En décembre 2019, le Gouvernement approuvait l’octroi d’une enveloppe totale de 7 millions d’euros pour la restauration de biens classés au patrimoine wallon. Où en est l’avancement les travaux de restauration de ces biens ?
Question écrite de Sabine Roberty du 27/04/21 à Valérie De Bue, Ministre du patrimoine
En décembre 2019, le Gouvernement approuvait l’octroi d’une enveloppe totale de 7 millions d’euros pour la restauration de biens classés au patrimoine wallon. Parmi les projets financés, nous pouvons citer la restauration de la Galerie Léopold II et du Pavillon Marie-Henriette de Spa, la restauration du Charbonnage du Hasard de Cheratte et la restauration de l’Église Saint-Martin à Tubize-Oisquercq.
Plus d’un an s’est écoulé depuis cette décision et, nous le savons tous et toutes, la crise sanitaire a eu de nombreux effets sur notre quotidien, mais également sur le travail de nos Parlements et Gouvernements.
Où en est l’avancement les travaux de restauration de ces biens ?
Les délais seront-ils respectés ?
Accuse-t-on des retards en raison de la crise de la Covid ?
À plusieurs reprises, Madame la Ministre a mis en évidence l’importance d’intégrer le développement durable dans la restauration du patrimoine wallon. Par ailleurs, elle a déclaré, il y a quelques mois, que l’AWaP participait à une réflexion quant à l’amélioration énergétique du bâti ancien. Où en sont ces réflexions et ambitions ? Ont-elles ou vont-elles bénéficier aux restaurations susmentionnées ?
En décembre 2020, un groupement de professionnels de la restauration s’est créé. Bien qu’une Commission patrimoine existe déjà au sein de la Confédération de la construction wallonne, elle se disait encline à entendre leurs propositions et suggestions.
Des discussions ont-elles été initiées depuis lors ?
Dans le cadre d’une réponse à une question parlementaire de septembre 2020, elle avait accueilli assez favorablement la possibilité de créer, avec le concours du fédéral, un « loto du patrimoine », système qui a été mis en place en France par la Française des jeux.
Il était alors question d’attendre qu’un Gouvernement se forme. Depuis, des contacts avec le Fédéral ont-ils été pris en ce sens ?
Réponse de la ministre du 31/05/21
En guise de préambule, je me permets tout d’abord d’apporter une précision quant au suivi des différents chantiers relatifs aux biens classés. Il est en effet important de garder à l’esprit que seuls les biens classés bénéficiant de subventions font l’objet d’un suivi régulier au niveau du chantier. Je ne suis donc pas en mesure de faire part à l’honorable membre de l’état d’avancement de l’ensemble des chantiers de restauration.
Nous pouvons cependant considérer que les arrêts des mois de mars et avril 2020 (lors du premier confinement donc) ont eu un impact très relatif sur le déroulement des chantiers en cours ou qui auraient dû commencer à cette période. À telle enseigne que, pour le chantier de la Galerie Léopold II et du Pavillon Marie-Henriette à Spa, ainsi que pour celui du Charbonnage du Hasard à Cheratte, on peut affirmer que la Covid n’a eu qu’un impact marginal sur leur déroulement, lié essentiellement aux adaptations nécessaires sur le plan sanitaire. Ces chantiers ont donc pu débuter en 2020 et se déroulent sans accrocs particuliers.
Concernant le chantier de l’église Saint-Martin à Oisquercq, il a été décidé de commun accord entre la Ville de Tubize, maître d’ouvrage, l’entreprise adjudicataire et l’AWaP pour la partie subsidiée de retarder le démarrage de celui-ci à la fin avril 2020. Les travaux bénéficiant d’une subvention de l’AWaP ont quant à eux débuté dès la fin du mois de mai 2020. Si des circonstances malheureuses (décès de l’auteur de projet) ont entraîné un arrêt temporaire du chantier, aucun retard ne peut être imputé à la Covid.
Concernant la réflexion menée dans le cadre de l’amélioration énergétique du bâti ancien, le projet de la Faculté LOCI de l’UCL dénommé « P-RENEWAL », initié dès 2016 et supervisé par les départements de l’Énergie et du Patrimoine du SPW-TLPE, est aujourd’hui terminé. Le grand intérêt de cette étude, et de l’outil informatique élaboré, résultent de leur approche multicritère et des ponts construits entre différentes matières (énergie, patrimoine, économie) qui ont souvent beaucoup de mal à trouver un équilibre. Les stratégies d’intervention proposées sont élaborées suivant différents critères d’évaluation, ce qui permet aux utilisateurs, propriétaire ou gestionnaire de dossier, d’évaluer les bénéfices obtenus par les stratégies de rénovation en termes de performances énergétiques, de confort et d’environnement, tout mettant en évidence le respect de la valeur patrimoniale, l’investissement financier et les impacts sur l’occupation du bien durant les travaux. La possibilité technique d’implémenter ce nouvel outil informatique est actuellement à l’examen.
Outre cette étude, je rappelle que la réglementation actuelle (art. R.43-5, alinéa 1er, 8° de la partie réglementaire du Code wallon du Patrimoine – AGW du 31/01/2019) permet déjà de soutenir l’amélioration des performances énergétiques des bâtiments classés, pour autant qu’elle soit compatible avec les intérêts qui ont justifié la protection du monument. Aussi, tous les dossiers de demandes de subventions relatives à des travaux de restauration sur monuments classés sont examinés à la lumière de cette possibilité. Les chantiers que l’honorable membre évoque n’ont pas dérogé à cette règle. Si des postes dédiés à cette amélioration rencontrent les conditions d’éligibilité, ils sont pris en compte par l’AWaP dans le montant total des travaux subsidiables.
Concernant le Groupement des Professionnels de la Restauration du Patrimoine, les premiers contacts ont récemment été établis entre ses responsables et la Direction de la Formation aux Métiers du Patrimoine de l’AWaP.
Ce groupement d’entreprises générales poursuit plusieurs objectifs : l’accroissement de la qualité d’exécution sur les chantiers de restauration, la participation à la réflexion conjointe avec les pouvoirs publics sur les critères de sélection qualitative des marchés publics visant la restauration patrimoniale, la promotion des métiers du patrimoine et la formation à ces métiers. Ces deux derniers points en particulier rejoignent les missions et les préoccupations de la Direction de la Formation, qui poursuivent par ailleurs son partenariat avec la Confédération de la Construction wallonne (CCW), dont ledit groupement est membre.
Enfin, pour répondre au dernier volet de la question de l’honorable membre, mon Cabinet travaille sur la question des financements alternatifs pour le patrimoine. L’automne dernier, il était prévu que je rencontre plusieurs organismes qui y ont réfléchi et qui m’ont fait des propositions en la matière, mais vu les circonstances sanitaires, mes visites ont dû être reportées. Je souhaite d’abord les rencontrer, mais je ne perds pas de vue la possibilité, entre autres, de promouvoir un Loto patrimoine sur base du modèle français. Je confirme que la « mission patrimoine » confiée à Stéphane Bern avec l’appui financier de la Française des jeux est un mécanisme complexe qui ne peut être transposé tel quel, vu la réalité institutionnelle de notre pays.