Le « Plan genre » a été adoptée en Wallonie. Les mesures définies permettront-elles de soutenir l’entrepreneuriat féminin ?
Question de Sabine Roberty du 30/03/21 à Willy Borsus, Ministre de l’économie
Monsieur le Ministre, j’ai déjà eu l’occasion de vous interroger sur l’entrepreneuriat féminin et sur les obstacles importants qui existent encore aujourd’hui.
Actuellement, en Belgique, seul un entrepreneur sur trois est une femme et les raisons de cette sous[1]représentation sont nombreuses.
Dans la DPR, votre Gouvernement s’était engagé à relever ce défi en annonçant un accompagnement spécifique aux femmes créatrices de leur propre emploi et d’entreprise, et ce, notamment à travers « la nouvelle programmation renforcée d’entrepreneuriat féminin pour la période 2021-2025, des opérations de sensibilisation et la poursuite du tutorat pour les femmes entrepreneures ».
Récemment, le Gouvernement a annoncé l’adoption de son plan transversal « Égalité hommes-femmes », qui reprend 44 mesures que les différents ministres de votre Gouvernement mettront en œuvre, au sein de leurs compétences, d’ici la fin de la législature. Parmi les mesures, nous pouvons relever celle qui prévoit d’assurer une meilleure visibilité des entreprises pilotées par des femmes.
Monsieur le Ministre, comment développerez-vous cette mesure ? Comment votre Gouvernement entend-il rencontrer cet objectif bien spécifique ?
En réponse à ma question de décembre dernier, vous nous précisiez travailler en collaboration avec la ministre de l’Égalité des chances, Christie Morreale, à un ensemble de dispositifs qui permettraient de rencontrer les engagements pris dans la DPR pour mieux accompagner l’entrepreneuriat féminin.
Quelles sont actuellement vos actions à ce niveau ? Les dispositions prises dans le plan Genre aujourd’hui découlent-elles de ce travail ou un autre plan concernant spécifiquement l’entrepreneuriat féminin est-il toujours en cours d’élaboration ? Si oui, comment conciliez-vous les deux actions de ces plans ?
Réponse du ministre
Madame la Députée, tout d’abord, je soutiens totalement les initiatives prises notamment par ma collègue, mais par l’ensemble du Gouvernement visant à ce que la dimension genrée d’un certain nombre d’exercices de responsabilité soit plus équilibrée, que ce soit dans le domaine économique ou dans d’autres responsabilités institutionnelles, dans nos outils économiques, dans les invests ou encore dans d’autres structures.
Deuxièmement, avec la SOWALFIN, nous travaillons actuellement au fait d’établir un cadastre de façon plus affinée des éléments statistiques par rapport aux sociétés, aux sociétés où la SOWALFIN ou les outils financiers interviennent, de manière à avoir une vision beaucoup plus granularisée de la situation.
Troisièmement, c’est repris dans votre question, je pense que l’on a besoin – il y en a un certain nombre – de modèles et de mettre en exergue les modèles de femmes entrepreneures dans différents secteurs, des secteurs ou des carrières plus connues, mais d’autres qui le sont moins, des groupes importants jusqu’à des petites entreprises, des activités qui étaient « plus connotées masculines ». Vous voyez la campagne de l’IFAPME notamment qui inclut une dimension genrée. Bref, toute une série d’éléments de représentation positive de l’investissement féminin par rapport à des carrières.
Dans cette médiatisation, il y a aussi un outil, que vous avez peut-être vu, ce sont les campagnes Waldorado, qui sont aussi soutenues par la Région wallonne et qui ont un beau succès. On met en exergue l’entrepreneuriat de façon générale, mais on a décidé d’inclure dans la prochaine campagne une mise en valeur plus importante de l’activité entrepreneuriale des femmes.
Par ailleurs, avec Christie Morreale, l’outil de l’accompagnement à l’autocréation d’emploi, les SAACE, que vous connaissez probablement bien, permet aussi d’aider un certain nombre à se lancer dans une carrière d’indépendante ou d’entrepreneure. L’idée est aussi de pouvoir affiner le dispositif d’accompagnement à l’autocréation d’emploi pour aussi intégrer la dimension genrée, en ce compris des représentations que l’on a à tort à l’extérieur, que les personnes ont parfois elles-mêmes, des possibilités qu’elles pourraient avoir de telle ou telle autre carrière.
Il en sera de même en ce qui concerne nos outils d’accompagnement et nos outils économiques d’accompagnement à l’activité que sont la SRI, la SOGEPA et la SOWALFIN.
En ce qui concerne le plan Entrepreneuriat féminin, vous me posiez très légitimement la question. La ministre en charge notamment de l’Égalité des genres a une vision transversale d’un certain nombre d’actions politiques.
On vient nicher des objectifs dans les compétences qui sont les nôtres, le plan général, cela me semble adéquat. Mais je n’exclus pas d’avoir en plus, alors de façon beaucoup plus précise, ciblée, des volets « entrepreneuriat féminin » complémentairement. Il y a l’objectif général, on y contribue et l’on souhaite bien sûr y contribuer encore significativement à l’avenir, mais il n’empêche qu’on ne doit pas considérer que ceci est la fin de l’action, ni la fin de l’ambition. Je pense qu’il serait heureux de pouvoir complémentairement à cela décliner de façon plus détaillée un plan d’action concernant l’entrepreneuriat féminin auquel nous continuons à réfléchir même si les priorités liées à la crise du covid nous ont évidemment impacté en termes de temps et en termes de disponibilité.
Lorsque je vois les chiffres statistiques et l’évolution des chiffres statistiques d’un certain nombre de responsabilités entrepreneuriales genrées, je constate dans les faits qu’il y a peu de progrès au cours de ces dernières années. Si l’on veut vraiment avoir une évolution beaucoup plus significative, il est clair que l’on doit aussi se mobiliser avec des leviers plus conséquents.
Réplique de la députée :
Merci, Monsieur le Ministre, pour l’ensemble des réponses que vous venez de m’apporter.
Vous avez parlé d’un cadastre afin d’affiner les statistiques pour avoir une meilleure vision de la réalité d’aujourd’hui. Cela je pense que l’on ne peut que s’en réjouir, c’est un outil qui nous permettra d’y voir effectivement plus clair. Vous avez parlé de l’IFAPME et Waldorado et je ne peux qu’y souscrire. J’ai effectivement vu ce qu’ils faisaient pour le moment. Vous avez également parlé du fait que vous alliez mener deux choses en parallèle : – le NISS demandé par le plan Genre via Mme Morreale ; – votre propre analyse de la situation sur l’entrepreneuriat féminin.
C’est vraiment de nature à me réjouir et à nous réjouir toutes et tous puisque, on n’arrête pas de le dire, il n’y a qu’une femme sur trois qui est entrepreneure chez nous.
C’est un sujet qui va donc pouvoir encore être évoqué au sein de cette commission tout au long de la législature. Je n’hésiterai pas à revenir vous interroger pour en savoir plus.
Source : Compte-rendu intégral de la commission de l’économie, de l’aménagement du territoire et de l’agriculture du 16/03/21 du Parlement de Wallonie