Question orale du 11 octobre 2022 de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
Le 3 octobre dernier a débuté la nouvelle édition de l’opération « Ouvrir mon quotidien ». Depuis de nombreuses années, elle permet aux jeunes de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire de recevoir durant deux semaines tous les titres de la presse quotidienne francophone. Ils peuvent alors lire le journal en classe, ce qui leur permet de se confronter à l’actualité, au traitement de l’information et de développer leur esprit critique.
Si l’action est toujours aussi pertinente, son évaluation et son éventuelle évolution pour inclure les versions numériques des quotidiens le sont tout autant alors que nous nous informons de plus en plus grâce aux smartphones et aux ordinateurs. L’actualisation de l’opération au regard de notre réalité numérique était par ailleurs reprise dans le plan « Éducation aux médias ».
Madame la Ministre, pouvez-vous revenir sur cette édition de la rentrée 2022 ? Alors que l’engouement pour l’opération avait diminué avec la crise sanitaire, qu’en est-il aujourd’hui ? Les établissements scolaires étaient-ils au rendez-vous ? Qu’en est-il de l’ouverture de l’action aux journaux numériques ? Vous aviez prévu 100 000 euros pour organiser une première édition d’« Ouvrir mon quotidien numérique » qui concernait 50 classes.
Sur son site internet, Lapresse.be annonce déjà l’opération, mais précise que les modalités ne sont pas encore fixées. Pouvez-vous nous dire quand ce projet pilote sera lancé ? Comment les classes participantes seront-elles sélectionnées ? Des mécanismes sont-ils prévus afin d’assurer l’accessibilité aux publics les plus larges possibles et en particulier aux établissements dans les zones à indice socioéconomique faible ?
Enfin, le plan « Éducation aux médias » prévoit également d’évaluer l’opportunité d’ouvrir l’action à la presse magazine, à l’enseignement supérieur, voire à d’autres secteurs. Qu’en est-il de l’analyse de ces possibles élargissements ?
Réponse de Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
Dès le début de mon mandat, j’ai annoncé ma volonté d’agir pour soutenir le journalisme de qualité en phase avec la société dans laquelle nous vivons. La réforme des aides à la presse constitue un des leviers pour y arriver.
Néanmoins, tout aussi importants pour assurer le pluralisme du paysage médiatique et un journalisme de qualité, d’autres chantiers nous ont mobilisés, mon équipe et moi, jusqu’ici. Je songe notamment aux conventions des médias de proximité, qui devaient être conclues pour le 1er janvier 2022 ou aux travaux actuels du contrat de gestion de la RTBF. La réforme des aides à la presse quotidienne et l’analyse des aides à la presse périodique non commerciale vont être lancées dans la foulée. Par conséquent, le dialogue avec la Commission européenne n’a logiquement pas encore commencé. Des premiers contacts, plutôt informels, ont déjà eu lieu avec différents opérateurs du secteur. Ils sont amenés à s’intensifier dans les premiers mois de 2023.
Comme vous l’avez relevé, Monsieur Maroy, je n’envisage en effet pas de mener des réformes sans une concertation avec les principaux opérateurs concernés.
La revue des dépenses et les aides à la presse, puisque vous avez également posé la question, s’inscrivent dans l’idée de réforme de la ligne que je viens d’évoquer. Nous pourrons de la sorte mesurer l’efficience de cette politique et nous examinerons si elle doit, le cas échéant, être revue et comment.
Tout comme vous, Madame la Députée, Monsieur le Député, je me réjouis de la reprise de l’opération «Ouvrir mon quotidien» pour une nouvelle année scolaire. Il est en effet très important que les élèves puissent se familiariser avec l’information et les médias, et de les utiliser lors des cours.
Comme chaque année, l’opération a débuté par la «Quinzaine découverte de la presse», du lundi 3 au vendredi 14 octobre. Pendant cette période, toutes les écoles primaires et secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles reçoivent gratuitement l’ensemble des quotidiens afin de permettre aux enseignants et aux élèves de découvrir tout le potentiel de l’utilisation de la presse en classe.
Les établissements peuvent ensuite s’inscrire à l’opération «Ouvrir mon quotidien» pour continuer à recevoir ces titres ou deux d’entre eux, au choix, pour les écoles primaires au profit de leurs classes de sixième pendant toute l’année scolaire, hors congés scolaires. Cette inscription est gratuite et peut se faire par le site www.lapresse.be. Elle est proposée à tous les établissements d’enseignements primaire et secondaire, pour toutes les formes d’enseignement, tous réseaux confondus.
Les inscriptions ne sont pas encore closes. Pour le moment, il est donc difficile de faire des comparaisons. À titre d’information, 3 531 écoles fondamentales et secondaires ont participé à la «Quinzaine découverte de la presse» en 2021. Pas moins de 708 établissements primaires et 594 établissements secondaires se sont inscrits à l’opération «Ouvrir mon quotidien» en 2021-2022, ce sont des chiffres stables par rapport à l’année précédente.
Durant la deuxième partie de l’année scolaire 2021-2022, un projet pilote a été lancé pour mettre à la disposition des écoles les versions numériques des journaux. Il doit encore faire l’objet d’une analyse approfondie, mais les premiers éléments montrent que le système fonctionne et suscite l’intérêt. Pour qu’il soit vraiment efficace, il devrait être couplé aux phases d’«Ouvrir mon quotidien» papier.
Ces enseignements seront certainement utiles à l’évaluation des opérations d’éducation aux médias prévue dans le plan adopté par le gouvernement. L’administration a été chargée de mener cette évaluation. Elle sera le prélude logique à la révision du décret du 5 juin 2008 portant création du Conseil supérieur de l’Éducation aux Médias et assurant le développement d’initiatives et de moyens particuliers en la matière en Communauté française. Cette révision est prévue par le plan déjà cité. Je compte également la mener en 2023.
Réplique de Sabine Roberty.
En effet, Madame la Ministre, faire venir la presse en classe est vraiment une porte d’entrée pour les enfants. Il est important qu’ils lisent en classe et se fassent aider par les professeurs pour décortiquer une information dont ils ne connaissent pas tous les tenants et aboutissants. Cela permet le dialogue, ainsi que de parler d’un métier parfois un peu mal compris par les parents, ce qui peut donner lieu à d’autres échanges à la maison. Il est donc vraiment important de soutenir les opérations de ce type.
Vous dites vous-même que vous êtes également très intéressée par le sujet et je connais le combat que vous menez. Il faut évidemment rappeler que l’opération est gratuite pour les écoles.
Cela prend du temps de décortiquer l’information, mais c’est vraiment essentiel et fondamental pour l’avenir de nos enfants. Je reviendrai vers vous ultérieurement pour voir comment se sont passées l’année scolaire et les inscriptions.
En outre, la version numérique doit effectivement faire l’objet d’une étude plus approfondie. Nous y reviendrons aussi. De toute façon, M. Maroy et moi-même posons chaque année une question sur la presse à l’école. Monsieur Maroy, vous avez justement évoqué l’opération «Journalistes en classe». De mon côté, ma cousine accueille également de manière régulière un journaliste. Il est très important aussi, pour les journalistes qui viennent dans les écoles, de se confronter au regard des enfants et de leur expliquer leur métier.
Crédit photo : Photo de cottonbro: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/costume-jaune-verre-etre-assis-9656754/