Des cas de variole du singe ont été reportés en Belgique. Quelle est la situation ? Quelles dispositions sont prises pour suivre l’évolution ?
Question orale de Sabine Roberty du 31/05/22 à Christie Morreale, Ministre de la santé (Question groupée avec Mesdames les députées Durenne, Vandorpe et Lekane et Monsieur le député Heyvaert)
Madame la Ministre, ce 19 mai, nous apprenions qu’un premier cas de variole du singe avait été confirmé en Belgique. Aujourd’hui, ce sont neuf cas d’infection qui ont été recensés.
Depuis quelques semaines, cette maladie inquiète plusieurs infectiologues puisqu’elle semble se propager d’une nouvelle manière qui n’est pas encore bien cernée par les experts. L’OMS constate en effet une propagation inhabituelle de la maladie et cherche encore à mieux cerner l’étendue et la cause de cette flambée du nombre de cas. Des dizaines de cas ont été recensés un peu partout, notamment en Grande-Bretagne et aux États-Unis début mai, et plus récemment en France puis en Belgique.
Les personnes présentant des fragilités liées à l’âge, les personnes immunodéprimées ou encore les femmes enceintes seraient celles qui courent le risque le plus élevé de développer une forme sévère. Pour rappel, la maladie se traduit par des symptômes similaires à la grippe, avec pour différence les éruptions cutanées.
Il existe deux souches du virus : celle du Congo avec un taux de mortalité pouvant atteindre 10 %, et celle de l’Afrique de l’Ouest avec un taux de létalité d’environ 1 %.
Avec l’apparition de ces cas, l’OMS semblait s’inquiéter plus spécialement de la transmission de la maladie au sein de la communauté homosexuelle et bisexuelle, mais soulignait aussi qu’il est important de ne pas stigmatiser des groupes de personnes. Il est important de le rappeler au sein de cette commission et partout ailleurs.
Quelles sont les mesures mises en place afin de renforcer la surveillance de cette maladie par la Cellule des maladies infectieuses ?
Des avis et analyses du RAG et du RMG ont-ils déjà été sollicités et produits ? Doit-on craindre une nouvelle épidémie ?
C’est la question sous-jacente que bon nombre de personnes se posent. À terme, pensez-vous que des mesures spécifiques doivent être prises afin de protéger les publics les plus fragiles et en particulier les personnes que j’ai citées juste avant ?
Comme nous l’avons évoqué, certaines sources ont rapporté une prévalence de la maladie au sein de la communauté homosexuelle et bisexuelle. Il est très important de ne pas commencer à stigmatiser ces groupes. De quelles informations disposez-vous à ce sujet ? Avez-vous saisi la CIM Santé sur cette question afin de mettre en place des mesures coordonnées sur le territoire belge ?
Comment assurez-vous la sensibilisation des médecins généralistes de première ligne pour qu’ils rapportent les cas suspects et ainsi assurent l’isolement des personnes contaminées ?
Réponde de la ministre :
Mesdames et Monsieur les Députés, nous avons un cas en Wallonie. Ainsi, vous connaissez l’ampleur à ce stade de la variole du singe, qui n’est pas une nouvelle maladie, mais qui est arrivée pour la première fois en Belgique, pour laquelle il existe un traitement qui a été autorisé par l’Agence européenne des médicaments en janvier 2022.
Selon le dernier rapport du Risk Assessment Group du 24 mai, six cas sont confirmés en Belgique dont un en Wallonie. Un cas probable a été testé, il est négatif et il est atteint de la gale. Parmi les cas détectés jusqu’à présent, il s’agit d’hommes ayant eu des relations avec d’autres hommes. L’échelle étant petite, il est difficile d’en tirer des conclusions.
Le premier cas rapporté pourrait être génomiquement lié à l’épidémie au Portugal avec une contamination de son partenaire. Le jour précédant la présentation des symptômes, il a participé à un festival au Portugal. Tous les autres cas identifiés ont également participé à cet événement et le début des symptômes se situe dans la période d’incubation suivant l’événement. D’autres cas peuvent être attendus.
Au niveau européen, des cas ont été signalés dans 10 pays de l’Union : en Autriche, en Belgique, au Danemark, en France, en Allemagne, en Italie, au Portugal, en Espagne, en Suède et aux Pays-Bas. Des cas suspects, mais non encore confirmés, ont été signalés en Argentine, en Australie, au Canada, en Israël, au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Suisse.
