Question orale du 11 février 2020 de Sabine ROBERTY à Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
De nombreuses études ont démontré que la pratique culturelle et artistique dès le plus jeune âge favorise l’épanouissement des jeunes enfants. Dans sa Déclaration de politique communautaire (DPC), le gouvernement a d’ailleurs insisté sur l’enjeu essentiel de la pratique culturelle dans tout le parcours des enfants, dès la crèche. J’ai pu prendre connaissance du rapport d’évaluation concernant l’éveil culturel subventionné en structures d’accueil. Ce rapport témoigne de la nécessité d’apporter des améliorations aux dispositions déjà existantes. Il semblerait que, sur un panel de 166 structures répondantes, 12 % n’organisent aucune activité d’éveil culturel. Bien que ce constat doive être nuancé, disposez-vous, Madame la Ministre, de pistes pouvant expliquer les disparités de pratiques entre les différentes structures d’accueil de la Fédération Wallonie-Bruxelles? De quelle manière prévoit-on, comme le proposent les recommandations du rapport, de professionnaliser l’encadrement de l’accueil culturel? Dans quelle mesure ces activités d’éveil tiennent-elles compte des enfants en situation de handicap? Sur la base de quels critères les candidatures des compagnies sont-elles retenues? Est-il prévu de revoir les modalités d’introduction des projets pour répondre à la nature artistique de ceux-ci? Au regard de la composition du jury, les artistes postulants ont le sentiment de ne pas être jugés par leurs pairs. Quel est votre avis à ce sujet? Si vous estimez cette revendication légitime, envisagez-vous de revoir la composition de ce jury? Finalement, quels sont les moyens consacrés à cette politique en 2020? L’enveloppe de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) sera-t-elle renforcée durant cette législature?
Réponse de Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
En tant que ministre de l’Enfance et de la Culture, je suis très attachée à l’éveil culturel des enfants. La petite enfance est la période où prend racine l’éveil à soi, aux autres et à son environnement. Outre les lectures, le travail autour du livre et des contes, l’apprentissage aux arts plastiques ou encore les activités musicales qui ont déjà lieu dans les milieux d’accueil; les spectacles qui y sont proposés font partie des premiers contacts avec la culture. Favoriser l’accessibilité des enfants à l’éveil culturel, c’est participer au développement de leur vie sociale, économique et culturelle et donc à leur citoyenneté. Cet éveil leur permet d’expérimenter et de laisser s’exprimer leur créativité, leur imaginaire. Il permet aussi aux professionnels de porter un autre regard sur les enfants, sur leur émerveillement et sur leurs émotions. J’ai effectivement pris connaissance du rapport d’évaluation de l’ONE. Il confirme l’importance de l’éveil culturel dans les structures d’accueil de la petite enfance et nous incite à y consacrer plus de moyens humains et financiers. Le budget initial de 2020 prévoit un montant de 114 700 euros. Ce rapport fait état de certaines évolutions positives, mais il témoigne également de la nécessité d’améliorer les dispositifs existants. Certaines recommandations qui n’occasionnent aucun coût et qui sont directement applicables ont déjà été mises en œuvre et d’autres le seront encore dans le futur. Ces recommandations seront réexaminées globalement au moment du prochain appel à candidatures. J’en viens maintenant à vos questions précises, Madame Roberty. Les raisons qui expliquent que 12 % des structures répondantes déclarent n’organiser aucune activité d’éveil culturel sont multiples. Dans plus de la moitié des cas, la raison principale est l’absence d’un budget suffisant. Toutefois, je rappelle que la notion d’éveil culturel peut se décliner sous diverses formes, et que ce constat est donc à nuancer. La sélection des compagnies se fait sur la base de critères de recevabilité, puis sur celle de l’appréciation d’un jury en fonction de critères de sélection préétablis. Le jury est actuellement composé de trois types de profil: des profils psychopédagogiques, des profils culturels et des professionnels issus du secteur de l’accueil de la petite enfance. Vu les frustrations qu’il suscite, j’estime que sa composition mérite d’être réétudiée. Quant à la manière dont il faudrait apprécier les recommandations du rapport pour professionnaliser l’encadrement de l’accueil culturel, je souhaite prendre le temps de l’analyse avant de m’avancer plus précisément. La DPC prévoit l’instauration du parcours d’éducation culturelle et artistique (PECA) dès l’école maternelle. Je soutiens totalement cette dynamique, sur laquelle Mme Désir et moi-même travaillons beaucoup. Il me semble essentiel d’élargir ce modèle à la petite enfance, mais une réflexion à ce sujet devra être menée en concertation avec les opérateurs de terrain. Pour conclure, je tiens à ce que la question de l’éveil culturel dans la petite enfance soit envisagée dans une perspective d’ouverture et d’accessibilité à toutes et tous, avec une attention particulière pour les enfants précarisés.
Réplique de Sabine ROBERTY:
Dans votre réponse, Madame la Ministre, vous avez évoqué les enfants précarisés, mais pas ceux en situation de handicap. Je reviendrai donc vers vous à ce sujet.