Malgré l’existence d’un certain nombre d’actions en Wallonie pour favoriser l’accès au marché du travail aux personnes en situation de handicap, force est de constater que le taux d’emploi de ces personnes pourrait être amélioré. Quelles mesures pour favoriser l’accès à l’emploi ?
Question écrite de Sabine Roberty du 20/04/22 à Christie Morreale, Ministre de l’emploi
Malgré l’existence d’un certain nombre d’actions en Wallonie pour favoriser l’accès au marché du travail aux personnes en situation de handicap, force est de constater que le taux d’emploi de ces personnes pourrait être amélioré.
Parmi les freins, il semble entre autres que les incitants et les aides déjà prévus en Wallonie souffrent encore d’un problème de visibilité auprès des publics cibles. Les notions de primes de compensation ou d’aménagements raisonnables par exemple sont encore trop peu connues des employeurs, mais aussi des personnes en situation de handicap elles-mêmes. Il est important de communiquer vers ces publics cibles, tout comme vers les GRH par exemple ou encore les médecins du travail qui ont aussi un rôle à jouer.
Comment la visibilité des aides existantes est-elle mise en valeur auprès des employeurs et des personnes en situation de handicap ?
En 2022, l’AViQ doit notamment mener une réflexion pour essayer d’apporter une meilleure visibilité au travail effectué dans le domaine. Comment Madame la Ministre organise-t-elle cette réflexion ? A-t-elle déjà été initiée ? Si non, pourquoi ?
Enfin, le projet 264 du Plan de relance est directement destiné à soutenir l’emploi et la formation des personnes en situation de handicap en « amplifiant l’offre de jobcoaching et en transférant de l’AViQ vers le FOREm la formation en centre de formation professionnelle adapté des personnes en situation de handicap ».
Des moyens pour ce projet sont prévus à partir de 2023 et, en novembre dernier, elle nous précisait en être aux premiers contacts entre les différentes administrations. Qu’en est-il de l’avancement de ce dossier ?
Réponse de la ministre du 03/05/22
La visibilité des aides auprès des employeurs et des travailleurs et celle de l’implémentation de dispositifs pour renforcer la lutte contre la discrimination des personnes avec un handicap sur le marché de l’emploi constituent de réelles priorités tant pour mon Département ministériel que pour l’AViQ, chargée de sa mise en œuvre.
À ce titre et afin d’accroître le taux d’emploi trop faible des personnes handicapées et encore trop souvent victimes de discriminations, je note les projets et réalisations suivants dans le chef de l’AViQ :
– Nombreuses et régulières actions d’information et de conseil, tant auprès des personnes handicapées que des entreprises ou des opérateurs d’insertion professionnelle, et ce via son site internet, l’action de ses Bureaux régionaux, son « téléphone vert », ou les Carrefours Emploi Formation-Orientation. Ceci vise à outiller, informer les employeurs et les intermédiaires de l’emploi sur le handicap et sa gestion sur le lieu de travail, démystifier et sensibiliser au handicap ;
– L’enjeu est de « donner envie » aux employeurs, d’employer des personnes handicapées : par la diffusion d’expériences et de bonnes pratiques, par l’organisation d’événements médiatiques tels que par exemple, le DUOday où au cours d’une journée, des duos « travailleur ordinaire/travailleur handicapé » partagent les mêmes activités, ou via des collaborations avec les opérateurs de placement (FOREm et entreprises de travail intérimaire), de gestion des ressources humaines (secrétariats sociaux, services de prévention et de protection …), les organisations représentatives des employeurs et des travailleurs (fédérations patronales, fonds sectoriels, organisations syndicales, et cetera ;
– L’AViQ propose aux demandeurs d’emploi des modules de formation consacrés à « comment parler de mon handicap dans ma recherche d’emploi » ;
– Elle mène des actions de sensibilisation auprès d’entreprises et surtout d’« intermédiaires de l’emploi » (conseillers du FOREm, des agences d’intérim …) ;
– Elle développe des actions qui visent à mettre en contact employeurs et candidats travailleurs : stage de découverte, DUOday ;
– Les jobcoaches du projet pilote de soutien dans l’emploi encadrent des personnes handicapées particulièrement démunies en la matière ;
– Pour contribuer à l’adéquation des situations de travail par rapport aux besoins des travailleurs en situation de handicap, elle met à disposition deux ergonomes qui interviennent en entreprise, en complément aux services de prévention et de protection au travail ;
– Les centres de formation et d’insertion socioprofessionnelle adaptée (CFISPA)proposent des actions de détermination et de validation de projet professionnel, mais aussi de suivi post-formatif visant à aider les stagiaires à décrocher un emploi à l’issue de leur formation.
L’AViQ et, en particulier les CFISPA, contribuent à la réinsertion socioprofessionnelle des personnes reconnues par l’INAMI et de la réintégration des travailleurs en incapacité vers une fonction adaptée au sein de leur entreprise. Ce travail de mise en réseau s’effectue auprès, à la fois des médecins-conseils des organismes assureurs et des services externes de prévention et de protection.
Il s’agit de créer une forme d’automatisme chez ces professionnels de la santé en vue de collaborations précoces avec l’AViQ, à tout le moins l’analyse conjointe des situations professionnelles rendues difficiles en raison de problématiques de santé.
Un autre levier tient à l’information des coordinateurs « retour au travail » qu’a mené tout récemment l’Agence vis-à-vis d’un des plus importants organismes assureurs actif en Région wallonne. Toutes les autres mutualités sont actuellement contactées en vue d’une généralisation de la démarche de sensibilisation à l’offre de service de l’AViQ.
En partenariat étroit avec les syndicats, la formation des délégués et permanents en vue de faciliter le maintien dans l’emploi via les aménagements raisonnables est également visé activement.
J’attire également l’attention sur le fait que l’emploi des personnes handicapées doit être une préoccupation partagée par l’ensemble du Gouvernement et l’ensemble des intervenants. En particulier, les organismes spécialisés que sont le FOREm ou l’IFAPME ont un rôle essentiel à jouer, avant même l’AViQ dont le rôle en la matière est « résiduaire ».
En ce qui concerne le soutien dans l’emploi, la pérennisation des projets en initiative spécifique AViQ, actifs depuis 15 ans déjà, fera l’objet d’un nouveau chapitre spécifique dans le chapitre du Code wallon de l’action sociale et de la santé relatif à l’égalité des chances des personnes handicapées sur le marché de l’emploi passé. Le Gouvernement a adopté à mon initiative un projet d’arrêté en première lecture. Disposant maintenant des différents avis sollicités, ce projet sera prochainement soumis en deuxième lecture au Gouvernement.
Par rapport, plus spécifiquement, au projet soutien dans l’emploi (Projet 264 du PRW), il vise à renforcer l’offre des services actuelle et à l’étendre avec une attention particulière pour les personnes sourdes ou malentendantes et pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Les moyens réservés pour ce projet sont inscrits au budget 2023 du PRW; il en est de même en ce qui concerne le transfert envisagé des CFISPA vers la politique de l’emploi et de la formation.
À ce dernier égard, une réunion est prochainement organisée avec les fédérations patronales du secteur, l’AViQ et mon cabinet afin d’approfondir cette question.
Source : Site du Parlement de Wallonie