La prédominance des cas chez les personnes homosexuelles et bisexuelles ainsi que la nature et le caractère des lésions dans plusieurs cas suggèrent que la transmission s’est faite lors de rapports sexuels. L’évaluation du risque considère qu’il y a un risque élevé de transmission chez les personnes ayant des partenaires sexuels multiples, y compris certains groupes de personnes homosexuelles ou bisexuelles, et un risque très faible dans la population générale plus large. L’ensemble des associations et partenaires actifs auprès de ces publics cibles est régulièrement informé par les inspecteurs régionaux de l’AViQ avec des recommandations spécifiques.
Cependant, le risque individuel pour les très jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées ou immunodéprimées parmi les contacts proches des cas peut être élevé en raison de l’impact plus important de la maladie dans ces groupes et du fait qu’il se transmettrait aussi par contact avec des fluides corporels ou encore des lésions de la peau ou par gouttelettes, même si c’est plus rarement observé.
Il existe également un risque pour les travailleurs de la santé qui s’occupent des cas suspects et des patients, car la transmission au personnel soignant a été documentée dans le passé. L’ECDC a estimé que le risque de transmission aux agents de santé portant un équipement de protection individuelle approprié – blouse jetable, gants jetables, couvre-chaussures ou bottes jetables, masque FFP2 et protection contre les éclaboussures oculaires – était toutefois très faible et qu’il était modéré en cas de contact étroit non protégé avec un cas. Par exemple, contact face à face pendant une période prolongée, contact avec des lésions ouvertes sans gants, intubation ou autre procédure médicale invasive sans masque.
En raison d’un risque potentiel de transmission de l’homme à l’animal en Europe, l’ECDC recommande une étroite collaboration intersectorielle entre les autorités de santé publique humaine et vétérinaire travaillant dans une perspective one health, dont on a déjà parlé dans cette commission, pour gérer les animaux domestiques exposés et empêcher la transmission de la maladie à la faune sauvage.
Le Risk Assessment Group et le Risk Management Group surveillent la situation de près et se sont déjà réunis plusieurs fois au cours de ces deux dernières semaines pour s’accorder sur la définition de cas, la procédure de suivi de ces cas et les mesures préventives à prendre pour les professionnels de soins de santé.
Le site Sciensano, que vous connaissez bien désormais, reste le site de référence pour les recommandations.
Dans une épidémie, la vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain et les informations sont actualisées très régulièrement. Les informations ont été largement été diffusées par le Fédéral et l’AViQ, les cercles de médecins généralistes, les OST – nos équipes mobiles –, les associations en lien avec les groupes cibles, et cetera.
En Wallonie, c’est l’ensemble du dispositif de surveillance et de suivi des maladies infectieuses en place qui est actif et qui a ajusté ses recommandations concernant le MPXv comme 365 jours par an pour les 42 autres maladies à déclaration obligatoire. Effectivement, elle est loin d’être la seule. Elle attire l’attention pour le moment et on la suit avec vigilance et intérêt, bien entendu, puisqu’elle est récente sur notre territoire. Ce travail est un travail quotidien pour le service des surveillances des maladies infectieuses.
Pour ce qui est de la vaccination, le dernier avis du RAG et du RMG recommande la vaccination après exposition de contact proche pour les personnes qui ont présenté un risque accru de maladie grave, pour les prestataires de soins qui réagissent à cette épidémie et pour contrôler des clusters dans des contextes spécifiques.
L’HERA européenne va acheter le vaccin au nom des États membres de l’Union européenne et pourra agi très rapidement pour satisfaire les besoins de tous les États membres. Ce sont 50 000 vaccins, dont 30 000 pourront être livrés aux États membres presque immédiatement. Le reste sera fourni dans les semaines et les mois à venir.
Pour la Belgique, cela représente 1 250 doses, en sachant qu’il faut deux doses par personne. Cela permettrait, le cas échéant, de traiter 625 personnes.
Madame Durenne, sur le traitement, sachez qu’en janvier de cette année, il y a eu une autorisation de l’Agence européenne des médicaments pour un traitement qui est autorisé pour ce type de pathologie. Voilà les éléments que je pouvais porter à votre connaissance
Source : Site du Parlement de Wallonie, Compte rendu de la réunion de la Commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du 31 mai 2022