1 femme sur 10 est touchée par l’endométriose. Nous devons mieux former les professionnels de la santé et mieux sensibiliser à cette maladie gynécologique.
Question orale de Sabine Roberty du 22/03/22 à Christie Morreale, Ministre de la santé
Madame la Ministre, une femme sur 10, c’est le nombre de femmes touchées par l’endométriose. Longtemps restée tabou, cette maladie gynécologique chronique commence à être mieux connue et reconnue. Ce n’est pas la première fois que je vous interroge à ce sujet, tout comme plusieurs de mes collègues au sein de cette commission.
Aujourd’hui, si la parole se libère autour de cette maladie, le temps pour obtenir un diagnostic est encore fort long et peut atteindre 10 ans. Dans de nombreux cas, malgré des symptômes fort présents et parfois très impactant, les femmes apprennent à vivre avec la douleur considérant que, avoir mal pendant ses règles, c’est normal. Il n’y a en fait rien de normal là-dedans.
Après l’Australie, la France s’est récemment dotée d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, soulignant la nécessité de briser le silence pour mieux comprendre la maladie et l’appréhender.
La sensibilisation autour de cette maladie est en effet fondamentale pour permettre une meilleure connaissance et une meilleure prise en charge de celle[1]ci.
D’un autre côté, vivre avec cette maladie dans le monde du travail comporte également de nombreuses difficultés. En parler est difficile et, malgré les certificats, la méconnaissance de la maladie peut influer sur la réaction des employeurs, mais aussi des collègues.
Envisagez-vous de présenter un plan d’action au Gouvernement pour assurer une meilleure information sur cette maladie ? Des mesures ont-elles été prises pour sensibiliser le public cible à cette question ?
L’information et la sensibilisation des professionnels de la première ligne de soins et des centres de planning familial sont également importantes. Comment améliorer celle-ci ? Que mettez-vous en place pour sensibiliser les employeurs à la question ?
Pensez-vous qu’une action au niveau national soit nécessaire ? La CIM Santé devrait-elle s’emparer de la problématique afin de définir une stratégie commune ?
Réponse de la ministre
Madame la Députée, l’endométriose est, en effet, une maladie qui touche de nombreuses femmes et mérite certainement d’être mieux connue.
Le problème relève principalement de la difficulté du diagnostic et moins de la prévention, car il n’y a pas de dépistage standardisé au vu de la diversité de formes sous laquelle cette maladie peut s’exprimer.
Plusieurs actions de sensibilisation sont en place en Wallonie. Tout d’abord, je vous invite à consulter le site infosanté.be, financé en partie par la Région wallonne dans le cadre de ses missions de promotion de la santé et de prévention.
Ce site édité par des médecins généralistes du CEBAM vise à renforcer la littératie en santé des Wallons et des Wallonnes en leur proposant notamment des guides avec des informations scientifiquement validées, ajustées à leur mesure sur divers sujets de santé. S’y trouve notamment un guide adapté au contexte belge francophone et totalement dédié à l’endométriose.
Par ailleurs, la Société scientifique de médecine générale, la SSMG, également financée par la Wallonie pour former les médecins à la prévention notamment, met à disposition sur son site plusieurs publications sur le sujet parues dans la Revue de la médecine générale.
Les centres de planning, acteurs majoritaires de l’EVRAS – Éducation à la vie relationnelle et affective –, élaborent leur travail sur base du guide des contenus de l’EVRAS. Ce guide propose des balises pour aider les acteurs et actrices dans l’élaboration des interventions d’EVRAS. L’endométriose y est bien entendu abordée.
L’endométriose est évidemment un problème de santé spécifique aux femmes que l’on aborde en conférence interministérielle Droits des femmes.
Réplique de la députée
Je remercie Mme la Ministre pour l’ensemble de ses réponses.
C’est un sujet très transversal que l’on évoque également en Fédération Wallonie-Bruxelles et au Fédéral.
Vous avez rappelé toute l’importance de l’EVRAS. C’est une matière que l’on évoque également, de manière très régulière, avec la ministre Caroline Désir en termes d’éducation.
On a parlé de recherches scientifiques. Une start-up française a mis en place un test salivaire qui permettrait un diagnostic beaucoup plus précoce de la maladie. J’espère qu’il pourra aller au-delà de sa naissance et porter ses fruits.
Au niveau du travail, je pense que c’est vraiment quelque chose d’important parce, quand une collègue souffre d’endométriose, le patron ou le responsable ne comprend pas toujours ses absences. Pour lui, ce sont des absences injustifiées, tout comme les collègues, qui n’ont pas conscience des douleurs que leurs collègues qui sont porteuses de la maladie ont.
C’est devenu un enjeu au sein du monde du travail de dire : « Je souffre d’endométriose, j’ai mal et je ne sais pas venir travailler ». C’est un enjeu majeur en termes de travail de conscientiser ce monde, en particulier sur le drame que vivent ces femmes tous les mois.
Source : Site du Parlement de Wallonie, Compte-rendu avancé de la commission du 22.03.22 de la Commission de l’action sociale, de la santé et de l’emploi