Question écrite du 11 mars 2020 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes
Les conditions de vie des personnes sans abri les rendent évidemment plus vulnérables et les exposent à de multiples risques pour leur santé, mentale ou physique.
D’un autre côté, leur accès aux soins est fortement limité et certains traitements ou certaines prises en charge sont incompatibles avec la rue.
Aujourd’hui, cette problématique est encore accentuée par la diminution des temps d’hospitalisation qui complique par exemple le suivi des soins postopératoires. C’est dans ce contexte que des centres « lits halte soins santé » se sont par exemple mis en place en France. Il s’agit de structures temporaires qui s’adressent aux sans-abris dont l’état de santé nécessite une prise en charge sanitaire, un temps de repos ou de convalescence, mais qui ne justifie pas une hospitalisation classique.
A Bruxelles, une initiative similaire a également été mise en place avec le centre « Medihalte » qui offre un hébergement avec 38 lits médicalisés à des personnes sans abri dont l’état de santé nécessite des soins médicaux généralement dispensés à domicile.
En Wallonie, un projet pilote initié il y a quelques années a abouti à la création d’un lit « halte soins » dans la Maison d’accueil des Sans Logis qui poursuit les mêmes objectifs.
Dans sa déclaration de politique sociale, le CPAS de Liège annonce également la mise en place d’un espace « lit halte-soin ».
Madame la Ministre a-t-elle connaissance des initiatives mentionnées ?
D’autres projets similaires sont ou seront-ils menés en Wallonie ?
Comment améliorer la prise en charge des personnes sans-abris qui nécessitent des soins de santé qui ne peuvent pas être apportés en rue ?
Va-t-elle encourager, le développement de « lits halte-soin » ?
Réponse du 31 aout 2020 de Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des femmes
L’accès aux soins de santé pour les personnes sans-abri reste effectivement complexe. Le plus souvent, les personnes n’ont pas ou plus de médecin traitant ni de suivi médical régulier. Le défaut de logement et les conditions de vie précaire influencent fortement l’état de santé des personnes sans-abri.
Tant les pouvoirs publics que le secteur associatif ont multiplié les initiatives pour apporter des réponses en termes d’accès à des soins de santé pour les personnes sans-abri.
L’antenne liégeoise d’Infirmiers de rue en est une. Celle-ci a été ouverte en mai 2019. L’équipe de l’antenne de Liège se compose de deux infirmières dont la mission principale est d’aller au contact des sans-abris pour leur apporter des soins et un accompagnement.
Les 2 travailleuses ont rencontré plus de 100 personnes depuis le lancement du projet en mai 2019, elles suivent de manière intensive 6 personnes qui sont très fortement dégradées aux plans social et sanitaire.
Je connais cette initiative. L’équipe a en effet été reçue en mon Cabinet fin 2019.
L’accompagnement des personnes sans-abri nécessite, et c’est primordial, un travail partenarial et le déploiement d’un véritable réseau de services. Cette jeune initiative, que je salue, doit probablement encore renforcer ses liens, collaborations et synergies avec l’ensemble du réseau de partenaires.
En ce qui concerne l’offre d’hébergement médicalisé, je rappelle qu’il existe 7 relais santé en Wallonie, subventionnés en 2020 à hauteur d’un peu plus de 80 000 euros chacun. Leurs missions visent à favoriser l’accessibilité aux soins de santé des personnes en situation d’exclusion.
Les Relais santé sont chargés d’accueillir et d’informer les personnes en situation d’exclusion, d’apporter les premiers soins, de les accompagner et les soutenir en vue d’une prise en charge par la première ou la deuxième ligne de soins.
Ils sont également chargés d’assurer le déploiement d’un réseau de soins au niveau local.
Le projet de lit halte-soins sur Liège est d’ailleurs né d’une concertation entre le Relais santé, l’ASBL La Fontaine et la Maison d’accueil des Sans-Logis.
Le Relais social de Liège subventionne le projet Précarité santé et Santé mentale à hauteur de 105 000 euros. Le projet propose notamment un lit halte-soins au sein de la maison d’accueil. Le relais social subventionne pour cette partie du projet ½ ETP infirmier et le prix de journée lié au lit.
Les relais sociaux ont relevé ce besoin de disposer d’un espace de soins pour les personnes sans abri. Les abris de nuit ne sont pas adaptés à accueillir des personnes qui ont besoin de soins tout en ne nécessitant pas d’hospitalisation.
Depuis plusieurs années, à Charleroi, la Structure d’Accueil Socio-Sanitaire ou « SASS » peut accueillir jusqu’à 5 personnes. Il s’agit d’un hébergement d’urgence nécessitant au niveau sanitaire ou de santé physique ou mentale, ouvert 365 jours par an, de 20h à 10h30. Le projet est le résultat d’une collaboration conventionnée entre le CPAS et l’ISPPC.
Le Gouvernement wallon, au travers de la Déclaration du politique régionale, a décidé de faire de l’éradication du sans-abrisme une priorité. Il va de soi que l’accès aux soins de santé par les personnes sans-abri constitue également une priorité.