Lorsque l’on rédige nos courriels, qu’on lance unesérie en streaming, que l’on effectue une rechercheInternet, nous ne sommes que très peu éclairés surl’impact environnemental de nos pratiques. Mais qu’en est-il réellement ?
Question orale du 14/07/20 de Sabine ROBERTY à Willy BORSUS, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences
Monsieur le Ministre, en Belgique, 99,93% des ménages ont Internet chez eux et,clairement, l’on peut dire les nouvelles technologies ont changé notre mode de vie et notre façon de travailler. Sila digitalisation a des impacts positifs, elle a aussi des impacts négatifs. Aujourd’hui, si l’on y réfléchit à deux fois, sommes-nous conscients de l’empreinte environnementale que représente notre activité numérique? Sommes-nous conscients de l’impact de l’impression d’un document sur notre environnement,de l’impact du stockage de nos données, de nos courriels, de l’empreinte environnementale que représente toute notre activité numérique? Pas vraiment, et pourtant.
Lorsque l’on rédige nos courriels, qu’on lance une série en streaming, que l’on effectue une recherche Internet, nous ne sommes que très peu éclairés sur l’impact environnemental de nos pratiques. En plus de ces considérations liées à l’usage que l’on fait du numérique, la fabrication des outils nécessaires à cette activité a elle aussi inévitablement un impact écologique considérable.
Bien évidemment, en parallèle, le développement du numérique présente aussi plusieurs avantages écologiques. Parlons de la limitation de l’usage du papier et des impressions, de la dématérialisation des supports qui permettent de réduire les émissions carbone ou encore de la limitation des déplacements grâce, par exemple, aux vidéoconférences.
Mais ne nous leurrons pas: ces technologies produisent elles-mêmes des émissions de gaz à effet de serre qui vont continuer à croître dans les années à venir. Dans un monde toujours plus connecté où le numérique occupe une place de plus en plus importante,il est important d’associer la question environnemental eà celle du développement numérique.
Comment cette question environnementale s’intègre-t-elle dans la stratégie wallonne du numérique et des nouvelles technologies?
Un axe «Société digitale» a été introduit dans la stratégie «Digital Wallonia» qui vise à mener une réflexion sur les impacts sociétaux et environnementaux du numérique. Des pistes ou recommandations ont-elles déjà pu être dégagées?
La sensibilisation des citoyens est également fondamentale, car certains gestes du quotidien peuvent réduire notre empreinte carbone sur Internet. Comment assurer une meilleure information et mieux conscientiser à cet impact écologique?
Réponse de Willy BORSUS, Ministre de l’Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l’Innovation, du Numérique, de l’Aménagement du territoire, de l’Agriculture, de l’IFAPME et des Centres de compétences
Madame la Députée, avant d’entrer dans le détail de ma réponse, comme vous l’indiquez très justement à la ferveur d’un passage dans votre question,il me semble important de souligner avec vous à nouveau, et sans ambiguïté, que les technologies numériques, la digitalisation, ont permis ou en tout cas ont contribué à la réponse de notre société face à la pandémie et que, sans les technologies digitales et numériques, notre société aurait été plus largement,voire complètement, à l’arrêt.
Citoyens, entreprises, services publics: notre capacité à fonctionner normalement dépend d’une combinaison d’un certain nombre de facteurs, parmi lesquels bien sûr une connectivité adaptée, fixe et/ou mobile, à haut débit, voire à très haut débit, des équipements numériques de qualité, des process décisionnels, institutionnels et économiques qui eux-mêmes sont adaptés et bien sûr une maturité numérique à la fois des usagers et des usages qui est sans cesse croissante dans notre société. Je ne reprends pas l’ensemble des éléments; j’illustre quelques-uns.
Si l’un de ces facteurs fait défaut, c’est la chaîne de valeur de notre société numérique qui est rompue ou qui est compromise. Nous ne reviendrons pas en arrière. Le numérique est désormais systémique. Il convient donc,comme vous le faites très justement, de réfléchir aux autres enjeux de notre société compte tenu de cette évolution. Partant de ce constat, la question de l’impact des technologies et usages numériques sur l’environnement est donc une question que l’on doit vraiment pleinement intégrer. Vous avez raison: c’est encore trop peu le cas aujourd’hui. C’est le cas de façon éparse, de façon diffuse, mais loin d’être une considération qui est systémique.
C’est pourtant l’ambition que se donne la Commission européenne à travers son Green Deal qui a pour but d’articuler – mais aussi en mesurant les impacts de l’un sur l’autre et inversement – le futur de l’Europe et donc de notre pays autour de l’industrie, de l’écologie et du numérique.
Dans cette optique, le challenge de la Wallonie est d’être non seulement parfaitement en phase, mais aussi un acteur majeur de ce Green Deal, de ce Waldeal si vous me permettez l’expression.
L’impact du numérique est aussi une question de vision politique et de responsabilisation de l’ensemble des acteurs de la société. C’est le sens de la démarche qui a été lancée avec le réseau des Digital Wallonia Champions dans le cadre de leur deuxième université d’été en août dernier: réfléchir au modèle de société digitale que la Wallonie entend promouvoir, modèle qui évidemment inclut l’empreinte environnementale de cette transition digitale. Les travaux de cette université ont été structuré en trois thèmes, identité, démocratie avec comme fil rouge la question du contrat social numérique que nous voulons pour demain. Deux,résilience et souveraineté avec ici comme fil conducteur la définition du cadre d’action numérique pour l’autonomie de notre territoire et enfin, obsolescence et transformation avec, comme fil conducteur, la question de la réconciliation entre numérique et développement durable. C’est ici que votre question prend tout son sens.
Ce dernier thème a précisément couvert une série des sujets parmi lesquels l’écoconception ou l’écoattitude numérique. Les technologies numériques sont-elles condamnées à être jetables? La circularité économique,le numérique peut-il nous permettre de réinventer nos modèles de production et de consommation, mais quel en est son impact intrinsèque? Le data et le développement durable, comment produire et activer les données au service d’une économie durable?
L’ensemble des propositions qui ont été formulées lors de cet événement a été compilé, analysé par l’Agence du Numérique en collaboration avec la FING qui n’est autre que la Fondation Internet nouvelle génération de réputation internationale notamment spécialisée dans ces questions. Je tiens évidemment ces travaux à votre disposition. Cela a d’ailleurs fait l’objet d’un mémorandum que l’on retrouve chez Digital Wallonia responsabilisation et stimulation,sensibilisation et promotion, tels sont quelques-uns des fils conducteurs de ces réflexions. Merci de votre préoccupation pour ce dossier.