Question orale du
26 septembre 2022 de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, vice-présidente du
gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias
et des Droits des femmes.
Depuis quelques années, un
nouveau hashtag sévit sur Instagram : «#fitmom». Les «fit moms» sont des femmes
qui, enceintes de six, sept ou même huit mois, poursuivent une pratique
intensive du sport.
La pratique sportive pendant la
grossesse n’est évidemment pas mauvaise, au contraire ; mais elle requiert une
intensité adaptée à l’avancée de la grossesse et au niveau sportif de la femme
enceinte. Il est important d’en parler à son médecin pour déterminer le type de
sport et le stade de grossesse adéquats pour la maman et pour le bébé.
Le phénomène des «fit moms»
questionne par rapport à la santé de la future maman et du bébé. En effet, une
pratique trop intensive du sport lors de la grossesse peut, par exemple,
conduire à un accouchement prématuré ou à un retard de croissance.
Cela interroge aussi l’image de
soi et le diktat de la minceur à tout prix. Les professionnelles du fitness
sont peu représentatives de la majorité des femmes et, alors qu’il est tout à
fait normal de voir son corps changer et de prendre du poids au cours de la
grossesse, ces images véhiculent un message culpabilisant pour les autres
femmes.
Amplifié par les réseaux sociaux
et le culte du « beau » et de la « perfection », ce phénomène peut conduire à
des pratiques dangereuses pour les futures mères comme pour les bébés.
Madame la Ministre, l’Office de
la naissance et de l’enfance (ONE) a-t-il constaté une augmentation du nombre
de femmes qui, durant leur grossesse, pratiquent un sport d’une manière pouvant
être considérée comme problématique ? En tant que ministre des Médias et de
l’Enfance, jugez-vous qu’il soit nécessaire de sensibiliser la population à
l’importance de prendre du recul par rapport aux images qui leur sont
présentées ?
Réponse de Bénédicte
Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé,
de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
L’ONE ne collecte pas de données
à propos des «fit moms» et n’est donc pas en mesure de remarquer une éventuelle
augmentation du nombre de mamans pratiquant un sport de manière problématique
durant leur grossesse.
L’édition 2021 du «Guide de
consultation prénatale», coédité par l’ONE, précise que, contrairement à des
idées encore répandues qui déconseillent toute activité physique durant la
grossesse, il est largement recommandé, pour les femmes actives, de poursuivre
une activité physique et, pour les femmes inactives physiquement, d’en entamer
une.
Plusieurs recommandations sont
destinées aux futures mamans sportives : poursuivre leur activité physique en
adaptant le type de sport, la fréquence et l’intensité avec l’avancée de la
grossesse. L’ONE sensibilise les autres futures mamans aux bénéfices tant
maternels que fœtaux procurés par l’activité physique afin de les convaincre de
l’intérêt de débuter une activité physique pendant leur grossesse.
Vous avez raison, Madame Roberty,
les injonctions sur le corps des femmes ne s’arrêtent malheureusement pas lors
de la grossesse. Par conséquent, dans leur suivi de grossesse, il est important
que les futures mères puissent aussi recevoir des apaisements concernant le
fait que leur corps est parfait tel qu’il est. L’ONE peut également véhiculer
ce genre de message lors des rencontres organisées avec les futures mamans.
Réplique de
Sabine Roberty.
Je suis heureuse d’apprendre que
l’ONE participe à la sensibilisation de la population à travers son guide de
consultation prénatale.
Certaines femmes enceintes
continuent, avec une intensité et une fréquence qui ne sont pas nécessairement
adaptées, une pratique sportive déjà présente afin de maintenir leur forme
physique. D’autres commencent à faire du sport pendant leur grossesse pour
éviter la prise de poids. C’est contre cette tendance que nous devons lutter en
véhiculant un message de sensibilisation, y compris sur les réseaux sociaux.
À titre d’exemple, Olivia Borlée,
ancienne athlète olympique, résume très bien cette idée en parlant de sa propre
grossesse : «J’ai continué à courir jusqu’à quatre mois de grossesse, puis j’ai
adapté mon activité avec des sports plus doux, que ce soit de la natation, du
vélo… En revanche, ce diktat de la minceur à tout prix, même quand on est
enceinte et qu’on n’accepte pas ses formes, je trouve ça super dangereux et
très malsain.»
Crédit photo : Photo de Yan
Krukov: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/fitness-s-etirer-yoga-ventre-7155353/