PW – La lutte contre le VIH et la sérophobie

En 2019, 923 nouveaux diagnostics de VIH ont été réalisés en Belgique. Si les chiffres baissent, ils restent conséquents et la prévention doit se poursuivre pour lutter contre ce virus. Les personnes atteintes du virus sont aussi encore victimes de discrimination, la lutte contre la sérophobie doit également être intensifiée.

Question orale du 01/12/20 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes.

Madame la Ministre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida de ce le 1er décembre, nous sommes plusieurs, au sein de cette commission, à avoir voulu faire le point sur cette question.

Pour ma part, je m’attacherai surtout aux questions liées à la prévention, mais aussi à la sérophobie, qui est encore, malheureusement, source de nombreuses discriminations. Si l’on constate, ces dernières années, une diminution globale des nouveaux cas de VIH détectés, les chiffres restent significatifs.

L’information et la sensibilisation demeurent donc des armes indispensables pour lutter contre cette maladie.

Aujourd’hui, les connaissances restent encore parfois insatisfaisantes en ce qui concerne les modes de transmission du virus, les traitements ou les procédures de dépistage.

Nous pouvons faire un autre constat : la sérophobie est toujours fortement ancrée dans nos sociétés. Il s’agit d’une exclusion irrationnelle puisqu’une personne séropositive ayant une charge virale indétectable grâce à son traitement ne transmet plus le VIH. Cette stigmatisation peut d’ailleurs aussi constituer un frein au dépistage.

À côté de l’information axée sur la protection et les dépistages, il est tout aussi important d’informer sur les traitements et sur la vie avec le virus en rappelant l’adage facile à retenir « indétectable = intransmissible ».

Les opérateurs de terrain sont demandeurs d’un nouveau plan. L’année passée, à la même époque, vous nous rappeliez qu’un Gouvernement fédéral était nécessaire pour initier les travaux.

Aujourd’hui, la crise sanitaire constitue la priorité. Envisagez-vous de solliciter ce point à l’ordre du jour d’une future CIM ?

Lors de la précédente commission, vous êtes revenue sur l’opérationnalisation du WAPPS. Parmi les priorités énoncées, vous avez mentionné la surveillance des maladies infectieuses. Quelles mesures concerneront plus précisément le VIH ? De nouvelles campagnes de sensibilisation sont-elles prévues ?

Lors d’une précédente question, j’évoquais avec vous que la crise du covid a des conséquences importantes pour les personnes souffrant de maladies chroniques. Une étude pour mesurer cet impact est-elle envisagée ? Avons-nous une idée de l’impact de la crise sanitaire sur le dépistage du VIH ?

Ma dernière question concerne plus spécifiquement la sérophobie. Quelles mesures le Gouvernement compte-t-il prendre pour lutter contre cette discrimination ?

Réponse de Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes.

Mesdames les Députées, le plan VIH national qui était d’application de 2014 à 2019, initié par Laurette Onkelinx doit être reconduit. Les acteurs dans la lutte contre le sida sont également de cet avis. Et l’AViQ et mon cabinet les appuient d’ailleurs dans la finalisation de leur proposition pour ce nouveau plan.

Des rencontres se sont tenues début 2020, l’an passé j’avais en effet proposé de mettre la reconduction du plan VIH à l’ordre du jour de la CIM santé publique, une fois que le Gouvernement fédéral serait en place. C’est sans compter sur le fait qu’il se mettrait en place aussi tardivement dans l’année et qu’il serait en plus en plaine crise sanitaire, un contexte un peu totalement inédit.

En 2019, 923 nouveaux diagnostics de VIH ont été réalisés en Belgique. Cela veut dire 2,5 diagnostics par jour. Après une diminution de 28 % du nombre de nouveaux diagnostics entre 2012 et 2019, un plateau semble avoir été atteint en 2019 avec une légère augmentation de 4 % par rapport à 2018. Toutefois, la tendance à la baise des années précédentes se poursuit pour les hommes belges ayant des relations sexuelles avec des hommes.

L’épidémie de VIH en Belgique est également de plus en plus diversifiée en termes de profil de population touchée.

Le WAPPS coconstruit avec les acteurs de terrains selon les orientations d’actions définies par les stratégies concertées a pour objectif l’amélioration du niveau d’information et le renforcement des aptitudes des populations en matière d’IST, dont le VIH et les hépatites. Cela passe notamment par un renforcement des projets terrain et des actions communautaires, des campagnes et des outils de sensibilisations et d’informations à destination de tout public, du général au plus spécifique.

Un soutien et un renfort des stratégies concertées des acteurs de préventions des IST sida, une amélioration de l’accès et du parcours de soins en matière d’IST, dont le VIH et les hépatites. Préventions, dépistages, vaccins.

Il est également important de veiller à ce que ces objectifs soient poursuivis en cohérence avec les actions autour de l’EVRAS, l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, également développés dans le plan WAPPS.

L’ensemble de ces stratégies de prévention et de promotion de la santé à différents niveaux permet de toucher l’ensemble des publics, dont les plus précarisés, et ceux qui sont identifiés comme les nouveaux groupes cibles ainsi que de renforcer la lutte contre la sérophobie.

Durant cette année les opérateurs wallons se sont formidablement adaptés en revoyant leur organisation pour garantir l’accès aux dépistages des citoyens malgré la situation sanitaire et dans le respect des mesures en vigueur. Je voudrais d’ailleurs les féliciter à cet égard. Enfin, rappelons que pour 2020 le Gouvernement wallon a octroyé un peu plus de 1 500 000 euros pour la lutte contre le sida, dont la tenue de dépistage et le soutien aux personnes atteintes de ce virus

Source : Compte rendu avancé de la réunion de la commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du 1/12/20 – version qui n’engage ni le Parlement ni les orateurs