Consulter la question posée au Parlement de Wallonie sur la dépression post-partum ici .
Question d’actualité du 6 mars 2024 de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, Ministre de l’Enfance
Solidaris vient de publier une enquête sur un sujet tabou: la dépression post-partum. Il convient de faire la différence entre le baby-blues et la dépression post-partum. Le baby-blues peut apparaître peu après la naissance de l’enfant, il dure quelques jours ou quelques semaines et, en règle générale, disparaît comme il est venu. La dépression post-partum, quant à elle, peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, elle peut toucher tant la mère que le père, et est considérée comme une maladie qui doit absolument être prise en charge.
L’enquête de Solidaris pointe, parmi les mères, différents profils à risque: les mères monoparentales, les mères qui ont accouché par césarienne, les jeunes mères, les mères qui ont peu d’aide de leur entourage, les mères qui ont perdu leur emploi ou encore celles qui ont subi des violences.
Madame la Ministre, Solidaris indique aussi différents leviers d’action, dont certains relèvent des compétences du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et particulièrement de vos compétences. Par exemple, quand une mère quitte la maternité, elle peut faire directement appel aux services de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE), pour un suivi, à son domicile ou dans un centre ONE, pour elle et pour son bébé. Tous les professionnels de l’ONE chargés de traiter la dépression post-partum sont-ils bien formés à cette prise en charge particulière? Les mesures que vous, et le gouvernement, avez prises ont-elles permis d’améliorer la situation? Par exemple, une mère qui ne se sent pas bien sait-elle qu’elle peut directement contacter les services de l’ONE? Les actions menées pour mieux prendre en charge la dépression post-partum seront-elles évaluées, et, dans l’affirmative, quand?
Réponse de la ministre :
Accompagner les mères après la naissance est fondamental et l’ONE remplit cette mission. L’accessibilité et l’accompagnement sont au cœur de mes priorités. Son programme «Naître et grandir: avec vous, pas à pas» est aussi au cœur de son contrat de gestion. Ce programme permet d’accompagner les familles de la grossesse jusqu’à l’âge de 6 ans de l’enfant. C’est une des priorités de l’ONE. Madame la Députée, vous avez raison de pointer que les très jeunes mères, les femmes isoées, les femmes en migration ou les victimes de violences sont des publics particulièrement fragiles. L’ONE a mis en exergue le fait qu’il souhaitait mieux accompagner et renforcer l’accompagnement de ces publics. Ses services sont spécifiquement mobilisés à cet égard, non seulement avec un accès gratuit, mais également en rendant leur accompagnement plus fréquent pour ces mamans plus fragilisées. Les professionnels de l’ONE sont bien outillés pour détecter les différents signaux d’alerte de dépression post-partum. Le cas échéant, ils renvoient la mère vers des spécialistes du secteur curatif lorsque c’est nécessaire. Sous mon impulsion, l’ONE collabore désormais avec l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) et les Régions pour renforcer cette offre de service et aller encore plus vers ces femmes qui ont peu accès aux soins de santé. Par ailleurs, nous avons également mis sur pied un nouveau cadre de reconnaissance unifié, pérenne, doté de budgets structurels et augmentés pour l’accompagnement à la parentalité. Pour ma part, il était également important d’accompagner toutes ces familles, singulièrement les plus fragilisées.
Réplique de la députée
L’ONE accompagne la parentalité et est bien évidemment un pilier dans la prise en charge des mères qui quittent la maternité. Son travail est fondamental et je l’en remercie. Cependant, l’étude menée par Solidaris met en lumière de nombreux éléments méconnus sur la dépression post-partum. Les chiffres révélés par les auteurs de l’étude nous sont d’ailleurs généralement inconnus. C’est la raison pour laquelle je trouvais important d’évoquer cette problématique. Madame la Ministre, vous avez cité certains leviers d’action, mais il en existe bien d’autres. Nous devons absolument poser des gestes forts afin de soutenir la parentalité et les familles. Accueillir un enfant est formidable, mais c’est aussi une source d’angoisse. C’est formidable, mais tout aussi bouleversant pour les familles. Nous aurons l’occasion de revenir sur la problématique de la dépression post-partum en commission et d’œuvrer à sa prise en charge.
Source : Compte-rendu provisoire de la réunion de la commission de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes – Séance du mercredi 6 mars 2024.