Pour obtenir des millions de vues et monétiser celles-ci, certains n’hésitent pas à recourir à de faux sauvetages d’animaux, lesquels sont diffusés en ligne. Comment lutter contre ce phénomène ?
Question écrite du 16/03/21 de Sabine Roberty à Céline Tellier, Ministre du bien-être animal
La bêtise humaine n’a pas de limites, visiblement la cruauté non plus. Pour obtenir des millions de vues et monétiser celles-ci, certains n’hésitent pas à recourir à de faux sauvetages d’animaux, lesquels sont diffusés sur Youtube et autres réseaux sociaux.
Dans lesdites vidéos, ces personnes peu scrupuleuses mettent délibérément des animaux dans des situations dangereuses et se filment ensuite pendant qu’elles leur portent secours. Animaux coincés dans des grillages, sous des gravats, dans des substances toxiques ou attaqués par un autre animal, telles sont les scenarii de sauvetage que tout un chacun pourra trouver sur le web.
Bien entendu, ces individus n’hésitent pas à blesser eux-mêmes l’animal avant le tournage. Certains animaux, pour les besoins du film, ne survivent pas. D’autres, succombent simplement à leurs blessures, fussent-elles infligées pour la première fois ou répétées.
Lorsqu’on y regarde de plus près, on se rend rapidement compte que les animaux, acteurs malgré eux, sont réutilisés dans des vidéos ultérieures, dans de nouvelles mises en scène imaginées par l’esprit malade de ceux qui en tirent profit. Le filon commence à être surexploité. Beaucoup ont compris qu’il y avait beaucoup d’argent à y gagner. Depuis, c’est la course au sensationnel, à celui qui proposera le meilleur scénario. Malheureusement, les vidéos n’en deviennent que plus sordides encore.
Madame la Ministre a-t-elle connaissance de cette pratique ? En connaît-elle l’ampleur ?
Sait-elle si de telles pratiques ont lieu sur notre territoire ? Comment freiner, empêcher, ce phénomène ?
Une large information auprès du public n’est-elle pas absolument nécessaire pour l’enrayer ?
Réponse du 15/04/21 de la ministre
Comme je le répète lors de chaque Commission, les animaux sont des êtres sensibles. Ils doivent être traités avec respect et dignité, c’est une évidence. Malheureusement, les faits décrits sont assez révélateurs d’une certaine vision de l’animal qui existe toujours, malgré les évolutions en cours.
De manière générale, je condamne toute instrumentalisation des animaux à des fins lucratives, a fortiori si ces pratiques impliquent de la maltraitance animale.
Concernant le cas cité, ni mon administration ni moi-même ne disposons d’informations. Il semble qu’une communication sur un tel sujet risque de susciter un intérêt morbide, voire stimuler les attitudes déviantes décrites. Si toutefois des cas particuliers étaient mis en évidence, ceux-ci pourraient faire l’objet d’un procès-verbal sur base de l’article D.105. § 1er du Code du Bien-Être animal, qui stipule :
« Commet une infraction de deuxième catégorie au sens du Livre Ier du Code de l’Environnement, celui qui :
1° se livre, sauf pour des motifs légitimes, à des actes qui ont pour conséquence de faire périr un animal sans nécessité ou de lui causer sans nécessité des lésions, mutilations, douleurs ou souffrances »
En revanche, la sensibilisation concernant la sentience des animaux est un axe majeur pour accompagner et renforcer l’évolution des mentalités et pratiques.
J’avance en ce sens, à la fois en travaillant sur l’intégration du rapport aux animaux dans l’Éducation relative à l’Environnement, et à travers la mise en place de campagnes de sensibilisation qui seront basées sur l’avis du Conseil wallon du Bien-être des animaux.