Question orale de Sabine ROBERTY du 20 avril 2021 à Caroline DESIR, ministre de l’Éducation.
L’endométriose est le nom d’une maladie chronique hormono-dépendante encore largement sous-estimée et méconnue. C’est pour cette raison que le 28 mars 2014 a été consacré, pour la première fois, Journée mondiale contre l’endométriose. On estime que cette maladie touche 10 à 20 % de femmes dans le monde. Elle est invisible, mais n’en demeure pas moins réelle. En outre, les femmes et les filles n’ont pas toujours conscience d’en être atteintes. Il faut parfois que passent plusieurs années entre les premières douleurs et le premier diagnostic. Aujourd’hui, on n’en guérit pas encore. Les symptômes sont multiples, variés et dépendent d’une femme à l’autre. Il est question de règles très douloureuses, de troubles digestifs, d’infertilité, de troubles urinaires, de fatigue chronique, de douleurs pelviennes ou encore de dyspareunie. Un seul ou plusieurs organes peuvent être touchés. La femme qui en est atteinte peut ressentir d’incommensurables douleurs ou ne ressentir aucun symptôme. Un diagnostic précoce et des soins adaptés à chacune sont essentiels pour traiter les douleurs et l’infertilité dont sont victimes ces femmes et ces filles. L’objectif de ces traitements est d’interrompre la progression et l’aggravation de la maladie par la destruction des foyers d’endométriose.
Madame la Ministre, serait-il envisageable d’accorder aux jeunes filles victimes d’endométriose le bénéfice du statut d’élève à besoins spécifiques ? En effet, cette maladie peut être à l’origine d’absences à répétition. Dans le même ordre d’idée, certains aménagements peuvent s’avérer nécessaires comme, pour ne citer qu’un seul exemple, la possibilité de se rendre aux toilettes durant les examens. L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) tient compte des maladies sexuellement transmissibles, mais qu’en est-il des maladies gynécologiques ? Cela semble d’autant plus impératif que l’endométriose cause parfois une dyspareunie. Seriez-vous favorable à la mise en place de projets de sensibilisation à cette maladie dès l’école secondaire ? Nous pouvons raisonnablement imaginer que des jeunes filles éprouvent des troubles liés à l’endométriose sans être capables de les identifier. Je pense aux règles douloureuses qui sont systématiquement considérées comme normales, alors que ce n’est pas toujours le cas. Et pourtant, faut-il le rappeler, un diagnostic rapide permet une meilleure prise en charge de la maladie. Enfin, les centres psychomédico-sociaux (PMS) sont-ils sensibilisés à cette problématique ?
Réponse de Caroline DESIR, ministre de l’Éducation.
Un des défis des thématiques qui seront développées lors de la réforme des animations EVRAS vise à sensibiliser les jeunes, en fonction de leur développement psycho-affectif et de leur âge, aux questions de santé sexuelle et reproductive tout en offrant une information claire et fiable. Les informations porteront, entre autres, sur des sujets comme la puberté, les rapports sexuels, les moyens de contraception, l’interruption volontaire de grossesse ou les infections sexuellement transmissibles. Bien qu’il ne soit pas explicitement prévu d’aborder l’endométriose, les animations EVRAS sont un véhicule idéal pour mieux faire connaître cette maladie dans le cadre plus large de la compréhension de la puberté par les jeunes. Ainsi, lorsque les animation EVRAS porteront sur les menstruations auprès des garçons et des filles, nombre de thématiques connexes pourront y être abordées. J’entends à cet égard que les maladies gynécologiques soient plus largement abordées à l’avenir. Pour beaucoup, c’est déjà le cas puisque des centres de planning familial proposent des outils comme les carnets « Que se passe-t-il dans nos culottes ?» ou « Rouge culotte » qui visent à donner des informations de base sur le fonctionnement du cycle menstruel. Il me revient à ce sujet que les discussions en classe abordent également notamment le sujet des règles douloureuses. Enfin, les centres PMS, en tant que professionnels du social et de la santé, travaillent en réseau et sont formés à l’écoute en vue d’une orientation, si nécessaire, vers leurs partenaires et les services de promotion de la santé à l’école (PSE).
Réplique de Sabine ROBERTY.
Je prends note que les animations EVRAS abordent les questions sexuelles. Lorsqu’une fille ressent des douleurs pendant un rapport sexuel, elle doit s’inquiéter, car elle souffre peut-être de dyspareunie. C’est tout l’intérêt de l’EVRAS. La confiance envers un professeur peut aussi entrer en ligne de compte. Aujourd’hui, il me semble que les filles parlent plus facilement de ce qu’elles ont au fond de leur culotte, pour reprendre le titre du carnet que vous évoquez, Madame la Ministre. Nous pouvons nous féliciter du dialogue qui s’instaure progressivement. Il n’empêche que l’endométriose reste une maladie trop peu connue et reconnue. Il est essentiel qu’elle soit abordée durant les activités d’EVRAS et dans les écoles
Photo de Sora Shimazaki provenant de Pexels