Question orale du 9 juin 2020 de Sabine ROBERTY à Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes
Durant le mois d’avril et avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les associations d’archivistes ont lancé une belle initiative, intitulée «Archives de quarantaine». Ce projet consiste à collecter et centraliser l’ensemble des sources témoignant de la crise historique que nous vivons actuellement. Ainsi, un appel a été lancé aux citoyens, aux archivistes, aux soignants ou encore aux chercheurs en vue de recueillir des documents, des études, des analyses et des articles de fond. Ces documents méritent en effet d’être sauvegardés pour témoigner de cette période. Mon groupe et moi-même nous réjouissons de l’existence de ce projet, qui nous rappelle que l’Histoire s’écrit chaque jour et que nous en sommes non seulement les acteurs, mais aussi les relais pour la transmettre aux générations futures. Madame la Ministre, ce projet fait-il l’objet d’une promotion auprès de la population? Un peu plus d’un mois après son lancement, diriez-vous que cette initiative rencontre un certain succès? Les témoignages reçus sont-ils nombreux? Toutes les sources sont-elles acceptées ou existe-t-il un format privilégié? Le type de sources retenues est-il laissé à l’appréciation des différents intermédiaires ou y-a-t-il une ligne directrice, des critères de recevabilité? La Fédération Wallonie-Bruxelles a-t-elle fourni aux archivistes des outils pour mener à bien cette mission? La population est-elle libre de proposer et déposer des sources dont l’auteur est une tierce personne et, le cas échéant, un accord écrit de l’auteur doit-il être expressément fourni? Comment pouvons-nous articuler cette initiative avec le droit à l’anonymat, notamment pour les enfants?
Réponse de Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
Je salue l’initiative de l’Association des archivistes francophones de Belgique (AAFB) qui, à l’instar de nombreuses autres fédérations culturelles, se mobilise de manière proactive. Le projet «Archives de quarantaine», que j’ai partagé sur les réseaux sociaux et qui a obtenu une belle couverture médiatique, nous permettra dans les années à venir de garder le souvenir de cette période si particulière. Il s’agit d’une initiative qui transcende le secteur et permet aussi bien aux citoyens qu’aux professionnels de la culture de participer à une aventure collective. Il est primordial de continuer à mettre en lumière ce type de démarche fédératrice. Ce projet en particulier ne fait pas l’objet d’un soutien financier direct de la Fédération Wallonie-Bruxelles, même si l’AAFB et les centres d’archives privés associés sont, eux, soutenus par la Fédération. En termes de communication et de valorisation de cette initiative, les associations à l’origine du projet en ont fait la promotion dans la presse, sur les réseaux sociaux et sur leurs sites web respectifs. Mon administration a également partagé cette information sur le site www.culture.be ainsi que sur la page Facebook et le site internet de la direction du patrimoine culturel. Les opérateurs culturels qui y prennent part transmettent également ces informations. La Fédération Wallonie-Bruxelles n’est associée ni à l’organisation ni à la mise en œuvre pratique de cette initiative strictement privée. Notons toutefois que parmi les organismes associés à ce projet figurent des antennes des Archives générales du Royaume, des archives de pouvoirs locaux et des centres d’archives reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont l’Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale (IHOES), le Centre d’animation et de recherche en histoire ouvrière et populaire (CARHOP) et l’ASBL Etopia. Le site internet relatif au projet est particulièrement complet; toute personne ou association qui souhaite contribuer à la constitution d’un corpus d’archives sur la quarantaine y trouvera les réponses à ses principales questions. Un certain recul sera nécessaire pour évaluer les effets de cette opération, dont je suppose qu’ils figureront dans le bilan d’activités que l’AAFB remettra au ministère comme justificatif à son soutien. Enfin, je lirai avec attention la carte blanche que le secteur des archives m’a adressée ce matin à l’occasion de la Journée internationale des archives; je tiens en tout cas à me montrer rassurante quant au fait que la révision du décret fait bien partie des axes de la Déclaration de politique communautaire (DPC). Une première réunion de travail est d’ailleurs déjà prévue entre mon cabinet et l’AAFB.
Réplique de Sabine ROBERTY.
Madame la Ministre, je sais que nous voudrions tous oublier cette crise le plus vite possible. Malheureusement, il ne suffit pas d’ignorer l’Histoire pour l’effacer. J’ai beaucoup apprécié les termes que vous avez employés pour parler de ce projet, notamment lorsque vous évoquez les notions de démarche fédératrice et d’aventure collective. N’ayant pas encore eu l’occasion de lire la carte blanche que vous avez mentionnée, je me réjouis d’avance d’en découvrir le contenu. Je me réjouis aussi du fait que cette initiative s’insère dans le mouvement international lancé par l’UNESCO et le Conseil international des archives; c’est là une belle vision de la gestion de la crise.