Le 20 mars dernier, nous apprenions que le président turc avait pris la décision de retirer son pays de la Convention d’Istanbul.
Cette convention est un texte primordial pour la lutte contre les violences faites aux femmes. Il constitue le premier instrument au niveau européen établissement des normes juridiquement contraignantes visant spécifiquement la prévention des violences fondées sur le genre, la protection des victimes et la poursuite des auteurs.
Il promeut également l’égalité réelle entre les femmes et les hommes et vise la mise en place d’une coopération internationale en vue d’éliminer la violence à l’égard des femmes.
Le souhait des autorités turques de se retirer de ce traité n’est pas neuf. En effet, depuis plusieurs mois, les organisations féministes du pays s’inquiétaient de la multiplication des appels à dénoncer le texte.
Avec cette décision, il semble que le président turc cède à la pression de groupes conservateurs appelant à quitter le traité qui, selon eux, nuirait aux « valeurs familiales traditionnelles », et serait « utilisé par la communauté LGBT pour être mieux acceptée dans la société ».
Ce retrait ne tient aucunement compte des réels progrès du pays dans la lutte contre les violences faites aux femmes et intervient alors même que la Turquie enregistre une augmentation importante des féminicides depuis une décennie. Depuis le début de cette année, ce sont par exemple 77 féminicides qui sont déjà à déplorer dans le Pays.
Cette décision a suscité la colère dans le pays et ce sont plusieurs milliers de personnes qui ont manifesté le 20 mars en Turquie pour demander au président Erdogan de revenir sur sa décision.
Cette décision de la Turquie de se retirer de la Convention d’Istanbul est particulièrement inquiétante et pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les femmes et les filles du pays, ainsi que pour les organisations qui luttent contre les violences faites aux femmes sur le territoire.
Si la Turquie avait déjà évoqué la possibilité de se retirer du traité, en Pologne, le ministre de la justice considérait en juillet 2020 le texte comme « nuisible » pour le pays et défendait aussi une proposition de retrait.
D’autres pays, comme la Hongrie, la Slovaquie, l’Ukraine ou la Bulgarie rejettent la ratification de la convention. On peut donc craindre que cette décision ne fasse écho dans d’autres pays européens.
Ce retrait me préoccupe profondément car il peut avoir des conséquences désastreuses pour les femmes et les filles du pays. C’est pourquoi j’ai tenu a interpellé le Ministre-Président à la Région wallonne à ce sujet.
Il est nécessaire que la Wallonie dénonce cette décision et qu’elle s’associe aux initiatives visant à rappeler l’importance de la Convention et à demander à la Turquie de faire marche arrière. La motion que j’ai déposée en ce sens en commission a été votée à l’unanimité.
Nous devons marquer notre soutien à celles et ceux qui en Turquie aujourd’hui manifestent contre cette décision, se mobiliser pour lutter contre ses violences.
Retrouvez la motion votée à l’unanimité : Cliquez ici