En 2016, pour la première fois les communes wallonnes étaient invitées pour la première fois à modifier les principes de gestion de leurs cimetières selon les critères du label « Cimetière nature ». Où en sont aujourd’hui ces projets ?
Question orale du 2 juin de Sabine Roberty à Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
Madame la Ministre, en 2016, votre prédécesseur invitait pour la première fois les communes wallonnes à modifier les principes de gestion de leurs cimetières selon les critères du label «Cimetière nature ».
Ce label encourage la végétalisation de ces espaces de recueillement, le développement de la biodiversité ou encore la lutte contre les espèces invasives. Cette dynamique joue un rôle important pour la préservation de la biodiversité, mais elle permet également la mise à disposition des citoyens d’espaces de recueillement plus agréables et plus naturels.
Le label est construit sur un système évolutif composé de trois niveaux. Pour chacun des niveaux, certains critères sont obligatoires alors que d’autres peuvent être sélectionnés pour tenir compte des potentialités et des contraintes propres aux différents sites. Les communes qui s’engagent dans la démarche peuvent alors bénéficier d’un accompagnement de la part des ASBL Écowal et Adalia 2.0, elles-mêmes soutenues par la Région wallonne.
Les candidatures pour cette année 2020 ayant été clôturées, pouvez-vous revenir avec nous sur le développement de ce label en Wallonie ?
Des rencontres ont-elles été organisées pour présenter la démarche aux pouvoirs locaux ?
Pouvez-vous également revenir plus concrètement sur l’accompagnement des communes ?
En ce qui concerne celles qui ont initié le travail et qui n’ont pas encore pu obtenir la labellisation, quelles sont les principales difficultés rencontrées ? Quel retour de la part des ASBL Écowal et Adalia avez-vous eu à ce sujet ?
Une attention particulière est-elle portée aux communes dont les cimetières occupent une grande superficie et pour qui certains critères, comme la surface de végétalisation à atteindre, peuvent être plus difficiles à rencontrer ?
Enfin, outre l’accompagnement prévu, d’autres aides sont-elles disponibles pour permettre aux pouvoirs locaux de mettre en place les aménagements nécessaires ?
Réponse de Céline Tellier, Ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
Madame la Députée, à la suite du confinement, un délai supplémentaire a bien sûr été donné aux communes pour introduire leur candidature au label « Cimetière nature », et ce conformément aux décisions du Gouvernement wallon en matière de COVID-19.
Quant au développement de ce label en Wallonie, à ce jour, 212 cimetières sont déjà labellisés pour 82 communes participantes.
Des réunions spécifiques ont eu lieu dans chaque province lors du lancement de l’opération en 2016. Depuis, différentes conférences et prises de parole sont réalisées par l’ASBL Écowal ou par l’administration pour promouvoir l’outil.
Au niveau des cimetières, les communes sont accompagnées sur le terrain par Écowal. Pour permettre son acceptation par le grand public, les actions à entreprendre dans un cimetière nature doivent être esthétiques, durables et réalisées en blocs d’actions cohérentes. Écowal a acquis une connaissance fine dans ce domaine afin d’accompagner les gestionnaires.
Des formations sont données par les ASBL Écowal et Adalia 2.0. Cette dernière fournit également des outils de communication vers le grand public tandis que l’administration a réalisé un guide méthodologique intitulé Vers une gestion écologique des cimetières en Wallonie au sein de sa collection Espaces verts.
La majorité des communes accompagnées par l’ASBL Écowal depuis 2016 sont désormais autonomes.
Restent les autres communes non encore engagées dans une modernisation de la gestion de leurs espaces verts. Nous ne connaissons pas précisément les raisons de leur désintérêt. Il est possible que le changement de gestion d’un lieu à forte connotation symbolique pour la population puisse effrayer quelque peu.
Actuellement, il n’est pas tenu compte de la superficie des cimetières pour la labellisation. Néanmoins, les grandes villes, avec leurs grandes surfaces de cimetières, ont très tôt compris tout l’intérêt d’un tel programme pour leurs cimetières et leurs citoyens, et ont pris une certaine avance dans ce processus de labellisation.
Comme indiqué sur le site web de l’opération, il n’y a pas d’aide spécifique pour les cimetières, mais les communes bénéficient d’un accompagnement et peuvent solliciter les subsides régionaux plus généraux dans le cadre de la Semaine de l’arbre, du plan Maya, des PCDN et de l’aménagement d’espaces verts.
Vous voyez, avec ces différents types d’aide, à quel point la nécessité d’une rationalisation et d’une lisibilité des aides aux communes est nécessaire. C’est également dans cette orientation que nous nous inscrivons.
Réplique de Madame Roberty
Madame la Ministre, je vous remercie pour vos réponses.
En végétalisant les cimetières, on atteint plusieurs objectifs que l’on vient de citer : embellir les cimetières et rendre la tâche des ouvriers communaux bien plus facile pour les entretenir, car plutôt de désherber ils tondent des allées comme s’ils tondaient des pelouses, mais aussi et surtout afin d’éviter l’utilisation de produits phytosanitaires.
Pour avoir été échevine des infrastructures cimetières pendant de nombreuses années, je peux vous dire que, dans les faits et malgré l’aide bienveillante d’Écowal et d’Adalia, pour certaines communes comme la mienne, il est encore difficile d’atteindre le tout premier label « Cimetière nature » tant les contraintes pour nous restent importantes.
En s’adaptant à la réalité de certaines communes et à la configuration de leur territoire, j’espère que système de critères d’attribution pourra être prochainement rediscuté et peut-être même assoupli. Il est plus facile d’atteindre les critères quand on a de très petits cimetières que quand on a des cimetières qui mesurent, par exemple, la taille de huit à neuf terrains de football, ce qui est notamment le cas pour la Ville de Seraing. Enherber à 100 % ce genre de surface coûte très cher et, malgré les conseils, on a parfois des difficultés à communiquer au niveau de notre population, comme vous venez de le dire.
Ce n’est pas une question de désintérêt de la part des communes, c’est aussi un manque de connaissances pratiques et d’explications à fournir à la population qui ne comprend pas ce changement. La population préférerait, à mon avis, avoir des espaces de bitume où plus une seule herbe ne fait surface que ce qui représente, à leurs yeux, des mauvaises herbes. À mes yeux, aucune herbe n’est mauvaise, mais il est encore très difficile de le faire comprendre à la population malgré les campagnes de publicité que peut faire Adalia dans l’aide aux communes.