Question orale du
17 novembre 2022 de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, vice-présidente du
gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias
et des Droits des femmes.
Madame la Ministre, la diversité
des projets culturels en Fédération Wallonie-Bruxelles est un enjeu
considérable. Dans ce contexte, la question des projets portés par les femmes
est centrale. Leurs œuvres permettent en effet de poser un autre regard, de
donner une voix à celles qui font notre culture belge francophone et de les
mettre en valeur.
C’est d’ailleurs l’un des
objectifs du Plan «Droits des femmes». Nous travaillons à introduire une
dimension genrée dans les projets culturels. Dans ce cadre, vous avez demandé
au service de la formation de l’Administration générale de la culture (AGC) de
travailler, avec la Direction générale de l’égalité des chances, à
l’organisation de modules de sensibilisation et de formation aux
discriminations liées au genre.
Ces modules devaient être
présentés à l’ensemble des membres des commissions d’avis au cours de cette
année. Où en est la réalisation de cette action? D’autres modules sont-ils
prévus pour les années à venir?
Par ailleurs, ces démarches
devaient aboutir à la constitution d’une grille de motivation des décisions
pour s’assurer de la prise en considération du genre dans les décisions prises
par les commissions d’avis. Où en est l’élaboration de cette grille?
En 2021, l’AGC avait également
lancé un appel à projets de formation intitulé «Genre et discriminations faites
aux femmes» et destiné aux opérateurs en éducation permanente dans les secteurs
des droits des femmes, de la jeunesse et de l’art. Ces formations portaient sur
«le développement des compétences théoriques et pratiques qui tiennent compte
des phénomènes de domination et de discrimination sociales à l’œuvre dans les
rapports entre les femmes et les hommes». Neuf projets avaient été retenus et
financés avec une enveloppe de 30 000 euros. Une seconde édition de cet appel à
projets était envisagée. Qu’en est-il?
D’autres actions ont-elles été
mises en œuvre pour avancer dans la réalisation de cet axe du Plan «Droits des
femmes»?
Réponse de
Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de
la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
Madame la Députée, un marché
public de service portant sur la conception et la réalisation d’un programme de
formation «Genre et diversité» destiné aux instances d’avis de l’AGC a été
lancé le 22 avril 2022. Le 23 mai, la Direction de l’éducation permanente et la
Direction générale de l’égalité des chances ont réceptionné une seule offre,
mais celle-ci n’a pas satisfait aux exigences visées par le cahier spécial des
charges. Le marché public n’a donc pas rencontré le succès attendu.
Face à ce constat, les services
ont pris l’initiative de contacter les opérateurs qui auraient pu déposer une
offre, afin de comprendre les raisons pour lesquelles ils ne l’avaient pas
fait. Ils m’ont ensuite proposé de renoncer au marché public tel que conçu
initialement et de le relancer en réécrivant le cahier spécial des charges afin
de tenir compte des points d’attention et des remarques communiquées par les
soumissionnaires potentiels.
Dans un premier temps, l’idée
serait de développer une phase expérimentale de formation avec deux organes
consultatifs et d’en tirer les enseignements. Cela permettrait, dans un second
temps, de généraliser la formation à l’ensemble des instances d’avis.
En ce qui concerne l’appel à
projets de formation que vous avez mentionné, il a été lancé une première fois
en 2021 et relancé cette année. Il ne s’adresse pas qu’aux associations
d’éducation permanente, mais à l’ensemble des opérateurs culturels.
En 2022, dans le cadre de cet
appel, six projets de formation sont soutenus pour un montant de 22 000 euros.
Ceux-ci sont présentés sur le site www.culture.be.
D’autres actions sont mises en
œuvre dans le cadre du Plan «Droits des femmes». En arts de la scène, les
instances d’avis et les jurys de sélection des nouvelles directions pour les
grands opérateurs sont paritaires. De plus, conformément au décret du 20 juillet
2022 modifiant le décret-cadre du 10 avril 2003 relatif à la reconnaissance et
au subventionnement du secteur professionnel des Arts de la scène, les
opérateurs doivent dorénavant préciser dans leur rapport d’activités la
répartition genrée des charges salariales, et ce, que les aides soient
ponctuelles ou structurelles, exception faite des bourses.
Ensuite, en ce qui concerne les
œuvres audiovisuelles, depuis 2020, je soutiens le développement de formations
régulières à la lecture genrée de scénarios pour sensibiliser les
professionnels à repérer les stéréotypes et les biais cognitifs.
Le Centre du cinéma et de
l’audiovisuel (CCA) propose également des séances individuelles de coaching
destinées à aider les scénaristes, réalisateurs ou réalisatrices, producteurs
ou productrices, à prendre conscience des pistes d’amélioration possibles en
termes de diversité, tout en respectant les spécificités de leurs projets.
Dans le même ordre d’idées, la
Commission de sélection des films (CSF) est désormais paritaire.
Au mois d’avril 2021, j’ai
également lancé un Plan «Égalité et diversité dans les médias audiovisuels»
(Plan «Diversité»). Certains axes de ce dernier sont en lien avec le Plan
«Droits des femmes». D’abord, les dossiers de demandes d’aide doivent comporter
une fiche «Diversité» obligatoire. Il s’agit d’un guide permettant d’amorcer
une réflexion globale sur les moyens collectifs déployés par les équipes de
films pour éviter de potentiels biais, discriminations ou abus, ainsi que pour
améliorer la diversité sous toutes ses formes.
Ensuite, la composition du jury
de l’appel annuel à productions légères intègre désormais des membres plus
représentatifs de la diversité et plus sensibles à ces thématiques. Les mesures
de ce plan sont évaluées régulièrement et discutées dans le cadre d’un groupe
de réflexion constitué de professionnels du secteur intéressés par ces
questions.
Réplique de
Sabine Roberty.
Madame la Ministre, une seule
offre a été remise à la suite de l’appel à projets destiné aux organes d’avis
et vous travaillez donc à l’élaboration d’un nouveau cahier spécial des
charges, mieux adapté. J’entends que vous prenez aussi de nouvelles
initiatives. Je m’en réjouis et je reviendrai sur l’évolution de ces différents
chantiers pour vous soutenir. Je pense qu’il est important de «remettre
l’ouvrage sur le métier» et d’assurer un contrôle systématique de l’évolution
de ces mesures
Crédit photo : Photo de Una
Laurencic provenant de Pexels