Que met en place le Gouvernement de la FWB pour augmenter la visibilité du sport féminin dans nos médias ?
Question écrite de Sabine Roberty du 08/02/22 à Bénédicte Linard, Ministre des médias et des droits des femmes
Le 24 janvier dernier avait lieu la Journée interna[1]tionale du sport féminin, qui vise à lutter contre les stéréotypes, à encourager, à médiatiser et à augmenter la visibilité de la pratique du sport au féminin. À cette occasion, nous avons d’ailleurs pu assister, dans notre hémicycle, à la re[1]mise du Prix pour la promotion du sport féminin. Ce prix a salué le travail de Flore Hastir à l’origine du projet «Be a TriGirl». Je l’en félicite à nouveau.
Cette journée est née du triste constat, en 2014, de la sous-médiatisation du sport féminin. Aujourd’hui, si l’on observe une petite évolution dans quelques médias, dans certains sports cependant, les équipes masculines et féminines bénéficient encore d’un traitement médiatique bien différent. Il est pourtant fondamental de donner une réelle visibilité à la pratique du sport féminin. Celui-ci ne devrait pas être relayé au second plan dans les médias. D’après une étude réalisée en 2019 par l’Association des journalistes professionnels (AJP) sur l’égalité et la diversité dans la presse quotidienne, les femmes re[1]présentaient alors seulement 6 % des pages sportives.
Madame la Ministre, disposez-vous d’autres données qui nous permettraient de mieux appréhender la situation et de dresser un état des lieux du traitement médiatique de la pratique du sport féminin en Fédération Wallonie-Bruxelles? Comment favorisez-vous une meilleure visibilité du sport féminin dans les médias? Quelles collaborations mettez-vous en œuvre avec les services de la ministre des Sports?
En septembre dernier, vous évoquiez la possibilité d’agir dans le cadre des aides à la presse écrite, en respectant bien entendu la liberté éditoriale des journaux. Qu’en est-il de cette réflexion? Nous pouvons tout de même nous réjouir des avancées engrangées par la RTBF pour une meilleure valorisation du sport féminin, notamment avec la diffusion des matchs de notre équipe féminine de football, les Red Flames.
Pouvez-vous faire le point sur les avancées et les priorités sur lesquelles vous avez pu travailler dans le cadre des discussions relatives aux nouvelles conventions des médias de proximité et des perspectives du renouvellement du contrat de gestion de la RTBF?
Réponse de la ministre
Madame la Députée, en effet, le sport féminin manque encore cruellement de visibilité, malgré les avancées constatées ces dernières années, en particulier dans le chef du média de service public. Vous citez l’exemple des Red Flames, mais je soulignerai également la volonté de diffuser plus de courses cyclistes féminines. De même, lors des derniers Jeux olympiques de Tokyo, la RTBF s’est engagée à diffuser autant de compétitions féminines que masculines.
Les dernières données dont je dispose sont les mêmes que les vôtres. Elles sont issues de l’enquête de l’AJP sur la médiatisation du sport féminin. Médiatiser ce dernier est un rouage essentiel pour le développer. Renforcer la médiatisation permet de lutter contre les stéréotypes de genre, qui réserveraient certains sports aux garçons ou aux filles, de mettre en lumière les inégalités, y compris salariales, entre sportifs et sportives, mais aussi d’augmenter les moyens alloués au sport féminin. C’est pourquoi le Plan « Droits des femmes » adopté par le gouvernement prévoit des mesures spécifiques impliquant les médias audiovisuels, et en particulier les médias publics, parmi les mesures visant à promouvoir la féminisation des sports. 7
Les nouvelles conventions des médias de proximité intègrent désormais, pour la première fois, des mesures relatives à l’égalité et à la diversité. Ces mesures impliquent notamment que les médias de proximité accordent une attention particulière aux sports féminins.
Les travaux relatifs au contrat de gestion de la RTBF viennent de démarrer. Je compte renforcer l’ensemble des aspects relatifs à l’égalité des genres et assurer que le média de service public poursuive et améliore la visibilité des sportives et des compétitions de femmes. Les travaux relatifs à la réforme des aides à la presse commenceront d’ici quelques mois. L’égalité et la diversité seront évidemment un point d’attention.
Réplique de la députée
Madame la Ministre, je salue l’importance d’avoir des données pour mieux objectiver et appréhender la problématique.
J’espère qu’un jour, on ne parlera plus de sport féminin. En effet, ce faisant, on sexualise le sport en distinguant une catégorie pour les hommes et une autre – en l’occurrence une sous-catégorie – pour les femmes. Je préfère parler de «sport au féminin» ou de «pratique féminine du sport». Ainsi, on peut peut-être moins sexualiser ce domaine et éviter de s’emprisonner dans des pensées sexistes. Je me réjouis de votre engagement.