La Wallonie a débloqué des fonds afin que des structures intermédiaires soient ouvertes pour accueillir des patients soignés par le covid mais qui nécessitent encore un monitoring.
Question orale du 17/11/12 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Ministre, afin de soulager la pression sur les hôpitaux, la Wallonie vient de débloquer une enveloppe budgétaire afin que des structures intermédiaires soient ouvertes, par exemple, dans les maisons de repos qui disposent de lits vides. Ces structures sont destinées à accueillir des patients soignés pour la covid pouvant quitter l’hôpital, mais qui nécessitent un monitoring et ne pouvant rester chez eux.
Lors des auditions en commission spéciale covid, l’AViQ et d’autres acteurs avaient tiré un bilan mitigé de ces structures intermédiaires en revenant sur les deux expériences initiées au printemps. En effet, celle de Spa n’avait rencontré que peu de succès, tandis que celle de Charleroi n’avait finalement pas pu voir le jour.
Pourriez-vous préciser le nombre de places intermédiaires ouvertes à ce jour ? Comment le personnel pour ces structures est-il recruté et rémunéré ? Cette ouverture fait-elle suite à une demande des acteurs hospitaliers ?
Enfin, par qui le séjour dans ces structures est-il pris en charge ? Est-ce, par exemple, un système comme celui mis en place pour les hôpitaux ?
Réponse de Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Députée, on a essayé de trouver, dans une période de tension extrême, des solutions rapidement opérationnalisables et par lesquelles la Wallonie pouvait venir en aide au Fédéral. Vous savez que les hôpitaux avaient une crainte énorme : ils étaient tous surpris par la rapidité des entrées d’hospitalisation. Il y avait une inquiétude que, à un moment, le pic dépasse le nombre de personnes admissibles par des lits d’hôpitaux. Ils ont d’ailleurs actionné plusieurs phases d’urgence, 1A, 1B, 2A, 2B, qui faisaient en sorte qu’on limite le nombre d’hospitalisations et le travail classique dans les hôpitaux pour laisser de la place aux personnes malades du covid.
Quand on a senti cette problématique, on a essayé de réunir et de tirer, quelque part, des enseignements de la première phase covid et de la première vague. Souvenez-vous, on avait activé des structures intermédiaires. Cela avait pris un peu plus de temps la première fois. On l’avait fait pour des personnes hospitalisées, mais qui devaient revenir dans leur centre d’hébergement, principalement les maisons de repos, handicap éventuellement, santé mentale.
Il s’est avéré que nous aurions voulu à l’époque discuter avec l’INAMI pour pouvoir accueillir des personnes démentes, polyhandicapées qui avaient une prise en charge lourde. La proposition faite était de pouvoir accueillir plutôt des cas légers, ce qui a fait en sorte que 29 personnes se sont retrouvées dans la définition de cas et ont été accueillies notamment à Nivezé.
Pourquoi avons-nous proposé d’utiliser les centres de convalescence ? Parce que les centres de convalescence sont généralement des endroits où vont des personnes hospitalisées pour une opération de la hanche, du genou, et cetera, et qui, suite à une opération classique, nécessitent de rester dans une infrastructure où il y a du personnel de soin qualifié et où l’on prend en charge, pendant deux à trois semaines, les personnes avant qu’elles ne rentrent chez elles ou bien dans une institution.
On s’est dit qu’on allait prendre contact avec les trois centres de convalescence que nous avons sur notre territoire, que ce soit Nivezé, les Heures claires à Spa ou Mariemont. Ils ont tout de suite accepté et je les remercie d’ailleurs de leur réactivité et de la mise en place rapide de solutions opérationnalisées en une semaine.
Cela arrangeait les structures parce qu’elles recevaient moins de patients – puisqu’il y avait moins d’hospitalisations – et nous avions des solutions clés sur porte adaptées parce que j’avais entendu des demandes de directions d’hôpitaux qui envisageaient des solutions qui risquaient de mettre en péril la santé d’autres personnes. C’est pour cela que j’avais été très prudente avec les maisons de repos en disant « Attention, ne créons pas un autre problème. On va trouver des solutions adaptées avec du personnel ».
Souvenez-vous que la Gouverneure de Liège – qui faisait fonction – avait proposé de pouvoir mettre un ancien hôpital à disposition. Il y avait évidemment l’infrastructure, mais pas le personnel et, comme cela a été évoqué dans la question précédente, toute la difficulté réside dans le personnel.
On a développé une solution clé sur porte de 168 lits disponibles : 88 lits au centre de séjour et de santé SpaNivezé à partir du 2 novembre, avec une activation progressive de 15 lits par semaine ; 30 lits à Mariemont ASBL à partir du 4 novembre, avec une activation progressive jusqu’au 14 novembre et 50 lits sur le site Centre d’accueil les Heures claires à Spa, dont 20 lits à partir du 5 novembre auxquels on pouvait ajouter 30 lits le 12 novembre dernier.
Qui peut être hébergé ? Des patients covid positifs dont la situation clinique ne nécessite plus de rester à l’hôpital, mais qui peuvent rejoindre le lieu de résidence habituel, soit il vit chez lui, soit la personne vit en collectivité. Dès lors, nous avons là-bas tout l’encadrement nécessaire. L’INAMI prend en charge les dépenses liées au financement des soins et donc des travailleurs occupés là-bas et la Wallonie prend en charge le catering, les mesures d’hygiène, l’accueil. Cela a fait l’objet d’une convention qui a pu être opérationnalisée très rapidement. C’était une très belle collaboration Fédérale et entités fédérées.
Une permanence de 24 heures sur 24 est assurée par des infirmiers et des aide soignants. Le détail du financement fait en sorte que les travailleurs sont payés pour l’art infirmier à 47 euros de l’heure, les aide-soignants, 34,96 euros, une intervention payée par l’INAMI. En gros, ce sont 60 euros par jour, c’est un cofinancement : la Wallonie intervient via le prix journalier de 60 euros par lit occupé qui comprend les ressources humaines non médicales, la mise à disposition de l’immeuble avec les frais de consommation – le gaz, l’électricité –, la fourniture des services, y compris les repas et la mise à disposition du mobilier, le matériel médical et, enfin, l’intervention dans la bureautique.
Je pense qu’avec ce dispositif-là, on a mis tout en place pour pouvoir répondre aux difficultés potentielles de dépassement qui ont été bien utiles. J’ai eu l’occasion d’aller dans les trois institutions et voir les premiers patients accueillis qui étaient des patients légers contents de pouvoir quitter un environnement hospitalier puisqu’on est dans des structures plus humaines. Je pense qu’un certain nombre d’entre nous connaissent encore bien mieux que moi les centres de convalescence.
Réplique de Sabine Roberty
Merci, Madame la Ministre, pour l’ensemble de vos réponses particulièrement précises. J’ai bien compris que l’on a essayé de répondre très vite et avec énormément de rapidité au nombre croissant d’hospitalisations. Il me semble aussi que travailler avec des centres de convalescence fait vraiment sens. Je me réjouis de constater que l’on a pu avoir cette belle collaboration entre le Fédéral et la Wallonie. On ne peut que s’en féliciter. Je vous remercie pour vos réponses.
Source : Parlement de Wallonie, Compte-rendu intégral de la commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du 17/11/20