Mutilations génitales féminines : comment les contrer ?

Les mutilations génitales féminines sont aussi une réalité en Belgique. Qu’est-ce que la FWB met en place pour les contrer ?

Question de Sabine Robert à Bénédicte Linard, Ministre des Droits des femmes

Les mutilations génitales féminines sont source de souffrances physiques et psychologiques. Elles se pratiquent malheureusement toujours et ne connaissent pas de frontières. Il y a quinze jours, le Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles (GAMS) a lancé une campagne de sensibilisation et de prévention contre l’excision.

En Belgique, 12 000 filles risquent de subir des mutilations génitales. Ces mutilations sont pratiquées ici ou lors d’un séjour de la jeune fille dans son pays d’origine. À l’approche des vacances d’été, il est donc primordial de faire de la prévention auprès des jeunes filles et de leurs parents. Il faut aussi informer tous les professionnels des secteurs de la santé, de l’éducation et de l’aide à la jeunesse, afin qu’ils soient capables de détecter et de protéger les filles qui risquent de subir de telles violences.

Les mutilations génitales féminines portent atteinte à la dignité humaine, à l’intégrité physique et aux droits fondamentaux des filles et des femmes. Elles doivent être combattues avec détermination.

Madame la Ministre, plusieurs mesures du Plan «Droits des femmes» et du Plan intra-francophone de lutte contre les violences faites aux femmes [2020-2024] concernent les mutilations génitales féminines. Quel est l’état d’avancement de ces projets?

Disposez-vous d’une étude récente sur les mutilations génitales féminines en Fédération Wallonie-Bruxelles? Le cas échéant, quels en sont les résultats?

Depuis 2021, la Fédération Wallonie-Bruxelles reconnaît et subventionne un collectif d’associations travaillant spécifiquement à la prévention et à la lutte contre les mutilations génitales féminines. Quel est le budget alloué à chacune de ces associations?

La lutte contre les mutilations génitales féminines est un processus complexe, qui nécessite une approche multidimensionnelle et coordonnée à tous les ni- veaux de pouvoir. Avez-vous prévu de mener une campagne de sensibilisation et d’information en concertation avec les autres niveaux de pouvoir?

Réponse de la ministre :

La prévention des mutilations génitales est une priorité pour moi. Deux mesures du Plan «Droits des femmes» visent effectivement à prévenir et à lutter contre les mutilations génitales féminines en développant davantage les synergies entre les équipes des consultations de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE), et le GAMS.

À cet effet, conformément à son contrat de gestion 2021-2025, l’ONE a signé une convention avec le GAMS. Cette convention prévoit un financement annuel de 60 000 euros afin d’assurer la formation des professionnels, la prise en charge des situations à risque et le développement de supports de sensibilisation des professionnels et des familles.

En outre, dans le cadre du subventionnement des collectifs d’associations de lutte contre les violences faites aux femmes, un collectif visant à prévenir et lut- ter contre les mutilations génitales féminines a été reconnu à la fin de 2021. Il est composé de quatre associations, le GAMS, AWSA-Be, Oasis Belgium et le planning familial FPS de Liège, ayant reçu, au total, 75 000 euros en 2022. Ce montant a été indexé en 2023. La répartition financière entre les associations relève de la gestion propre du collectif. Le subside permet notamment au collec- tif de mener des campagnes de sensibilisation. La toute dernière campagne a été lancée fin mai.

En termes de formation, le GAMS a effectivement rencontré les équipes SOS enfants l’an dernier. Les prochaines formations des équipes SOS enfants sont programmées au mois de juin: elles concernent la détection des situations à risque. D’autres professionnels de l’ONE sont également formés: les partenaires enfants-parents (PEP’s), les médecins, les référents «Maltraitance» et les équipes de promotion de la santé à l’école (PSE). Les modules de formation s’articulent autour d’une information globale sur les mutilations génitales fémi- nines, la communication avec les familles et la gestion des situations à risque.

La Fédération Wallonie-Bruxelles finance également une recherche menée au- près des communautés concernées par les mutilations génitales féminines. Les résultats permettront d’améliorer les stratégies de sensibilisation. La recherche vise notamment à identifier quelles sont les barrières rencontrées par ces fa- milles pour solliciter les services proposés par les associations de référence. Les travaux sont en cours, et les résultats seront publiés à la fin de l’année 2025.

Réplique de la députée

Madame la Ministre, vos réponses démontrent que la lutte contre les mutilations génitales féminines constitue bien l’une de vos priorités. Les mutilations doivent être combattues avec détermination, comme essaient de le faire tous les niveaux de pouvoir. Chez nous, cette pratique est interdite par la loi. Il faut donc sensibiliser les jeunes filles lorsqu’elles partent dans leur pays d’origine. Le moment est propice pour communiquer efficace- ment à ce sujet. La dernière campagne date du mois de mai. Nous devons éga- lement travailler de manière coordonnée avec les autres niveaux de pouvoir. L’état civil est régi par les autorités fédérales et organisé par les communes. Il faut notamment intervenir par le biais de l’affichage.

Nous devons faire preuve de détermination, informer et briser le silence sur ce sujet encore tabou. Il faut aussi travailler avec les hommes et les garçons.

Vous m’avez répondu à propos de la formation et de la coordination entre l’ONE et le GAMS.

Vos réponses témoignent de la priorité que vous faites de cette thématique.

Source : Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Commission de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes du 6 juin 2023 (Compte-rendu provisoire, le texte n’engage ni le Parlement, ni les orateurs)