Question
orale du 14 septembre 2021 de Sabine ROBERTY à Caroline DESIR, Ministre de l’Education
Au
fil du temps, les mœurs évoluent et le voile se lève de plus en plus sur des
questions autrefois taboues. C’est le cas notamment de la transidentité chez
l’enfant. Ce n’est pas la première fois que j’aborde cette thématique avec
vous. En 2013, le Conseil de l’Europe rapportait qu’un enfant sur 500 serait
transgenre. Certains enfants ont aussi une identité dite fluide et ont donc le
sentiment d’appartenir alternativement au sexe féminin et masculin, ou au deux.
La recherche de l’identité de genre commence très tôt chez l’enfant. Les
adultes doivent donc être attentifs à la manière dont ils réagissent lorsqu’un
enfant transgenre s’ouvre concernant son identité de genre qui diffère du genre
assigné à la naissance. Or, cela nécessite déjà une certaine ouverture d’esprit
et une information suffisante sur les transidentités, une thématique encore
trop peu connue. C’est d’autant plus important que ces enfants sont souvent
victimes de harcèlement scolaire, d’agressions verbales, physiques ou sexuelles
et de pensées suicidaires. En outre, selon Erik Schneider, co-fondateur de
l’ASBL Intersex & Transgender Luxembourg, les corrections sociales des
enfants qui dérogent aux normes de genre débutent dès la petite enfance et
proviennent notamment du corps enseignant. Les enfants passent beaucoup de temps
à l’école. Ils s’y découvrent, s’y construisent, y créent des liens. On imagine
peu ou pas à quel point l’école peut participer à la reproduction des
stéréotypes de genre. Chez nous, Madame la Ministre, comment l’école
entend-elle accompagner et assister les parents d’enfants transgenres ? Dans
quelle mesure les écoles sont-elles capables, d’un point de vue pratique, de
s’adapter aux enfants en transition, que ce soit du point de vue des toilettes,
des cours d’éducation sportive ou de diverses activités ? En Gironde, une école
a entrepris des travaux dans la cour de récréation, un espace généralement très
sexué, afin que tous et toutes puissent se l’approprier. Certes, la Gironde,
c’est loin, mais l’exemple est beau. Dans le cadre d’une question portant sur
l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), je vous
avais interrogée au sujet des enfants transgenres. Vous aviez alors indiqué
qu’une rencontre avec l’ASBL Transkids devait avoir lieu. Si je ne me trompe,
c’est aujourd’hui chose faite. Les représentants de l’ASBL vous auraient
proposé de travailler à l’élaboration d’un guide d’accompagnement aux
transidentités destiné aux professionnels de l’éducation et à la création
d’outils de sensibilisation, tels que des podcasts et des formations.
Comptez-vous collaborer en ce sens ? Qu’en sera-t-il concrètement ? D’autres
actions sont-elles prévues pour accompagner au mieux ces enfants en milieu
scolaire durant leur transition ? L’ASBL Transkids propose également des
actions de sensibilisation et de supervision des professionnels de l’enfance,
dans les écoles et les centres psycho-médico-sociaux (PMS), sur les thématiques
en lien avec les transidentités chez les jeunes. Comptez-vous encourager les
écoles à en faire la demande ? Nul besoin de rappeler que les enfants
d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Le respect et l’acceptation de
l’autre dans sa différence passent inévitablement par l’éducation. Je ne doute
pas de votre intérêt pour ce sujet et de votre investissement.
Réponse
de Caroline DESIR, Ministre de l’Education
Il
n’est plus possible de faire l’impasse sur l’accompagnement des enfants
transgenres et de leurs parents. Dans le cadre de mes compétences, j’ai été
contactée par l’association Transkids dont la mission est de soutenir et
d’informer les enfants transgenres et leurs parents et de sensibiliser et de
former les professionnels de l’enfance. Je compte outiller les fédérations, les
pouvoirs organisateurs et les directions d’école en mettant à leur disposition
des ressources sérieuses et complètes pour accompagner les établissements
scolaires dans la gestion des situations que rencontrent ces élèves
transgenres, qui ont besoin d’être soutenus, entendus et reconnus. De même, il
conviendra de diffuser ces ressources et de les faire connaître. Le projet sera
développé au cours de cette année scolaire et devra voir le jour lors de la
prochaine rentrée scolaire.
Réplique
de Sabine ROBERTY
Je
vous remercie pour vos réponses, Madame la Ministre. Je n’hésiterai pas à
suivre les avancées dans ce dossier qui me tient à cœur.
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