Les lits halte-soins permettent aux personnes sans-abri de recevoir des soins post-hospitaliers ou de convalescence. Sont-ils suffisants en Wallonie ?
Question orale de Sabine Roberty du 23/11/21 à Christie Morreale, Ministre de la santé
Madame la Ministre, les conditions de vie des personnes sans-abri les rendent tout particulièrement vulnérables et les exposent à de multiples risques pour leur santé mentale ou physique. D’un autre côté, leur accès aux soins est fortement limité. Le secteur associatif a développé plusieurs initiatives pour apporter des réponses pour faciliter la prise en charge médicale des personnes sans-abri. Je pense par exemple au travail des infirmières de rue en région liégeoise, ou au projet pilote « lits halte soins », dont le titre évocateur de ma question, mis en place dans la maison d’accueil des sans-logis qui propose un hébergement médicalisé.
Ce projet pilote tendait à répondre à une problématique particulière qui est la prise en charge des personnes sans-abri dans le cadre de soins postopératoires ou pendant une convalescence qui ne relève pas d’une hospitalisation classique.
À Bruxelles, le centre MediHalte offre un hébergement avec 38 lits médicalisés qui remplissent cet objectif.
Comment soutenez-vous ces initiatives particulièrement axées sur les soins de santé des personnes sans-abri ? Quelles dispositions avez-vous prises pour améliorer la prise en charge des personnes sans-abri qui nécessitent des soins de santé qui ne peuvent pas être apportés en rue ?
Sensibilisez-vous les relais sociaux à cette problématique en particulier ? Encouragez-vous le développement de lits « halte soins » en Wallonie ?
Réponse de la ministre
Madame la Députée, les relais sociaux ont fait le constat du besoin, en termes d’espaces, de soins pour les personnes sans[1]abri. En effet, les abris de nuit ne sont pas tous adaptés à l’accueil de personnes nécessitant des soins en dehors du cadre hospitalier, même si certains disposent d’une pièce PMR, comme à l’abri de nuit de la Ville de Namur, ou d’une pièce dite de quarantaine comme c’est le cas à l’abri de nuit à Tournai, raison pour laquelle diverses initiatives sont soutenues par la Wallonie.
À titre d’exemple, depuis plusieurs années, à Charleroi, la structure d’accueil sociosanitaire peut accueillir jusqu’à 5 personnes. Il s’agit d’un hébergement d’urgence pour les personnes nécessitant une action spécifique au niveau sanitaire – santé physique et/ou mentale –, ouvert toute l’année, 365 jours par an, de 20 h à 10 h 30. Ce dispositif est le résultat d’une collaboration conventionnée entre le CPAS et l’ISPPC Vincent Van Gogh.
Plus globalement, il existe 7 relais Santé en Wallonie, subventionnés à hauteur de 82 400 euros chacun. Ces relais Santé collaborent entre autres à la campagne de vaccination des publics précarisés. Ils ont fait un très beau travail. L’article 62 du Code réglementaire de l’Action sociale et de la Santé prévoit qu’ils soient organisés de manière à améliorer l’accessibilité aux soins de santé des personnes en situation d’exclusion. Leurs missions est l’accueil et l’information des personnes en situation d’exclusion, la prévention à titre individuel et en termes de santé publique, les premiers soins, l’accompagnement et le soutien en vue d’une prise en charge par la première ou la deuxième ligne de soins et, enfin, le déploiement d’un réseau de soins au niveau local ou s’il est constitué, la collaboration avec celui-ci.
Les relais Santé ont dès lors l’opportunité de s’emparer de l’analyse des besoins en termes de lits « halte soins » sur leur territoire d’action. Le projet de lits « halte-soins » sur Liège est d’ailleurs né d’une concertation entre le relais Santé, l’ASBL La Fontaine et la Maison d’accueil des Sans-Logis. Pour cette année, le Relais social de Liège a subventionné, via son « enveloppe projets » wallonne, le projet Précarité santé et santé mentale 2020-2025 à hauteur de 101 600 euros. Ce projet propose notamment un lit « halte soins » au sein de la maison d’accueil. Le Relais social subventionne, pour cette partie du projet, un mi-temps infirmier et le prix d’une journée lié au lit.
En Wallonie aussi, la question de la santé des personnes vulnérables est prise en considération. L’approche que l’on préconise est celle de l’individu dans toutes ses dimensions. Toute initiative transversale, en particulier socio-sanitaire, retient nécessairement ma plus grande attention.
Source : Site du Parlement de Wallonie, Compte-rendu de la commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du 23 novembre 2021