Question
orale du 13 juillet 2021 de Sabine ROBERTY à Bénédicte LINARD, vice-présidente
du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des
Médias et des Droits des femmes
On
les dit surdoués ou précoces. On dit également que leur intelligence est
différente. Pour ma part, je parle d’enfants extraordinaires. Les enfants à
haut potentiel (enfants HP) ne représenteraient que 2,5 % de la population. Il
n’est pas rare qu’ils soient victimes de troubles des apprentissages comme la
dyslexie, la dyscalculie, la dysgraphie, la dysorthographie ou de troubles du
déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité. Leur adaptation scolaire ou
professionnelle peut être difficile si leurs besoins spécifiques ne sont pas
pris en compte. La preuve en est que plus de 40 % des enfants HP seraient en
échec scolaire. Leurs spécificités sont à l’origine de grandes difficultés à
l’école, au sein de leur famille et avec leurs camarades. Ils deviennent
parfois le bouc émissaire de la classe et sont victimes de harcèlement
scolaire. Cette spécificité peut être détectée très tôt chez l’enfant.
Pourtant, elle fait souvent l’objet d’une grande méconnaissance. Madame la
Ministre, les parents sont-ils informés et sensibilisés à cette thématique,
dans le cadre des consultations à l’Office de la naissance et de l’enfance
(ONE) ? Plus important encore : les services de l’ONE sont-ils eux-mêmes formés
à cet égard ? Les enfants HP présentent en général des signes assez
caractéristiques, mais il faut évidemment être en mesure de les reconnaître.
Qu’en est-il des autres encadrants de la petite enfance, notamment les milieux
d’accueil et les services de promotion de la santé à l’école (PSE) ? L’ONE ou
les services PSE sont-ils en mesure de proposer des tests de diagnostic du haut
potentiel intellectuel ? Comment l’ONE et les services PSE entendent-ils
accompagner les enfants HP et leurs parents ? Il me semble en effet
indispensable d’accorder une attention particulière aux parents. La
particularité du haut potentiel nécessite d’être bien comprise. Il n’est pas
rare que des parents aient des attentes démesurées à l’égard de leur enfant HP,
ce qui est évidemment une source de souffrance supplémentaire pour celui-ci.
Réponse
de Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance,
de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
Les
consultations de l’ONE se focalisent principalement sur les enfants de moins de
trois ans. À cet âge, il est rare que se pose la question du haut potentiel de
l’enfant. C’est pourquoi il n’est pas prévu de programme de consultation
spécifique à l’attention de ces enfants. Néanmoins, lors des consultations de
l’ONE, l’évaluation des compétences psychomotrices, langagières et de
socialisation des enfants qui y est réalisée permet de détecter des éléments
caractéristiques d’un enfant HP. Les milieux d’accueil de la petite enfance
accueillent aussi des enfants âgés de moins de trois ans et ne disposent donc
pas, à l’instar des consultations de l’ONE, de programmes de détection
spécifique. Pour les enfants en âge scolaire, lorsque les écoles pensent avoir
affaire à un enfant à haut potentiel, les services PSE jouent un rôle
d’orientation et invitent les parents à consulter un neuropédiatre pour
réaliser une évaluation. Celui- ci posera un diagnostic et suggérera, si
nécessaire, l’instauration d’aménagements raisonnables dans les établissements
scolaires. Les services PMS, qui relèvent de la compétence de la ministre de
l’Éducation, jouent quant à eux un rôle essentiel dans la mise en œuvre
pratique des aménagements raisonnables. Si nécessaire, ils peuvent également
faire passer des tests de quotient intellectuel. Enfin, l’accompagnement d’un
enfant HP dans l’enseignement ordinaire fondamental et secondaire, qui relève
également de la compétence de la ministre de l’Éducation, est prévu par le
décret du 7 décembre 2017 relatif à l’accueil, à l’accompagnement et au
maintien dans l’enseignement ordinaire fondamental et secondaire des élèves
présentant des besoins spécifiques (décret «Aménagements raisonnables»).
Réplique
de Sabine ROBERTY
Madame
la Ministre, je vous remercie pour vos réponses. La question des enfants HP
interroge, vos réponses en témoignent. Les consultations de l’ONE sont
principalement destinées aux enfants de moins de trois ans. Or, certains
parents qui ont des enfants HP s’interrogent déjà sur le comportement de leur
enfant bien avant qu’ils aient atteint l’âge de trois ans. J’entends bien les
spécificités de ces enfants, pour chacune de ces tranches d’âge. La détection
représente un défi majeur, au niveau sociétal, social et éducationnel. En
outre, comme je l’ai évoqué il est important d’accorder une place particulière
aux parents de ces enfants. Ce défi relève de la compétence de plusieurs
ministres de la Fédération Wallonie-Bruxelles. J’ai commencé par vous
interroger, mais j’interrogerai également les ministres Glatigny et Désir sur
cette même thématique.
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