Aux Pays-Bas, une filière d’apprentissage de la conduite existe pour les personnes malvoyantes. Qu’en est-il en Wallonie aujourd’hui ?
Question écrite de Sabine Roberty du 31/03/21 à Valérie De Bue, Ministre de la sécurité routière
Il existe aux Pays-Bas une filière de formation à la conduite destinée aux personnes malvoyantes. Pour pouvoir se former à la conduite, les lunettes de l’apprenant sont équipées d’un mini-télescope qui est placé sur l’oeil dominant. Il faut ensuite apprendre à utiliser cet appareil optique, tout d’abord pour de simples déplacements en rue, pour enfin en arriver à la conduite d’une voiture. Cette formation aux Pays-Bas coûte environ 2 500 euros, auxquels il faut ajouter 1 600 euros pour l’outil en lui-même.
En Flandre, il semble que des projets pilotes soient en passe d’être lancés dans des centres, comme à Anvers et Gand.
Madame la Ministre a-t-elle pu prendre connaissance de l’existence d’une telle filière aux Pays-Bas ?
En Wallonie, une réflexion est-elle initiée par l’AWSR et le Département « aptitude à la conduite » (DAC) à ce sujet ?
Compte-t-elle encourager le développement d’une telle filière d’apprentissage ?
Une expérience-pilote pourrait-elle être envisagée, dans un premier temps ?
Quelles actions entend-elle mener à cet égard ?
Réponse du 27/04/21 de la ministre :
J’ai pris connaissance de l’article de presse avec attention et nous l’avons examiné avec l’AWSR et tout spécialement son Département Aptitude à la Conduite (DAC).
Il importe de dissocier le volet médical (l’apprentissage en centre de vision) du volet d’aptitude à la conduite, afin de cerner les acteurs et enjeux d’ordre politiques, d’une part et pour le citoyen, d’autre part.
Si le Système télescopique bioptique est commercialisé depuis de nombreuses années, la difficulté repose sur l’apprentissage de son utilisation. Celui-ci ne peut se réaliser que dans un centre médical agréé travaillant sur la problématique de la basse vision comme il en existe quelques-uns en Belgique.
L’apprentissage est relativement long, il comporte de nombreuses étapes et entraînements, et le succès n’est pas garanti.
Si une personne parvient à terminer son apprentissage avec succès et si elle désire apprendre à conduire, ce n’est qu’alors qu’elle devra s’adresser à un centre agréé tel que le DAC de l’AWSR pour évaluation afin de déterminer son aptitude à la conduite. C’est-à-dire évaluer si la personne utilise correctement le dispositif dans l’environnement routier et développe les bonnes stratégies de conduite.
Si la personne obtient son attestation d’aptitude à la conduite, elle pourra alors entamer le processus d’apprentissage selon la filière classique pour le permis théorique et pratique.
Il y a lieu de se montrer extrêmement prudent quant à un faux espoir donné aux citoyens. Monsieur Lennerd, interviewé dans l’article de presse étant malheureusement un cas isolé, le premier et le dernier à avoir pu bénéficier de cette aide des Pays-Bas, la Belgique étant encore aux prémices d’un tel projet d’ordre médical essentiellement.
Il semble donc que la première étape soit de sensibiliser les centres médicaux agréés travaillant sur la problématique de la basse vision au développement d’un programme d’apprentissage pour l’utilisation du Système télescopique bioptique, en s’inspirant des Pays-Bas.
Par ailleurs, des réflexions seront sans doute à mener quant au nombre de citoyens potentiellement concernés par cette faiblesse visuelle, pour ensuite considérer les enjeux financiers de ce dispositif d’apprentissage et les éventuels remboursements individuels, mais ceci relève plutôt des soins de santé, donc hors périmètre de mes compétences. En effet, le DAC de l’AWSR n’intervient dans un tel cas que si le déficient visuel souhaite conduire. L’évaluation de l’aptitude à la conduite est un rôle qui lui est connu, même s’il lui faudra éventuellement développer une expertise particulière.
Ensuite, on ne peut écarter, le cas échéant, une adaptation légale des dispositions fédérales relatives aux conditions d’obtention d’un permis de conduire.