Le travail de la commission
Après 6 mois d’auditions, le Parlement de Wallonie a adopté ce 31 mars 2022 les recommandations formulées par la commission d’enquête dont j’étais membre effective.
Le travail de cette commission il représente plus de 50 personnes entendues, plus de 120 heures d’auditions pour aboutir à plus de 160 recommandations. Ce travail, nous avons voulu le mener avec sérieux et humilité.
La catastrophe naturelle qui a frappé la Wallonie en juillet dernier est l’une des plus meurtrière de l’histoire de notre pays. Le bilan humain est lourd, très lourd, avec 39 décès liés aux inondations. Le bilan matériel est lui aussi dramatique.
Aujourd’hui encore, des milliers de de sinistrés tentent de se reconstruire, d’aller de l’avant et de continuer à vivre, malgré les nombreux stigmates encore visibles de cette catastrophe, et des conditions de vie devenues difficiles.
S’il ne nous est pas possible de remonter le temps et de changer le cours des choses, il nous est par contre demandé de faire en sorte de limiter les conséquences de ces crues, à l’avenir. Et ce sont les sinistrés, les épreuves auxquelles ils ont été et sont toujours confrontés qui ont été en filigrane de l’ensemble de nos travaux.
L’objectif de notre commission était donc de faire la lumière sur les événements mais aussi sur les manquements, non pas pour montrer du doigt d’éventuels responsables, mais pour produire des recommandations pour qu’à l’avenir nous puissions mieux anticiper et gérer une catastrophe de cette ampleur.
Une situation inédite et extrême
Dans ses constats, la commission a mis en évidence le caractère exceptionnel de la situation météorologique que nous avons vécu avec des inondations d’une ampleur inédite et un nombre de communes touchées importants.
Mais la commission d’enquête a également démontré que nous n’étions pas prêts à faire face à ce type de catastrophe. En effet, la manque de développement de la culture du risque, les difficultés de communication ou encore le manque de matériel sont entre autres des éléments qui ont posé problème.
Les recommandations
Parmi les recommandations de la commission, nous pouvons notamment mettre en évidence la nécessité:
- d’améliorer la capacité des prévisions météorologiques, mais aussi de renforcer la communication de celles-ci et la clarté des informations.
- d’intégrer des données hydrologiques vulgarisées, simplifiées et compréhensibles dans les bulletins météo grand public en cas de prévision de crues.
La commission d’enquête a également relevé l’importance d’insuffler une vraie culture du risque notamment en :
- clarifiant les rôle et missions du Centre régional de crise
- formant d’avantage les mandataires et les fonctionnaires locaux à la gestion de crise et la planification d’urgence
- améliorant la communication d’urgence, dont la communication vers la population, par exemple en développant des outils comme Be-Alert
- mettant en place des plans d’évacuations et de mise en sécurité et de participation citoyenne
En ce qui concerne les barrages, la commission a montré qu’ils ont rempli leur rôle et que, sans eux, cela aurait été pire. Cependant, afin d’encore en améliorer leur fonctionnement, la commission recommande entre autres de :
- mettre en place un cadre légal pour la gestion des barrages-réservoirs afin de garantir la sécurité des ouvrages et d’en assurer le fonctionnement optimal.
- de rendre la gestion des barrages-réservoirs plus dynamique et évolutive en fonction des prévisions et des données météorologiques et hydrologiques
- d’établir un plan de gestion des barrages mais aussi de mettre en place des plans d’urgences et d’interventions pour tous les barrages-réservoirs en y associant les provinces, villes et communes concernées.
En matières de gestion des cours d’eau, la commission recommande entre autres de développer les dispositifs de prévention des risques et d’évaluer l’opportunité de revoir la catégorisation des cours d’eau.
L’aménagement du territoire a aussi eu un impact lors de cette crise. Ainsi, la commission a par exemple souligné
- l’importance de mettre à jour les cartes des zones inondables et les cadre d’aléas d’inondations
- la nécessité de fixer des trajectoires de réduction de l’artificialisation des sols par bassins et de renforcer la lutte contre l’imperméabilisation des sols.
Enfin, une recommandation qui me tient particulièrement à cœur est l’organisation d’une reconnaissance officielle des événements dramatiques des inondations de juillet 2021 et de leurs victimes ainsi que des bénévoles qui leur sont venus en aide. L’importance de structurer un travail de mémoire sur ces événements et sa diffusion est important pour assurer une sensibilisation dans la durée.
Un travail nécessaire
Il ne s’agit ici que de quelques exemples des recommandations formulées par la commission, vous pouvez retrouver l’intégralité du rapport ici !
Ce travail devait être mené pour apporter des réponses aux sinistrés et pour tirer les enseignements nécessaires à la gestion d’événements climatiques de cette ampleur.