Question orale de Sabine ROBERTY
du 9 mars 2021 à Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre
de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
Le racisme est malheureusement
encore omniprésent dans nos sociétés. Nous en sommes tantôt témoins, tantôt
victimes. Tous et toutes, nous devons le combattre, sans relâche. Les enfants
ne sont pas racistes par nature; ils demeurent neutres, tandis que nous,
adultes, sommes remplis de préjugés. Si les enfants venaient à émettre des
commentaires racistes, ce serait le résultat d’un apprentissage ou d’une imitation.
Par contre, dès leur plus jeune âge, les enfants ont tendance à s’identifier à
des gens qui leur ressemblent. Ils sont plus attirés vers ces derniers. C’est
déjà à ce moment-là que la prévention doit commencer. D’après plusieurs
psychopédagogues, plus on expose un enfant aux différences culturelles, dans
les domaines du langage, de la gastronomie, de l’habillement ou encore des
coutumes, plus il découvre la richesse de cette diversité. Nous pouvons
raisonnablement espérer que des enfants qui vont régulièrement à la rencontre
de l’autre soient moins enclins au racisme. Plusieurs pistes peuvent être
explorées pour prévenir le racisme chez les enfants, pour les sensibiliser à
cette injustice: favoriser la diversité culturelle dans les jeux et loisirs;
nommer et expliquer les différences culturelles; reconnaître la différence et
la démystifier; sensibiliser aux droits humains; parler du racisme dans
l’histoire et de ses conséquences.
Madame la Ministre, le 5 janvier
dernier, vous avez posté sur Twitter un message de soutien à Cécile Djunga,
affirmant que le racisme est un fléau et qu’il doit être combattu par
l’éducation et que la prévention doit être menée à tous les niveaux. Comment
entendez-vous faire de la prévention à votre niveau de compétences ? Qu’avez-vous
déjà mis en œuvre à cet effet depuis le début de la législature ? Quelle place
est réservée à la prévention du racisme dans le plan d’action relatif aux
droits de l’enfant (PADE) ? Récemment, j’ai lu un article qui disait très
justement que les parents sont la première fenêtre des enfants sur le monde.
Madame la Ministre, comment entendez-vous sensibiliser les parents à cette
problématique majeure ? L’acceptation de l’autre passe aussi par la découverte
et la rencontre culturelle dans toute sa richesse et sa diversité.
Entendez-vous favoriser la rencontre des enfants avec les cultures étrangères ?
Réponse de Bénédicte LINARD,
vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la
Culture, des Médias et des Droits des femmes.
Madame la Députée, la
sensibilisation des citoyens est au cœur du travail mené par les associations
actives dans la lutte contre le racisme depuis de nombreuses années. Au début
du mois d’octobre 2020, j’ai eu le plaisir de rencontrer des représentants de
la coalition NAPAR, qui rassemble une soixantaine de ces organisations et
plaide en faveur d’un plan d’action interfédéral de lutte contre le racisme.
Cet échange a permis de prendre la mesure des attentes de la société civile et
des efforts restant à mener en la matière. La mise en œuvre de ce plan
interfédéral, attendu de longue date, doit apporter des réponses à ces
préoccupations. Je prendrai ma part dans ce travail, tout comme mes collègues
du gouvernement. Le futur plan interfédéral de lutte contre le racisme ciblera
de nombreux domaines d’action relevant des compétences de la Fédération
WallonieBruxelles. Le caractère transversal de cette problématique rend
nécessaire une implication de chacun dans son champ de compétences. Les
domaines de l’enseignement, de la culture ou des médias sont particulièrement
concernés. Le rôle qu’ils peuvent jouer dans la socialisation des citoyens, la
découverte de l’autre et la déconstruction des préjugés en font des vecteurs
capitaux de toute politique de lutte contre le racisme. En ce qui concerne les
médias, il est essentiel que les opérateurs donnent à voir et à entendre la
société dans toute sa diversité, que ce soit à l’écran ou en coulisses, au
cinéma ou dans les séries. Les supports d’information doivent promouvoir la
diversité à travers les profils des intervenants et les membres des rédactions.
À ce titre, la base de données Expertalia, qui recense les coordonnées
d’experts et d’expertes issus de la diversité, est un pas dans la bonne
direction pour favoriser la pluralité dans le monde de l’information et le
débat public. L’accueil de la petite enfance et l’accueil temps libre (ATL)
sont également des vecteurs dans la lutte contre le racisme. Le principal défi
est d’outiller les professionnels pour qu’ils développent une approche
inclusive et intègrent la diversité dans leurs activités. Le PADE, récemment
adopté, met en évidence la nécessité de soutenir et de renforcer les
initiatives existantes dans ce domaine. À cet égard, la formation des professionnels
qui encadrent les enfants est déterminante. L’arrêté du gouvernement de la
Communauté française du 11 février 2021 fixant le programme de formation
continue des professionnels et volontaires en fonction dans les secteurs de
l’accueil de la petite enfance et de l’accueil temps libre, les professionnels
des services de promotion de la santé à l’école, les volontaires dans les
consultations pour enfants, les accueillants dans les services spécifiques de
soutien à la parentalité charge les opérateurs de formation agréés par l’Office
de la naissance et de l’enfance (ONE) de proposer des programmes incluant la
dimension de la lutte contre le racisme. Le PADE contient également des actions
nouvelles dans le domaine de l’éveil culturel et du décloisonnement de
l’environnement dans les milieux d’accueil de la petite enfance. Ces dimensions
s’entendent naturellement comme une ouverture sur le monde et sa diversité, à
travers la découverte d’expressions artistiques variées. Je souhaite développer
cette approche dans le prochain contrat de gestion de l’ONE, qui est en cours
d’élaboration.
Réponse de Sabine ROBERTY.
Merci, Madame la Ministre, pour
toutes vos réponses. Je suis consciente que le racisme est un phénomène très
large. Aborder le racisme avec les enfants, dès leur plus jeune âge, est une
ambition très vaste, dont on ne peut faire le tour avec une simple question
parlementaire. Néanmoins, je vous interrogerai régulièrement au cours de cette
législature afin de constater les avancées dans ce domaine. Le plan d’action
interfédéral de lutte contre le racisme est également très attendu. Il
permettra de travailler de manière transversale et de renforcer les actions
futures. Je suivrai aussi ce qui sera proposé par l’ONE à travers son nouveau
contrat de gestion.
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