Les ministres des droits des femmes, Christie Morreale, Bénédicte Linard et Nawal Ben Hamou ont annoncé la création d’une Conférence interministérielle « Droits des femmes ». Quelles seront les premiers objectifs ?
Question orale du 21 janvier 2020 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes
Madame la Ministre, sous votre impulsion, ainsi que celle de vos collègues, les ministres Mmes Linard et Ben Hamou, la conférence interministérielle Droits des femmes a été créée en décembre dernier. Vous en aviez parlé dès votre entrée en fonction. Des actes ont donc suivi les paroles.
En effet, le morcellement des compétences constitue un frein important à la mise en place des politiques efficaces. C’est donc un pas considérable qui a été posé. Ainsi, la création de ce lieu de concertation entre les entités fédérées favorisera des politiques intégrées sur le territoire de Bruxelles et de la Wallonie. Cette démarche répond d’ailleurs aux dispositions de la Convention d’Istanbul, mais aussi à une demande des associations de terrain qui pointent régulièrement du doigt cet éparpillement des compétences.
Vous avez annoncé que la priorité serait la lutte contre les violences faites aux femmes, c’est en effet un enjeu majeur qui a déjà été abordé plusieurs fois au sein de notre commission. Les chiffres, toujours plus glaçants, ont été évoqués et ils témoignent d’une réelle urgence.
D’autres thématiques ont également été évoquées, telles que la lutte contre les discriminations, l’emploi, la vie politique, le gender mainstreaming ou la participation des femmes au monde digital.
Pouvez-vous revenir plus en détail sur la méthode de travail qui sera celle de cette CIM ? Quels sont les objectifs prioritaires ?
Je connais votre attention pour la concertation et l’implication des acteurs de terrain. Comment ceux-ci seront-ils associés au travail de cette CIM ?
Réponse de Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes.
Madame la Députée, dans les trois-quatre jours qui ont suivi notre prise de fonction, Mme Linard, Mme Ben Hamou et moi nous sommes rencontrées et nous sommes dit tout de suite que l’on essaierait de mener directement des actions concertées, parce qu’ensemble on est plus fortes. On sait aussi que, dans le cadre du morcellement des compétences, sur la question particulière des violences à l’égard des femmes, on a des complications et des freins pour mener des politiques communes.
On a voulu mettre en place très rapidement cette CIM. Nous l’avons fait passer dans nos différents gouvernements et nous avons effectivement obtenu un accord à la fois dans nos gouvernements respectifs, mais aussi à la fameuse réunion où les ministres des différents niveaux de pouvoir se rencontrent.
L’objectif de la CIM vise l’ensemble des discriminations faites aux femmes, que ce soit en matière de lutte contre les stéréotypes de genre, en matière d’emploi, de formation, que notre priorité de travail sera la lutte contre les violences faites aux femmes, parce que les chiffres sont éloquents. Nous l’avons évoqué plusieurs fois au sein de cette commission et en séance plénière : 100 féminicides depuis 2017 en Belgique, cela correspond à trois meurtres de femmes chaque mois, parce qu’elles sont des femmes. Par ailleurs, on estime qu’il y a 18 viols par jour en Wallonie, il est donc urgent d’agir.
La composition de la CIM sera définie lors du prochain Comité de concertation, qui aura lieu le 19 février prochain. La méthode de travail sera définie dans le règlement d’ordre intérieur qui sera propre à la CIM Droits des femmes, qui sera adopté lorsque celle-ci sera véritablement constituée.
Il s’agira :
– de définir des sous-thématiques de travail ;
– de dresser un état des lieux ;
– d’évaluer les stratégies et législations existantes et, le cas échéant, de les améliorer.
Si l’agenda m’empêche encore d’être très précise sur les modalités de fonctionnement, je veux déjà vous réaffirmer ma volonté de m’inscrire dans une mouvance participative et de travailler en étroite collaboration avec les associations de femmes. Je veillerai à ce qu’elles soient entendues et que le travail de concertation qui a été mené, notamment par Isabelle Simonis, à la Fédération Wallonie-Bruxelles, puisse aussi servir d’exemple pour les politiques que nous mènerons en Région wallonne et que les recommandations soient examinées consciencieusement.