La santé mentale des enfants : une prise en charge efficace ?

Question orale du 26 septembre 2022 de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.

Les chiffres relatifs à la santé mentale des plus jeunes continuent d’être inquiétants. La crise sanitaire a bien évidemment eu un impact considérable sur la santé mentale et le bien-être des enfants et des jeunes, mais elle a également été révélatrice de problèmes préexistants. Nous avons déjà abordé le sujet à plusieurs reprises dans ce Parlement.

Notre Assemblée s’est d’ailleurs penchée sur la problématique il y a quelques mois au travers d’une commission conjointe relative à la santé mentale des jeunes. Ce travail avait d’ailleurs conduit à la production d’un certain nombre de recommandations adressées à votre gouvernement, Madame la Ministre.

Récemment, dans le cadre du projet «What Do You Think?», l’UNICEF a émis un rapport basé sur les témoignages de 150 jeunes âgés de 6 à 17 ans et souffrant de problèmes mentaux. Ce rapport recommande notamment d’accorder une plus grande attention à la participation des jeunes, à la prévention et à la prise en charge des jeunes à l’hôpital et en dehors.

Avez-vous pris connaissance du rapport de l’UNICEF et des recommandations formulées ? Au regard de vos compétences, quel accueil leur réservez-vous ?

La participation et la possibilité pour les plus jeunes de s’exprimer constituent un axe essentiel d’après cette étude. C’est un élément que nous avons également souligné à la suite des auditions menées par la commission conjointe. Comment favoriser cette participation ? Quels outils mettre en place ?

Le rapport susmentionné concerne les enfants de 6 ans et plus. Or, les problèmes relatifs à la santé mentale n’épargnent pas les plus petits. Le contrat de gestion de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) précise d’ailleurs que la santé mentale constitue un enjeu fondamental et qu’une stratégie à long terme doit être établie. Comment l’ONE intègre-t-il la question de la santé mentale périnatale et de la petite enfance dans sa stratégie globale ? Comment incluez-vous ces questions dans votre politique de la petite enfance ?

Par ailleurs, la formation continue du personnel des consultations prénatales et des services d’accompagnement périnatal à la prise en compte des enjeux liés à la santé mentale fait d’ores et déjà partie des objectifs définis par le contrat de gestion de l’ONE. Ces formations sont-elles déjà disponibles ?

Enfin, comment vos politiques tiennent-elles compte des recommandations formulées par le Parlement ? Des actions ont-elles déjà été prises en concertation avec vos collègues ?

Réponse de Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.

Le mardi 20 septembre, mon cabinet a rencontré trois représentantes de l’UNICEF pour une présentation et une discussion sur le rapport de l’UNICEF lié à la santé mentale des enfants et des jeunes.

Le rapport est basé sur la parole des enfants et des jeunes, récoltée suivant la méthode remarquable du processus participatif «What Do You Think?». Trois priorités en ressortent : la prévention, la participation et la prise en charge à l’hôpital et en dehors de l’hôpital.

Le premier message que ces enfants et ces jeunes nous adressent est qu’ils veulent être considérés, avant tout, comme des enfants, indépendamment de leur état de santé. Ils veulent pouvoir mener une vie d’enfant, jouer, être avec leurs amis, etc.

La seconde priorité des enfants et des jeunes concerne la participation. La participation des enfants est l’un des quatre principaux piliers de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) et c’est clairement un des aspects sur lesquels la Belgique a une grande marge de progression. En tant que ministre de l’Enfance également chargée des Droits de l’enfant, j’ai souhaité y accorder une attention particulière dans le Plan d’actions relatif aux droits de l’enfant (PADE). J’ai également obtenu des avancées concrètes, notamment dans le contrat de gestion de l’ONE ou dans le cadre de la réforme de l’accueil temps libre (ATL). Pour cette dernière, la méthode de travail intègre la parole des enfants dans un réel objectif de co-construction de la réforme.

À ce propos, les enfants interrogés par l’UNICEF soulignent à quel point l’école, en tant que lieu de vie et de socialisation, ainsi que le jeu, les loisirs et les services de quartier jouent un rôle fondamental dans la protection et de prévention. C’est en ce sens que j’ai souhaité mener une réforme de l’ATL qui augmente l’accessibilité pour toutes et tous, avec une attention pour les plus vulnérables, et qui améliore le travail de réseau sur le plan local.

Je suis persuadée que l’action de l’ONE auprès des enfants et des familles apporte un soutien précieux en termes de prévention. Dans les consultations pour enfants, l’équipe aborde systématiquement les problèmes de santé mentale. Les manifestations anxieuses et psychosomatiques sont prises en compte et écoutées par les professionnels qui accompagnent les familles vers les relais nécessaires dont elles ont besoin dans ces situations. Ces préoccupations sont quotidiennes pour les partenaires enfants-parents (PEP’S) et les équipes des consultations prénatales et pour enfants.

Il existe également d’autres dispositifs d’accompagnement des familles, comme les lieux de rencontre enfants-parents ou les services d’accompagnement périnatal, pour lesquels le contrat de gestion de l’ONE prévoit, d’une part, des moyens supplémentaires et, d’autre part, la possibilité d’agréer et de subventionner de nouveaux services.

En août 2021, l’ONE a décidé de créer une cellule «Santé mentale» ayant pour mission de structurer, de renforcer et de concentrer les ressources internes en matière de santé mentale des familles tout en nouant des partenariats externes sur cette thématique. Par la création de cette cellule de coordination, l’ONE souhaite notamment se doter en interne d’un pôle de personnes de référence sur ces questions, suivant les recommandations du Parlement. La concertation lancée par l’intermédiaire de cette cellule met en lumière toutes les actions relatives au bien-être et à la santé mentale des enfants, des jeunes et de leur famille qui sont déjà réalisées au travers des missions de l’ONE, dans une approche préventive, sans pour autant être directement liées à la santé mentale. Cela va de l’accueil du tout jeune enfant à l’accompagnement en consultation ou dans les lieux de rencontre, en passant par la promotion de la santé à ou encore de l’ATL, des centres de vacances et des écoles de devoirs.

Réplique de Sabine Roberty.

Madame la Ministre, je suis heureuse de constater l’action et la réaction de l’ONE concernant la prise en charge de la santé mentale chez les plus jeunes, faisant suite à nos recommandations.

La cellule »Santé mentale», créée au mois d’août 2021, aidera à détecter le plus tôt possible de tels problèmes. Comme les travaux de notre commission l’avaient bien souligné, la santé est forcément liée à la santé mentale. Nous devons prendre en compte la santé mentale dès le plus jeune âge.

En revanche, je ne vous ai pas entendue concernant la formation continue du personnel. Je vous adresserai une question écrite à ce sujet

Crédit photo : Photo de Tatiana Syrikova: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/aube-amour-detente-lit-3933082/