Depuis plusieurs années, l’ULiège souhaite rénover ses façades bicentenaires de la place du Vingt-août mais plusieurs obstacles ralentissent le projet. Qu’en est-il ?
Question écrite de Sabine Roberty du 29/07/22 à Valérie De Bue, Ministre de la sécurité routière
Depuis plusieurs années, l’ULiège souhaite rénover ses façades bicentenaires de la place du Vingt-août.
Cependant, malgré un budget solide, ce dossier traîne, notamment suite aux exigences de la Commission royale des monuments, sites et fouilles. En effet, les façades étant classées, leur rénovation devrait se refaire quasiment à l’identique ce qui complique fortement la tâche et augmente substantiellement le prix des travaux. Pourtant, une rénovation est vraiment indispensable, d’un point de vue visuel, mais aussi pour des raisons de sécurité – des palissades ont même dû être placées pour protéger les passants.
Bien évidemment, nous comprenons tout à fait l’importance de préserver la valeur patrimoniale d’un tel bien. La rénovation ne doit pas se faire sans garde-fous, mais cependant, certaines des exigences de la Commission royale des monuments, sites et fouilles surprennent.
J’évoquerai par exemple le cas des châssis en bois qui devraient être restaurés à l’identique et sans pouvoir procéder au placement d’un double vitrage dont la pose aurait pourtant un réel impact économique, mais aussi écologique.
Madame la Ministre peut-elle revenir sur ce dossier ? A-t-elle eu des échanges avec l’ULiège et la Commission royale des monuments, sites et fouilles à ce sujet ?
Des pistes sont-elles envisagées pour permettre la rénovation de ces façades tout en préservant la valeur patrimoniale du bien ?
Réponse de la ministre du 26/08/22
Il est exact que l’Université ambitionne de restaurer les façades de la place du XX août depuis de nombreuses années. C’est par ailleurs ce projet qui est à l’origine d’une récente demande d’extension de classement des façades qui longent la place. Le retard dans l’avancée des travaux dont il est fait référence ne peut être uniquement imputé à d’éventuelles lenteurs administratives ou à des exigences jugées démesurées.
En effet, pour des raisons budgétaires propres à l’Université, seule la restauration des maçonneries de l’avant-corps a été introduite en 2015, avec un chantier réalisé dans la foulée en parfaite collaboration avec l’Administration du Patrimoine. La restauration des maçonneries des deux ailes a, quant à elle, été introduite par l’ULiège en décembre 2020, soit plus de cinq ans plus tard. La portée des travaux n’appelait pas de questionnements particuliers. Il s’est cependant encore écoulé un an avant que le dossier d’exécution soit communiqué pour analyse à l’Agence wallonne du patrimoine. Il en est de même pour la restauration de la toiture dont la demande date également de décembre 2020 et pour laquelle aucun document d’exécution n’a été communiqué à ce jour.
J’ai bien connaissance du questionnement soulevé par l’Université de Liège à propos de la problématique budgétaire liée à la restauration projetée des châssis. Pour rappel, c’est l’Agence wallonne du Patrimoine qui est la seule autorité compétente pour déterminer la valeur patrimoniale d’un bien, en éclairant son analyse par les avis rendus par la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles.
En ce qui concerne la prise en compte des aspects énergétiques, il est vrai que la restauration de châssis – si l’état sanitaire le permet – est d’office privilégiée par rapport à un remplacement. Des discussions entre l’Agence et l’Université sont en cours à ce sujet. Afin de se prononcer sur la valeur de ces châssis et sur leur restauration éventuelle, l’AWaP a réalisé une analyse sanitaire complète des châssis de la Place du XX août. Cette étude montre que les pathologies rencontrées sont très majoritairement causées par une carence d’entretien et par des modifications techniquement inadaptées. Elle conclut au caractère parfaitement restaurable et améliorable d’une écrasante majorité des châssis, conclusion confirmée également par un menuisier spécialisé en restauration, mandaté par l’Université elle-même.
Le projet initial de l’ULiège visait à un remplacement complet des châssis d’origine par des châssis en aluminium. Ces travaux impliquaient en sus un enlèvement de toutes les structures (châssis, faux plafonds…) ainsi qu’un replafonnage des baies. Les coûts globaux ne sont pas subsidiables, étant donné que les châssis actuels sont restaurables. Au contraire, l’Administration a proposé une solution permettant de restaurer au cas par cas les châssis en les démontant et en les replaçant, le tout étant subsidiable.
Par rapport à la problématique énergétique, je tiens à souligner que l’amélioration thermique de la baie peut être obtenue de deux manières : avec le remplacement par un vitrage plus performant ou avec la pose de doublures adaptées (75 % des fenêtres de l’ULiège en possèdent déjà une). Plusieurs types de vitrage adaptés aux « monuments historiques » ont été mis sur le marché depuis une dizaine d’années. Ils sont conçus pour rester peu épais (et donc s’insérer dans des profilés de faible épaisseur) tout en ayant des performances thermiques meilleures qu’un simple vitrage. Il est également possible d’envisager la pose d’un double vitrage peu épais en ajoutant une parclose sur la face intérieure des ouvrants.
Toutes ces pistes illustrent donc à l’envi qu’il est tout à fait envisageable de procéder à une restauration d’un bien en conciliant les préoccupations énergétiques et patrimoniales.
Source : Site du Parlement de Wallonie
Source : Site du Parlement de Wallonie