Le février c’est la campagne « Tournée minérale » qui vise à sensibiliser à notre consommation d’alcool. Comment le Gouvernement soutient-il cette action ? Quelles autres mesures en Wallonie pour prévenir la sur-consommations de boissons alcoolisées ?
Question orale de Sabine Roberty du 01/02/22 à Christie Morreale, Ministre de la santé
Madame la Ministre, depuis plusieurs années, le mois de février rime avec l’opération « Tournée minérale ». Pour rappel, cette campagne invite à réfléchir sur sa consommation d’alcool et aux effets que l’alcool peut avoir sur notre santé. Le docteur Orban vient par ailleurs de publier un livre dans lequel il dénonce « un tsunami de décès » liés à l’alcool. Selon ce spécialiste reconnu, l’alcool est à considérer comme « un lubrifiant social » dans notre société.
Je profite également de cette question pour évoquer la crise sanitaire et l’impact que celle-ci a pu avoir sur la consommation d’alcool. L’année dernière, il semblait en effet que les services assuétudes constataient une augmentation des nouvelles demandes liées à des problématiques de consommation d’alcool. Vous souligniez à l’époque, quand on vous interrogeait sur le sujet, qu’une augmentation des demandes de soutien des familles pour les jeunes avait été constatée.
Le Gouvernement a décidé de soutenir la campagne « Tournée minérale ». On sait que vous-même vous êtes inscrite dans ce challenge. Pourquoi, à l’instar d’autres questions de santé, n’avez-vous pas créé un plan Alcool ?
Pour lutter contre les consommations problématiques, la prévention et la sensibilisation sont des facteurs cruciaux. Pourquoi le Gouvernement n’a-t-il pas initié une campagne complémentaire à l’opération « Tournée minérale » pour sensibiliser sur les dangers de l’alcoolisme en dehors de février ?
Avez-vous pris en considération dans les actions actuelles une possible prévention davantage ciblée sur les jeunes concertée avec la FWB ?
Enfin, l’année passée, vous confirmiez votre volonté de porter à la CIM Santé la question des publicités liées à l’alcool. Ce point n’a, semble-t-il, pas encore été débattu. Pourquoi n’avez-vous pas déposé ce dossier à la CIM Santé ?
Et puis voilà, la tournée minérale, on y est. C’est aujourd’hui que cela commence. Personnellement, je relève le défi. J’ai vu que vous l’aviez fait, donc je l’avais déjà mentionné. J’avais envie de regarder mes collègues de la commission et de leur demander : qui a envie de me suivre ? Qui me suit de manière tout à fait formelle, ici à la commission ?
Réponse de la ministre
Madame la Députée, effectivement, au-delà du symbole et de l’anecdote, quand on est ministre de la Santé ou quand on est membre de la Commission de la santé, s’engager dans la « Tournée minérale » est aussi une manière de montrer l’exemple. Je vois à vos mines que vous avez aussi envie de vous engager. Que cela soit via le site ou via simplement un engagement moral, on sait quels sont les bienfaits.
Il y a un effet totalement pervers avec l’alcool, c’est l’alcool social. Cela existe malheureusement encore aujourd’hui. Parfois, les gens sont ringards quand ils ne boivent pas, comme si on ne pouvait pas s’amuser parce que l’on ne buvait pas. Comme d’autres, j’ai été marqué dans mon environnement familial par des personnes qui sont tombées dans l’alcoolisme par l’alcoolisme social et j’ai pu, comme plein d’autres belges, voir l’horreur que cela pouvait donner pour la personne qui tombe dans l’alcoolisme, mais aussi pour tout son entourage. Évidemment, je suis particulièrement sensible à cette question.
Cette opération vient à la base de la Fondation contre le cancer et, depuis deux ans, c’est un opérateur wallon de promotion de la santé, l’ASBL Univers Santé, qui pilote la campagne en Belgique francophone. L’ASBL Univers Santé est un acteur incontournable en matière de prévention des problématiques dues à la consommation d’alcool au côté des opérateurs de réduction des risques et des services assuétudes.
En Wallonie, on a augmenté sa subvention à hauteur de 50 000 euros pour soutenir cette initiative cofinancée avec la Cocof, un rendez-vous annuel et une manière parfois simplement d’aborder la question, de pouvoir parler de cet alcoolisme et de la diminution de l’alcool, de ces bienfaits. Ceux et celles qui le font disent dans les évaluations qu’ils ont ressenti de nombreux bienfaits à la fois pendant le mois de février – qui est tout de même le mois le plus court de l’année, par ailleurs- et en disant que les effets peuvent durer bien au-delà puisque, 6 mois après le challenge, on voit que les participants ont diminué jusqu’à 20 % leur consommation d’alcool. Faire une pause dans sa consommation d’alcool, c’est bon aussi bon pour le corps et pour l’esprit. Quand on est au creux de l’hiver, au moment où l’on est le plus fatigué, le plus morose parfois, se passer d’alcool peut aider à diminuer le stress, à mieux dormir, mais aussi à avoir plus d’énergie et normalement les idées plus claires.
Les objectifs de cette campagne sont aussi d’ouvrir la discussion et de sensibiliser aux repères de consommation conseillés pour la santé : 10 unités d’alcool standard par semaine maximum, en ne dépassant pas les 4 unités par occasion et en gardant des jours sans alcool. Ne serait-ce que vous, faites le calcul.
L’élaboration d’un plan alcool est discutée à l’échelon interfédéral. Le groupe de travail de la CIM Santé publique sur cette problématique a bel et bien repris depuis l’été 2020 pour proposer un Plan interfédéral pour lutter contre les effets nocifs de l’alcool.
Le Plan wallon qui devrait être voté demain de sur la Promotion de la santé est aussi une manière de travailler de manière beaucoup plus structurée sur la prévention, qui est devenue une compétence de la Wallonie.
De nombreuses initiatives sont prises, mais de manière assez éparse. Ce décret va permettre d’organiser, de structurer et de fixer des objectifs, notamment sur cette question spécifique. Il y aura donc une articulation entre la Wallonie et l’opérationnalisation au plan interfédéral.
En attendant, j’invite chacun et chacune dans la « Tournée minérale », dès aujourd’hui, à mes côtés, mais aussi de mon cabinet que j’ai invité à rentrer dans le dispositif et à relever le challenge, je l’élargis aux membres de cette commission.
Source : Site du Parlement de Wallonie, Compte-rendu avancé de la commission du 1/02.22 de la Commission de l’action sociale, de la santé et de l’emploi – version non définitive qui n’engage ni le Parlement ni les orateurs.