c’est une idée qui fait son chemin. L’autorité fédérale avait lancé un projet « Médiation interculturelle pour les médecins généralistes » il y a à peu près deux ans. L’objectif, à plus long terme, est de donner la possibilité à un plus grand nombre de médecins généralistes de faire appel aux médiateurs, par exemple via vidéoconférence.
L’AViQ prendra contact avec le SPF Santé publique pour savoir où en est l’évaluation de ce projet qui me semble être une piste de réflexion intéressante dans l’optique d’éventuellement élargir cette pratique aux maisons de repos ou les centres d’hébergement pour les personnes en situation de handicap.
De manière plus large, on ne peut pas passer sous silence les Plans de lutte contre la pauvreté et le Plan de lutte contre les violences faites aux femmes pour lesquels les acteurs de soins de première ligne et d’aide aux personnes sont impliqués parce que, en termes de diversité, on ne peut évidemment pas faire l’économie d’évoquer l’accessibilité aux soins de santé des publics les plus précarisés. C’est vrai aussi dans le cadre de la politique de dépistage de prévention de la santé.
Si cet aspect est transversal à toutes les politiques liées aux soins et à l’aide aux personnes, il n’est pas inutile de rappeler que la Région wallonne soutient sept relais santé : à Liège, Charleroi, Verviers, Tournai, Mons, Namur et La Louvière.
Le premier réseau santé a été créé à Liège en 2004. Ces relais santé, comme leur nom l’indique, aident les personnes en situation précaire à essayer de réintégrer le système de soins existant. De nombreux partenaires sont impliqués : les travailleurs de rue, les dispositifs d’urgence sociale, les hébergements de nuit, et cetera. Les relais santé sont intégrés dans les relais sociaux eux-mêmes directement liés aux Centres publics d’action sociale des communes correspondantes.
On pourrait aussi évoquer les personnes qui ne savent ni lire ni écrire, pour lesquelles la Wallonie développe des actions de formation, mais il est difficile d’être exhaustif au niveau des actions menées par l’ensemble des opérateurs agréés et les administrations concernées en Wallonie sur le sujet de la diversité. Cependant, vous constaterez, de ce qui précède, que le respect de la diversité dans l’ensemble des politiques menées par le Gouvernement est essentiel. À titre personnel, ayant ces compétences au sein du Gouvernement, je me porte garante du respect de cette priorité dans l’ensemble des secteurs dont on m’a confié les responsabilités.
Réplique de Madame Roberty :
Je remercie Mme la Ministre pour ses réponses. En effet, la formation permettra d’améliorer la relation thérapeutique avec les bénéficiaires, mais aussi avec leurs familles, j’en suis certaine.
Quand je vous demandais si vous aviez eu vent d’initiatives un peu particulières, je voudrais revenir sur une initiative qui a été menée il y a près de 10 ans par le CHU de Liège. Comme j’y ai travaillé, je peux en parler deux minutes ; un peu moins, sinon ma réplique serait très longue.
La première barrière à la gestion de la diversité, c’est la langue. Au CHU, nous étions 6 000 à y travailler, maintenant c’est 5 999, et l’on est plusieurs à parler parfaitement, ou un peu moins parfaitement, une deuxième langue. Un appel avait été fait au sein du personnel et l’on était nombreux à s’être manifestés tout à fait positivement et bénévolement, à être rappelable, en salle d’opération ou en salle de consultation, pour aider les médecins à entrer en contact avec les patients et faire office de traducteur en traduction simultanée. C’est quelque chose que les patients et les familles vivaient très bien, parce qu’ils se sentaient en sécurité, ils avaient des explications qu’ils pouvaient comprendre facilement.
La première des choses, c’est cela, c’est la barrière de la langue. Cela réduit les différences que de se savoir entendu, compris et de comprendre ce qui nous est expliqué, surtout quand il s’agit des soins.