Question orale du 14 juillet 2020 de Sabine ROBERTY à Céline TELLIER, Ministre de l’environnement, de la nature, de la forêt, de la ruralité et du bien-être animal.
Madame la Ministre, un article récent visible sur le site de 30 millions d’amis témoigne de pratiques peu éthiques utilisées par des photographes dans le cadre de la photographie animalière. La polémique n’est pas neuve et faisait déjà parler d’elle en 2018. Au nom de l’art, certains photographes peu scrupuleux auraient en effet recours à des pratiques cruelles destinées à faciliter leur travail de mise en scène, lorsque ce dernier se concentre sur la faune. Ainsi, l’article fait mention de grenouilles mises au congélateur ou encore d’animaux empaillés pour l’occasion. D’autres, peut-être moins conscients des nuisances qu’ils occasionnent, s’approchent trop près, par exemple, de nids d’oiseaux dont la progéniture est alors abandonnée. Madame la Ministre, avez-vous déjà été informée de cette problématique ? Le secteur associatif de la Région a-t-il déjà relayé le recours à ces pratiques sur notre territoire ? Les animaux peuvent-ils être détenus à de telles fins ? Auquel cas, comment s’assurer qu’ils le sont dans de bonnes conditions ? Les concours et expositions de photos ayant lieu sur le territoire de la Région wallonne tiennent-ils compte de ces éléments ? Je pense, par exemple, au festival Expos Photos Nature Aves qui a lieu chaque année et de son concours Emotion’Ailes. Sont-ils vigilants quant au contexte, aux circonstances qui entourent la photo ? Sont-ils, à tout le moins, invités à l’être ? Comment entendez-vous sensibiliser ce secteur au bien-être animal et, de façon plus globale, tous les secteurs amenés à travailler au contact, direct ou indirect, d’animaux ? L’article avance aussi certaines pistes de réflexion, telles que l’établissement d’une charte qui devrait être signée par les photographes ou encore la création d’un label. Qu’en pensez-vous ?
Réponse de Céline TELLIER, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal.
Madame la Députée, tout comme vous, je suis interpellée par ces pratiques relatives à la photographie animalière décrites dans cet article. Procéder à des manipulations cruelles sur les animaux, en vue de produire des photos jugées esthétiques ou drôles, est totalement inacceptable. L’observation des animaux et de la nature doit bien évidemment se faire dans le plus grand respect du vivant. De nombreux photographes animaliers sont d’ailleurs des passionnés et des protecteurs de la faune. Leurs observations longues et minutieuses des animaux permettent de sensibiliser et d’informer le grand public au sujet de la vie sauvage. Je note aussi que, fort heureusement, la profession condamne les dérives citées dans l’article. Pour ce qui concerne la Wallonie, le Code du bien-être animal interdit l’utilisation d’un animal à des fins de dressage, de mise en scène, de publicité ou à des fins similaires, lorsqu’il peut en résulter des douleurs, souffrances ou des lésions prévisibles. Les différentes pratiques de la photographie animalière doivent donc se conformer à cette exigence. Par ailleurs, vous citez le festival Expos Photos Nature Aves organisé par Natagora. Tout d’abord, je rappelle qu’il s’agit d’une association de protection de la nature, dont les animaux font évidemment partie. Le festival joue un rôle de sensibilisation en accueillant des stands associatifs et en organisant des conférences. Par ailleurs, le concours photo Emotion’Ailes, qui a lieu durant le festival, revendique parmi ses objectifs celui de « connaître, faire connaître, protéger, aimer les oiseaux ». Les organisateurs exigent que les valeurs de respect et de protection des espèces soient au centre des préoccupations des photographes. Le règlement précise que l’utilisation d’appâts vivants ou tués précisément dans le but de réaliser l’image est interdite. Il indique également que le caractère sauvage de l’oiseau et de son environnement doit être respecté avant, pendant et après la prise de vue. La sensibilisation de tous les acteurs et secteurs amenés à travailler au contact des animaux est au centre de mes préoccupations. J’ai d’ailleurs demandé au Conseil wallon du bien-être des animaux d’identifier les sujets de sensibilisation prioritaires à mener dans les prochains mois. Dans le but d’intégrer pleinement les animaux sauvages dans les débats sur la protection animale, j’ai nommé une représentante de la Ligue royale belge pour la protection des oiseaux qui siège désormais au sein du conseil depuis le 1er juillet. L’association pourra donc apporter son expertise sur ce sujet important.
Réplique de Sabine ROBERTY à Céine TELLIER, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal.
Merci, Madame la Ministre, pour vos réponses, je m’en réjouis. Le diable se cache parfois dans les détails et la question du bien-être animal n’est évidemment pas la première question qui vient à l’esprit quand on regarde des photos d’animaux. À nous d’apprendre à être plus attentifs à communiquer, à sensibiliser et à veiller à ce que, partout, le Code du bien-être animal puisse être respecté comme il se doit. Nous devons être en permanence en alerte.