Une forte augmentation des demandes d’aides alimentaires est enregistrée et les banques alimentaires craignent de ne pas pouvoir y faire face. Quelles dispositions sont prises en Wallonie pour les soutenir ?
Question orale de Sabine Roberty du 31/05/22 à Christie Morreale, Ministre de l’action sociale
Madame la Ministre, dernièrement, avec la publication de son bilan 2021, la Fédération belge des banques alimentaires avait tiré la sonnette d’alarme. En effet, les acteurs du secteur ont mis en évidence une forte augmentation de la demande d’aide alimentaire durant l’année écoulée. Cette augmentation est notamment due à la crise sanitaire et à ses conséquences économiques, mais ils soulignent également une forte concentration de cette augmentation dans les derniers mois de l’année 2021, en lien avec la hausse significative des prix de l’énergie.
Alors que les demandes ne cessent d’augmenter, le secteur déplore une diminution des dons et craint une future pénurie.
La Wallonie est compétente pour l’aide alimentaire en ce qui concerne l’agrément et le subventionnement des épiceries et des restaurants sociaux et elle soutient la Fédération des services sociaux. La Région est, par ailleurs, déjà intervenue à plusieurs reprises pour faire face à l’augmentation de la demande en aide alimentaire depuis le début de la crise, notamment au travers d’appels à projets.
Avez-vous déjà pris des dispositions pour soutenir les associations face à cette augmentation de demandes en aide alimentaire dans vos compétences ? Sinon, pourquoi ? Que mettez-vous en place pour renforcer les effectifs des épiceries et restaurants sociaux ? Avez-vous initié une concertation avec la fédération des services sociaux et avec le secteur pour établir clairement les besoins du secteur ?
Réponde de la ministre :
Madame la Députée, c’est en ma qualité de ministre de l’Action sociale que je suis compétente pour l’agrément et le subventionnement des épiceries et restaurants sociaux. Je poursuis le développement de ce secteur en soutenant aussi la Fédération des services sociaux, qui est un organisme de concertation de l’aide alimentaire agréé et subventionné. Si l’on veut soutenir les acteurs de terrain, cette fédération va développer des projets, des formations et une expertise, en particulier dans le domaine du droit à l’alimentation.
Depuis plus de 10 ans, la fédération fait le lien entre les acteurs qui traitent de la logistique, comme les banques alimentaires, Soli-Food, la Bourse aux dons, les plateformes de collecte et de distribution et les acteurs qui distribuent des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, comme les épiceries sociales, les restaurants sociaux et les structures qui confectionnent des colis alimentaires.
La Concertation aide alimentaire travaille aussi avec des acteurs de terrain pour développer des projets dont l’objectif est de renforcer l’accès aux droits des personnes vivant en situation de précarité.
Nous consultons très régulièrement la fédération pour évaluer les besoins et leur évolution, en particulier dans le cadre des crises que l’on a connues ces trois dernières années. Cela a été encore le cas dernièrement en raison de l’accueil des ressortissants ukrainiens.
En outre, la fédération a relancé en février dernier des ateliers-répits, dont l’objectif double est le soutien au développement de nouvelles épiceries sociales et d’adapter des épiceries sociales existantes. Ces ateliers sont organisés tous les deux mois et abordent la réponse à l’augmentation des besoins des personnes, des approvisionnements disponibles. Ils s’assurent également de la complémentarité avec les colis alimentaires et de la constitution de l’équipe nécessaire à la bonne gestion d’une épicerie sociale.
Des enquêtes sont aussi envoyées régulièrement aux opérateurs de l’aide alimentaire pour évaluer l’impact des différentes crises. Il est d’ailleurs prévu que je rencontre la fédération prochainement concernant les résultats de l’enquête qui a été envoyée aux organisations wallonnes pour mesurer les conséquences de l’arrivée des ressortissants ukrainiens au niveau de l’aide alimentaire.
Il n’est pas exclu qu’un nouvel appel à projets puisse être lancé pour faire face à l’augmentation de la demande, qui s’explique en partie par le chevauchement des crises : la crise sanitaire, les inondations pour plusieurs dizaines de milliers de personnes et la crise ukrainienne, avec l’augmentation des prix et l’inflation à laquelle les citoyens doivent faire face aujourd’hui.
Réplique de la députée :
Je me réjouis que vous puissiez rencontrer la Fédération belge des banques alimentaires prochainement, ce qui permettra de parler de la crise ukrainienne et de remettre en perspective les crises qui se sont succédé sans relâche sur notre territoire wallon
Source : Site du Parlement de Wallonie, Compte rendu de la réunion de la Commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du 31 mai 2022