Maternité en prison : offre-t-on un cadre approprié aux enfants ?

Question orale du 17 novembre 2022 de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.

Des enfants naissent en prison et y accompagnent leur maman pendant une partie de sa détention, jusqu’à l’âge de 3 ans.

Dans ce contexte particulier, tout doit être mis en œuvre pour que l’accompagnement des femmes enceintes ou ayant un bébé se passe au mieux.

Le contrat de gestion 2021-2025 de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) prévoit de porter une attention accrue à tous les enfants dont un parent est en détention, notamment en vue de maintenir le lien entre eux et d’améliorer les transitions. Le contrat de gestion de l’ONE prévoit également de sensibiliser les autorités compétentes pour qu’elles soutiennent l’évolution du cadre législatif actuel, qui ne prévoit pas de régime spécifique particulier pour les mères incarcérées et leurs enfants.

Madame la Ministre, je vous ai déjà interrogée à plusieurs reprises sur ce dossier. En juin dernier, vous avez affirmé que cette sensibilisation s’organisait notamment dans le cadre de la révision du protocole d’accord de mai 2014, qui est amené à évoluer. Pourriez-vous revenir sur ce dossier? Où en sont les discussions?

En juin dernier, vous avez également précisé que ces échanges étaient l’occasion de promouvoir de nouvelles normes plus adaptées aux besoins de l’enfant. Je m’en réjouis. Dans ce cadre, quelles sont les priorités de l’ONE? Le protocole d’accord doit notamment évoluer en lien avec l’ouverture du complexe pénitentiaire de Haren, prévue d’ici la fin de l’année. Quel rôle l’ONE joue-t-il dans le suivi de ce dossier? Pour rappel, il était prévu que toutes les mères incarcérées avec un enfant soient réunies dans une unité «mère-bébé» au sein de cette nouvelle prison.

Enfin, le Plan «Droits des femmes» prévoit, en son point 4.8, d’«accompagner la maternité en prison» en renforçant notamment le rôle de l’ONE et en encourageant le recours aux milieux d’accueil. Qu’avez-vous fait pour atteindre cet objectif du plan?

Réponse de Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.

Madame la Députée, en tant qu’organe de référence dans le domaine de l’enfance, l’ONE veille prioritairement au bien-être des femmes enceintes en détention et des enfants qui accompagnent leur mère en prison.

Dans le contexte carcéral, la collaboration et le dialogue avec l’ensemble des acteurs en présence sont nécessaires. Ces acteurs n’étant pas tous guidés par les mêmes priorités, l’ONE doit adapter son travail aux réalités spécifiques de ce contexte, tout en ne laissant pas les impératifs sécuritaires prendre le dessus sur le bien-être des femmes enceintes et des enfants. Il y a là un équilibre délicat à mettre en œuvre par les professionnels. L’ONE doit également s’assurer que toutes les conditions sont réunies pour que les mères exercent leur parentalité le plus sereinement possible.

Le protocole d’accord du 23 mai 2014 relatif à l’accueil des enfants en bas âge auprès de leur parent détenu et l’accompagnement des femmes enceintes en détention a fait l’objet d’une première mise à jour technique afin d’y intégrer les évolutions législatives et les nouvelles terminologies. La version consolidée m’est parvenue à la mi-octobre. Ce travail a été l’occasion d’insister à nouveau sur les engagements des différentes parties. C’est aussi dans ce contexte que les partenaires du protocole ont organisé, à la fin du mois de septembre, une visite des unités «mères-enfants» de la prison de Haren. Le protocole d’accord pourrait encore évoluer après l’ouverture du complexe pénitentiaire de Haren, en fonction des conséquences observées sur le travail opérationnel et les collaborations entre partenaires.

Le déménagement des détenues a débuté le 7 novembre, mais à ce jour, la prison de Haren ne compte aucun enfant. L’ONE mise prioritairement sur l’adaptation de son cadre d’intervention et la recherche de places en milieu d’accueil pour les enfants qui seront hébergés dans la nouvelle prison. Ce déménagement induit en effet des changements organisationnels importants dans les trajets entre la prison et les milieux d’accueil actuellement conventionnés pour accueillir les enfants des détenus. Avec le conventionnement de nouveaux milieux d’accueil, la situation évoluera prochainement. Pour l’heure, il n’y a pas d’enfant hébergé à la prison de Haren.

Réplique de Sabine Roberty.

Entre sécurité et bon suivi, l’équilibre est délicat. Nous devons faire en sorte d’assurer le bien-être des mères et des futures mères qui sont détenues, tout comme celui de leurs enfants et de leurs enfants à venir. Il est ici question de droits humains.

Crédit photo : Photo de Artem Podrez: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/amour-femme-jeune-fille-sourire-7504718/