La Wallonie a mené pendant plusieurs mois un projet pilote avec une stratégie de testing salivaire hebdomadaire en maisons de repos. Quels résultats ?
Question orale du 9/02/21 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Ministre, je vais rebondir sur quelques questions qui viennent d’être évoquées par ma collègue. Fin octobre, la Wallonie initiait, en partenariat avec l’Université de Liège, une nouvelle stratégie de testing salivaire hebdomadaire pour les maisons de repos. Après plusieurs semaines de pratique, l’expérience a pris fin la semaine dernière.
Malgré une évaluation positive, l’arrêt du projet est expliqué par la progression de la vaccination et le nombre de tests PCR disponibles, plus sensibles et dont les résultats peuvent maintenant être obtenus rapidement.
Une deuxième phase test a alors été lancée depuis le début du mois de février durant laquelle les membres du personnel volontaires, vaccinés ou non, seront soumis à ces mêmes tests afin de suivre l’évolution de l’épidémie et notamment l’influence de la vaccination.
Vous vous êtes déjà exprimée à ce sujet dans la presse et ce matin également lors de notre commission. J’ai malgré tout encore quelques questions supplémentaires.
Pouvez-vous revenir sur les résultats de cette expérience pilote ? Qu’en est-il de la deuxième phase test ? Comment les tests sont-ils distribués aux établissements pendant cette nouvelle phase ? Avonsnous déjà une idée de la proportion de membres du personnel qui sont volontaires ?
Votre administration sera-t-elle chargée de recueillir une liste des membres du personnel qui sont volontaires ?
À combien ce nombre doit-il s’élever pour que les données recueillies permettent d’évaluer efficacement la progression de l’épidémie ?
Il s’agit de statistiques importantes.
L’arrêt est notamment corrélé, ma collègue l’a signalé aussi, à la disponibilité des tests PCR. De quelle manière et dans quelles conditions les maisons de repos et de soins y auront-elles accès ? Combien de tests la Wallonie a-t-elle commandés pour cette nouvelle phase test ?
Le recours à ce type de test sera-t-il élargi à l’ensemble de la population dans les centres de testing ?
Réponse de la ministre :
Mesdames et Monsieur les Députés, faisant suite à la campagne de vaccination, nous devons maintenant réfléchir aux conditions de reprise de la vie à l’intérieur des établissements et des contacts avec le monde extérieur, que ce soit par les visites ou les sorties des résidents. S’il semble assez évident que, après les 12 jours suivant la deuxième injection de vaccin, la vie à l’intérieur de la maison pourrait reprendre sans entrave, les contacts avec l’extérieur apparaissent à déterminer.
Certes les maisons de repos seront vaccinées, mais pas la population en général, et la propagation des souches variantes au pouvoir de contagion plus important que la souche classique nous fait continuer à adopter une attitude de prudence ou en tout cas de patience.
Nous devons également tenir compte du fait que nous attendons un minimum de recul et d’études pour apprécier la contagiosité d’une personne vaccinée. On sait qu’elle n’a pas la maladie, elle ne va pas la contracter, en tout cas elle ne va pas développer de symptômes, mais on ne sait pas encore si elle ne transmet pas la maladie ou si certains vaccins font qu’elle ne la transmette. C’est peut-être différent selon le type de produit.
Nous continuerons à respecter le port du masque, l’hygiène des mains, tant pour le personnel que les résidents et leurs visiteurs. Le GEMS est en train d’élaborer des directives sur des assouplissements en fonction de la couverture vaccinale. La dimension testing et quarantaine postvaccination sera également intégrée à l’avis. D’après mes informations, cet avis devrait être finalisé pour le prochain CODECO.
À ma demande, l’AViQ a réfléchi à des premières propositions de mesures dans les maisons de repos. Elles sont discutées aujourd’hui avec la cellule vaccination du professeur Englert, mes conseillers et le gestionnaire de crise de l’agence.
À ce stade, nous n’avons pas consulté de représentants des résidents. Nous savons que toutes leurs attentes sont légitimes. Je pense que nous connaissons surtout les attentes des résidents. J’essaie de ne pas m’engager dans des promesses que je ne pourrai pas tenir, pour dire une phrase que j’essaie de faire comme leitmotiv.
Sur la phase pilote des tests salivaires en maisons de repos, elle s’est terminée fin janvier. Les résultats, c’est que :
- le pourcentage de participation des maisons de repos et des maisons de repos et de soins était de 94 %.
- 162 622 analyses d’échantillons ont été réalisées par le laboratoire de l’Université de Liège ; –
- 99,67 % des résultats étaient disponibles dans un délai inférieur à 24 heures après le dépôt des échantillons au laboratoire.
Quand un cluster était identifié à la suite du testing salivaire, les maisons de repos pouvaient demander un testing nasopharyngé pour leurs résidents. Dans ce cadre, 85 maisons de repos ont participé au testing généralisé de leurs résidents et 6 304 tests nasopharyngés ont été ainsi réalisés, gratuitement, en tout cas le Fédéral ayant mis ces tests gratuitement à disposition des institutions.
L’arrêt de la première phase du testing salivaire dans les maisons de repos coïncide avec la possibilité offerte par le Fédéral de rétablir le testing préventif régulier dans ces structures d’hébergement et à augmenter la capacité de testing via la plateforme bis.
La deuxième phase du projet pilote a débuté le 1er février pour une durée minimum de six semaines et a pour objectif de vérifier les effets de la vaccination sur l’évolution de l’épidémie dans les maisons de repos. Exactement, ce que je disais dans ma question précédente, excrète-t-on encore la maladie ? Peut-on encore la transmettre ?
Cent maisons de repos ont été sélectionnées suivant des critères bien définis, comme la participation récente et l’assiduité des membres du personnel à réaliser le testing salivaire lors de la première phase. Pour assurer une meilleure représentativité des maisons de repos sur l’ensemble du territoire, elles ont été réparties sur huit points relais définis en concertation avec l’université et l’AViQ.
La population cible soumise au test salivaire reste identique à la première phase, il s’agit de tous les professionnels soignants et non soignants qui travaillent dans une maison de repos.
Cinq mille tests seront effectués chaque semaine. Pour le moment, il serait difficile d’élargir le test salivaire à l’ensemble de la population, parce qu’il n’a d’efficacité que s’il est mené toutes les semaines, de manière répétée.
Dans la lutte actuelle contre le coronavirus, il semble toujours judicieux d’insister sur l’utilisation correcte du port du masque, le respect des gestes barrières, l’importance de la vaccination et de demander un test nasopharyngé PCR dès que l’on a les premiers symptômes. N’attendez pas, prenez contact avec votre médecin. Il peut vous envoyer votre code QR et vous envoyer dans un centre de vaccination. Le délai est une des clés du succès. Plus vite on va se faire tester et plus vite on a les résultats – dans les moins de 24 heures – pour permettre une réponse rapide des laboratoires pour savoir si, oui ou non, vous est atteint du covid.
Réplique de la députée :
Madame la Ministre, merci pour l’ensemble des réponses que vous venez de nous fournir. Six semaines de test et six semaines d’expérience, donc nous serons attentifs aux résultats ; résultats qui, à mon avis, vont peut-être être surprenants. C’est là tout l’enjeu d’une expérience de la sorte. Comme le disait ma collègue, je n’hésiterai pas à revenir vers vous en commission pour suivre ce dossier de près.
Source : Compte-rendu intégrale de la commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du 9/02/21 au Parlement de Wallonie