Question orale du 16 juin 2020 de Sabine ROBERTY à Christie MORREALE, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes.
Madame la Ministre, ce 8 juin, Arc-en-ciel Wallonie publiait un communiqué de presse concernant le soutien des villes et communes wallonnes à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie. Celles-ci étaient invitées à hisser le drapeau arc-en-ciel de la maison communale le 17 mai et même durant tout le mois si elles le souhaitaient. Elles avaient aussi la possibilité de distribuer des pin’s aux couleurs de l’arcen-ciel à leurs citoyens et citoyennes. Pourtant, seule une ville ou commune wallonne sur deux a participé à cette initiative. La participation de la Wallonie progresse de 12 % depuis la précédente édition, mais nous sommes encore loin derrière nos voisins flamands et bruxellois proches d’un taux de participation de 100 %. Madame la Ministre, je connais votre attachement à cette cause et vous l’avez d’ailleurs réaffirmé, lors d’une interview menée par Arc-en-ciel à l’occasion de la journée du 17 mai. Quelle réception faites-vous de ce rapport ? Comment entendez-vous soutenir le travail des maisons arc-en-ciel ? Comme vous l’avez justement souligné lors d’une interview, « la puissance publique doit être le moteur et la garantie des émancipations individuelles ». Dès lors, comment mieux sensibiliser les villes et communes wallonnes et les encourager à soutenir les opérateurs d’Arc-en-ciel Wallonie, lesquels se disent tout à fait disposés à travailler avec celles-ci ? Vous avez mentionné que l’élaboration du Plan d’action interfédéral contre la discrimination et la violence à l’égard des personnes LGBTQI+ avançait bien. Pourriez-vous nous en dire davantage à ce sujet ? Quand pouvons-nous espérer le voir aboutir ?
Réponse de Christie MORREALE, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes.
Madame la Députée, merci pour vos questions. J’ai pris connaissance des chiffres de participation des communes à l’action d’Arc-en-ciel Wallonie qui s’est déroulée dans un contexte de crise sanitaire exceptionnel, par exemple sur la distribution des pin’s. Cela a été beaucoup plus compliqué à faire, mais on était dans la symbolique avec le hissement du drapeau. On a un taux de participation qui s’explique sans doute par cette crise, mais cette initiative se doit néanmoins d’être soulignée et soutenue, comme l’implication des communes participantes. Au niveau du cabinet, j’avais souhaité hisser le drapeau qui flotte toujours fièrement d’ailleurs. Je voudrais vous dire aussi qu’un certain nombre de communes ayant vu cela s’y sont engagées. Je parlais récemment avec le bourgmestre de Blégny qui me disait : « L’année prochaine, je m’y engage, comme d’autres communes ». La Région wallonne soutient activement les maisons arc-en-ciel à travers leur subvention annuelle de 40 000 euros et la Fédération des MAC via une subvention de 70 000 euros ; les MAC étant les maisons arc-en-ciel, car dit comme cela, c’est un peu… (Rires) Je suis contre les acronymes. Donc, la Fédération des maisons arc-en-ciel a une subvention de 70 000 euros. En outre, les projets de qualité qu’ils portent sont souvent soutenus par le biais de subventions facultatives. Sachez qu’une des missions des maisons arc-en-ciel est d’accompagner les initiatives locales, qu’elles soient publiques ou privées visant à fournir une aide aux personnes LGBT et soutenir l’émergence d’un réseau local d’organisations LGBT. Dans ce cadre, les contacts qu’entretiennent les maisons arc-en-ciel avec les villes et communes où elles sont implantées sont d’ores et déjà nombreux. Comme vous le soulignez, ces contacts gagneraient sans doute à être renforcés davantage encore et cette réflexion pourrait, par exemple, s’intégrer dans le cadre d’un futur plan interfédéral contre la discrimination et la violence à l’égard des personnes LGBT. Comme vous le savez, ce plan est élaboré par toutes les administrations du pays au sein de la Plateforme interfédérale de l’égalité des chances depuis plusieurs mois. En avril, mon administration et mon cabinet se sont mis d’accord sur une méthodologie et sur le calendrier qui a certes été revu en fonction de la crise sanitaire. La société civile a été consultée sur la méthodologie et les objectifs stratégiques et opérationnels qui devaient être intégrés dans le futur plan. Les administrations vont être chargées maintenant d’identifier les actions qui pourraient être développées à chaque niveau de pouvoir en relevant les collaborations possibles et en mentionnant les bonnes pratiques existantes. Il s’agit là d’élaborer un plan cohérent, réaliste et en phase avec les revendications du terrain. Toutefois, pour voir ce plan aboutir et adopté, il faut qu’un Gouvernement fédéral de plein exercice puisse être formé. Enfin, au sujet de la pertinence des moyens alloués aux maisons arc-en-ciel et de leurs missions, j’ai demandé à la Fédération des maisons arc-en-ciel, en décembre dernier, de réaliser un état des lieux de la situation et de me faire des recommandations afin d’améliorer le dispositif. La semaine dernière, la fédération m’a transmis un rapport dans lequel il est relevé que les maisons arc-enciel parviennent, dans l’ensemble, à assurer leurs missions, mais que certaines d’entre elles vivent des situations difficiles. Les limites du décret qui prévoit l’agrément y sont également pointées. Ce rapport est une bonne base pour le travail que je compte mener avec la fédération pour améliorer le dispositif existant. Je ne manquerai pas de vous faire part des avancées dans ce secteur.
Réplique de Sabine ROBERTY
Je voudrais remercier Mme la Ministre pour l’ensemble de ses réponses. Douze pour cent, je l’ai dit, de progression par rapport à l’année dernière, ce n’est pas rien ou c’est déjà cela. Cela dépend de quel côté on se place, mais je me réjouis de cette progression. Le concours de chacun semble primordial pour faire évoluer les mentalités et les droits des personnes LGBTQI+. L’échelon communal, niveau de pouvoir le plus proche du citoyen, est un intermédiaire de première importance, de première ligne. En ce sens, je ne peux qu’espérer que le taux de participation des villes et des communes connaîtra une croissance notable lors des prochaines éditions, en espérant qu’il n’y ait plus le covid qui passe par là, et nous pourrons nous réjouir des chiffres de l’année prochaine. Je n’hésiterai évidemment pas à revenir vers vous et vers votre commission pour suivre ce dossier.