Un risque de triple épidémie ?

Face à l’augmentation des cas de bronchiolite, de covid et de grippe nous devons rester vigilants pour garder la situation sous contrôle notamment via la vaccination.

Question orale de Sabine Robert à Christie Morreale, Ministre de la santé

Madame la Ministre, l’an dernier, les hôpitaux ont été confrontés à une triple épidémie, celle du covid, de la bronchiolite et de la grippe. La situation était restée sous contrôle l’an passé.

Aujourd’hui, nous devons déjà rester et être vigilants et nous préparer peut-être à différents scenarii.

Dans ce contexte, la vaccination contre la grippe joue un rôle considérable, on le sait, notamment pour les personnes âgées ou pour des groupes de personnes dites vulnérables.

Or, quelques récents articles de presse mettaient en évidence le fait qu’en Belgique, le taux de vaccination au sein des personnes fragiles ne semblait pas atteindre les recommandations fixées par l’OMS.

Pouvez-vous nous dire aujourd’hui ce qu’il en est effectivement en Wallonie ? Quelles dispositions prenez-vous pour sensibiliser à la vaccination contre la grippe ? Que mettez-vous aussi en place pour cibler peut-être plus précisément les groupes à risque ?

D’un autre côté, la phase du testing à grande échelle semble complexifier le suivi de la situation épidémiologique liée au covid-19. Que mettez-vous en place aujourd’hui pour assurer le suivi de la situation ?

Enfin, au vu des risques de propagation de plusieurs maladies respiratoires pendant les périodes automnale et hivernale, avez-vous prévu de mettre en place de nouvelles mesures de prévention contre la transmission des virus respiratoires ? Pouvez-vous faire le point sur les mesures actuelles ?

Réponse de la ministre :

Madame la Députée, en 2022, 498 392 vaccins ont été livrés, 77 % ont été prescrits par des médecins et 23 % par des pharmaciens.

Le nouvel outil d’enregistrement des vaccinations, VacciWal, permettra l’encodage systématique et centralisé des vaccins à chaque fois qu’une dose de vaccin est administrée par les différents professionnels de la santé.

L’enjeu de la vaccination, notamment contre la grippe, mais aussi contre le covid-19 et le virus respiratoire syncytial, est important puisque la vaccination permet de réduire la morbimortalité des plus fragiles dans notre population et également de réduire la pression sur les soins de santé.

Dans ce sens, les avis du Conseil supérieur de la santé recommandent une vaccination simultanée pour la grippe et le covid, tout en disant aussi qu’il ne faut pas attendre. Le plus important étant de pouvoir déjà passer à la vaccination contre le covid-19 puisque les vaccins sont disponibles. Depuis le 6 octobre, une campagne de communication a débuté afin d’encourager cette vaccination et rappeler l’ensemble des gestes barrières utiles pour éviter les maladies respiratoires ou les formes sévères de cette maladie.

Cette campagne est ainsi concomitante avec l’ouverture des centres, prévue le 16 octobre ainsi que les antennes de vaccination covid. Les fédérations de pharmaciens mettent également en place une communication à l’échelle nationale. Différents dispositifs sont en place permettant d’anticiper la saison grippale ainsi que de sensibiliser à la vaccination auprès des personnes à risque.

Une sensibilisation est organisée via les projets « Hospital Outbreak Support Team », des professionnels hospitaliers prenant en charge des publics cibles. Un guide de vaccination chez l’adulte en Région wallonne destiné à tous les professionnels a vu le jour. Il s’agit d’un recueil d’informations synthétiques, fiables, actualisées et scientifiquement validées.

Ensuite, la toolbox mise en place par la Cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ, à destination des maisons de repos et des maisons de repos et de soins, est toujours disponible et est régulièrement mise à jour. Enfin, la collaboration avec les organismes assureurs par la mise en place des agents de prévention qui sont installés est aussi un plus, en la matière puisqu’elle permet d’assurer la sensibilisation à la vaccination auprès des affiliés les plus fragiles.

Les médecins de l’AViQ forment chaque année ces agents de prévention sur la vaccination de manière générale et pas uniquement sur le covid-19. Au niveau des MR-MRS, une sensibilisation des professionnels à la vaccination a également été mise en place auxquels les résidents, les familles et les médecins généralistes ont également accès ; les OST lancés après la première vague du covid, les outbreak support teams, y jouent notamment un rôle essentiel.

L’ouverture de la vaccination « grippe » aux pharmaciens pourra permettre également d’augmenter le taux de vaccination au sein de la population. C’est intéressant de voir qu’en réalité la vaccination chez les pharmaciens ne se substitue pas à la vaccination chez le généraliste, mais qu’au contraire, elle permet d’élargir le spectre des personnes qui sont protégées. De ce point de vue, nous avons constaté à propos de la vaccination covid-19 que c’était un plus.

Il s’agira également d’analyser ce nouveau fonctionnement et de tirer les premières conclusions sur l’efficacité d’une telle démarche. Au niveau de la surveillance, un représentant de l’AViQ participe au groupe d’évaluation des risques Respi Radar. Le covid ayant été associé aux autres virus respiratoires, un nouvel outil a été développé permettant de suivre l’évolution des pathogènes viraux respiratoires tout au long de l’année avec un focus plus important en automne et en hiver.

Cet outil reprend trois niveaux d’alerte en fonction du taux de circulation virale. Les données proviennent des consultations des généralistes, des symptômes grippaux en maisons de repos, des admissions à l’hôpital et de la concentration de SARS-CoV-2 dans les eaux usées.

La première réunion de ce RAG Respi Radar a eu lieu de 21 septembre 2023 et chaque semaine une analyse des données y est réalisée. Le RAG rend ensuite un avis au RMG concernant le niveau de circulation viral établi et le RMG prend les mesures adéquates en fonction du niveau de gestion. Enfin, les mesures concernent, d’une part, la population générale et d’autre part, les soins de santé au sens large. Nous sommes actuellement en niveau de gestion 1. Les mesures pour la population générale sont limitées au fait de ne pas transmettre une pathologie virale, c’est-à-dire rester chez soi ou porter un masque et d’éviter tout contact avec des personnes dites fragiles lorsque l’on est malade.

L’avis 9768 du CSS a été validé par le RMG pour ce même niveau de gestion 1 ; c’est ce dernier qui a été adapté pour les collectivités. En ce qui concerne de futures mesures, le Conseil supérieur de la santé travaille actuellement sur les recommandations pour les niveaux de gestion 2 et 3 dans les secteurs de soins de santé. Nous attendons donc les recommandations pour les implanter dans nos collectivités en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique.

Réplique de la députée

Je vous remercie pour tous les éléments de réponse que vous venez de nous fournir.

Il faut absolument rappeler que se vacciner est important et que l’on n’est pas obligé d’attendre la fin de ce mois-ci pour se faire vacciner contre la grippe. On peut déjà combiner les deux.

J’aimerais rappeler les gestes barrières, car je pense que c’est fondamental. On voit déjà dans la population des gens qui se promènent avec des masques, soit pour se protéger eux-mêmes, soit pour protéger leurs proches et les autres. Je pense que l’on a beaucoup appris de cette période covid.

J’aimerais rappeler le travail fondamental des médecins généralistes et des pharmaciens associés aux campagnes de vaccination. C’est aussi à mettre en évidence. Vous avez donné, si je ne m’abuse, la date du 16 octobre pour l’ouverture des centres de vaccination pour le covid. Ce sera bien aussi de le communiquer aux personnes qui nous entourent.

Source : Compte-rendu intégral de la réunion de la commission de l’emploi, de l’action sociale et de la santé du 10 octobre 2023