La « viande cultivée » est une pratique qui tend à renoncer à l’abattage des animaux en produisant de la viande à partir de cellules animales que l’on fait croître en dehors du corps de l’animal.En termes de protection de l’environnement, quels sont les impacts de ce nouveau mode de production ?
Question écrite de Sabine Roberty du 26 novembre 2019 à Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
En septembre dernier, Gaia présentait son sondage sur la question du bien-être animal en Wallonie. Un des éléments intéressants de ces sondages était notamment le fait que, sur les 1 000 Wallons et Wallonnes interrogés, 53 % considéraient que le développement de la viande cultivée devait être soutenu en Wallonie.
Il s’agit évidemment ici d’un sondage, des précautions quant à la lecture des résultats doivent donc être prises évidemment, mais cela à l’avantage de porter un coup de projecteur sur cette pratique encore très peu connue.
La « viande cultivée » est une pratique qui tend à renoncer à l’abattage des animaux en produisant de la viande à partir de cellules animales que l’on fait croître en dehors du corps de l’animal. Au niveau moléculaire, rien ne distinguerait donc cette viande cultivée d’une viande produite traditionnellement.
Quelle est la position de Madame la Ministre en tant que Ministre du Bien-être animal sur le développement de cette technique ?
En termes de protection de l’environnement, quels sont les impacts de ce nouveau mode de production ?
Réponse du 18 mai 2020 de Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
De nombreux questionnements touchent aujourd’hui le secteur de l’élevage, notamment concernant la santé, l’environnement et le bien-être animal. Dès lors, la Ministre peut comprendre l’intérêt de certaines associations pour la « viande cultivée » et, de manière plus générale, l’agriculture cellulaire.
Sur le plan de l’alimentation selon l’angle de l’agriculture, la volonté du Gouvernement est de soutenir un modèle agricole familial, privilégier les productions locales de qualité différenciée ainsi que les circuits courts. Ce modèle répond notamment eux enjeux écologiques. Les animaux sont en effet un maillon essentiel à l’entretien de nos paysages herbagers, et les prairies sont des puits de carbone qui absorbent le CO2 et donc limitent le réchauffement climatique.
Initialement, le coût environnemental de la viande cultivée avait été estimé plus faible que la viande « naturelle ». Cependant les études les plus récentes suggèrent que son impact environnemental pourrait être supérieur sur le long terme à celui de l’élevage en prenant en considération non seulement la nature des gaz émis, mais aussi le coût énergétique des infrastructures nécessaires aux cultures cellulaires. En effet, l’animal dispose d’un système immunitaire le protégeant contre les infections, ce qui n’est pas le cas des cultures cellulaires. Il est donc indispensable que les cultures soient réalisées dans des conditions de haute stérilité, très consommatrices d’énergie pour la stérilisation et de plastiques à usage unique.
Au niveau sanitaire, la viande cultivée pose également question. Pour obtenir en quelques semaines in vitro ce que l’animal met plusieurs mois à fabriquer, il faut stimuler de manière continue la prolifération des cellules par des facteurs de croissance, dont des hormones sexuelles anabolisantes. En Europe, l’usage d’hormones de croissance en agriculture est interdit depuis 1981. La culture cellulaire nécessite également des antibiotiques et des fongicides.
Enfin, pour être commercialisée, la définition même de la viande devrait être modifiée au niveau européen. En effet, selon la réglementation européenne, la viande désigne les parties comestibles de certains animaux terrestres, y compris le sang. La viande cultivée ne répond pas à cette définition.