«Les Grenades» ont lancé la première édition du Prix littéraire Grenades en vue de récompenser une autrice belge francophone, toutes catégories confondues.
Question orale du 5/01/21 de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
«Les Grenades»ont en effet lancé la première édition du Prix littéraire Grenades en vue de récompenser une autrice belge francophone, toutes catégories confondues.Le groupe socialiste se réjouit de cette initiative qui vise à mettre en évidence les œuvres littéraires produites par des femmes. En effet, bien que les femmes soient nombreuses en littérature, elles sont effectivement moins souvent récompensées par les grands prix littéraires.
Cette nouvelle remise de prix se veut annuelle et est organisée en partenariat avec le Partenariat interprofessionnel du livre et de l’édition numérique (PILEn), l’action de promotion littéraire « Lisez-vous le belge?», la SCAM, la Direction générale de l’égalité des chances, la Fédération Wallonie-Bruxelles, la RTBF Culture et #Restart. En pratique, comme le disait ma collègue, 22ou-vrages écrits par des autrices belges francophones parus en 2020 ont été sélectionnés et soumis au vote du public par l’intermédiaire d’un sondage en ligne entre le 10 et le 20décembre derniers. Les cinq ouvrages ressortis de ce sondage ont ensuite été sou-mis au jury du Prix littéraire Grenades.
Madame la Ministre, pouvez-vous revenir sur cette première édition du Prix littéraire Grenades? Quel rôle a rempli la Fédération Wallonie-Bruxelles? Le public a-t-il été au rendez-vous pour participer au sondage? Je suis très heureuse de voir émerger ce projet qui participe à la valorisation du travail culturel des femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Avez-vous connaissance d’autres initiatives qui visent également cet objectif sur notre territoire? Quels sont les leviers principaux pour assurer une meilleure visibilité à nos autrices francophones?
Réponse de Bénédicte Linard
Selon une étude parue dans le journal «Le Monde», la proportion d’autrices et d’auteurs parmi les lauréats des grands prix littéraires français témoigne d’un déséquilibre très important. Le plus marquant reste de constater que le déséquilibre perdure aujourd’hui. Alors qu’une certaine prise de conscience générale semble se renforcer, les grands prix littéraires ont connu un nombre significative-ment supérieur de lauréats par rapport à celui des lauréates. Les auteurs de l’étude mettent en évidence la composition des jurys comme facteur principal d’explication. Les jurys sont essentiellement masculins, leurs membres sont désignés à vie et leur remplacement se fait par cooptation. Les jurys féminins aboutissent, quant à eux, à des palmarès plus équilibrés en termes de genre. Pour le prix Femina par exemple, la liste était composée de 40% de lauréates et, pour le Grand Prix des lectrices de «ELLE», de 51% de lauréates.
L’histoire et les chiffres montrent donc que le genre a un impact, tant sur le choix des œuvres dis-tinguées que sur la perception du lecteur. C’est la raison pour laquelle de tels prix existent et je me réjouis que ce premier prix dédié aux autrices arrive chez nous, sans occulter le fait que d’autres prix littéraires remis par la Fédération Wallonie-Bruxelles ont mis régulièrement des autrices à l’honneur. Le Prix littéraire Grenades suscite d’ailleurs un engouement certain puisqu’ environ 3000personnes ont participé au sondage pour décider du nom des finalistes. Les autrices présélectionnées étaient ra-vies et «Les Grenades»ont reçu une dizaine de courriels de maisons d’édition ou d’autrices elles-mêmes, qui souhaitaient participer aux prochaines éditions. Le prix littéraire est une initiative du pro-jet «Les Grenades»de la RTBF. L’équipe a proposé d’associer l’un des membres de mon cabinet au pro-jet en l’intégrant au jury et j’ai accepté avec grand plaisir. La Direction générale de l’égalité des chances fait aussi partie du jury et elle a participé à la sélection des 22ouvrages en lice. Le jury est également composé de membres de la RTBF Culture, du projet «Les Grenades»et de la SCAM
Ces derniers mois, nous assistons à la naissance de différents collectifs dans le secteur culturel tels que «F.(s)»pour le théâtre, «Elles font des films»pour le cinéma et «Scivias»pour la musique. Pour assurer une meilleure visibilité à nos autrices francophones, mais aussi à toutes les femmes qui participent à la création culturelle, il faut les mettre en avant, créer des espaces de rencontre et en parler, comme nous le faisons aujourd’hui.
Réplique de Sabine Roberty
Madame Du-renne, comme vous, je reste abasourdie par les résultats édifiants de l’étude réalisée par le «Le Monde»et qui démontrent l’impact des questions de genre sur la remise des prix littéraires. On ne peut donc que se réjouir de l’engouement du public pour le Prix littéraire Grenades. Celui-ci est en effet une belle vitrine pour la littérature écrite par les femmes. On dit souvent que les femmes sont les grandes oubliées de l’Histoire, mais elles sont aussi les grandes oubliées de la littérature. Heureusement que des prix littéraires tels que le Prix littéraire Grenades, le prix Femina et le Grand Prix des lectrices de «ELLE»permettent de faire bouger les lignes pour l’avenir.
Source : Compte rendu intégral de la séance du 5/01/21 de la commission de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes – Version provisoire qui n’engage ni les intervenants, ni le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles