Question du 2 février 2021 de Sabine ROBERTY à Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes
Ces dernières années, le paysage urbain a pris quelques couleurs grâce à l’apparition de fresques grandioses.
Le street art, nom anglais pour l’art urbain, est un mouvement artistique contemporain qui englobe toutes les formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. Plusieurs méthodes existent: le graffiti traditionnel ou au pochoir, les stickers, les posters, la projection vidéo, les installations de lumière, la céramique, etc.
L’art urbain s’est fait une place sur nos murs, sur nos trottoirs, sur nos monuments et dans nos parcs. Il se veut souvent subversif et provocateur. Il ne laisse pas indifférent et invite à la réflexion. Plus que tout, c’est un art accessible, fédérateur et gratuit que tout le monde dans l’espace public peut s’approprier. Il permet de donner à nos villes et communes de nouvelles couleurs.
Madame la Ministre, entendez-vous favoriser cette forme d’art? Dans l’affirmative, de quelle façon comptez-vous procéder?
Certaines villes sont très actives en matière d’art urbain, organisant même des parcours guidés autour de différentes œuvres. Bénéficient-elles d’une aide quelconque de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour encourager l’art urbain?
Existe-t-il des sites «légaux» d’art urbain pour les artistes en herbe ou confirmés? Dans l’affirmative, sont-ils nombreux et suffisants?
Depuis que cet art s’impose légalement dans l’espace public, les pratiques illégales de bombage sont-elles en diminution?
D’aucuns pensent que l’origine et la nature contestataire de cette forme d’art sont des freins à son encadrement. Quel est votre avis?
Réponse de Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes
J’ai autant de considération pour l’art urbain que pour les formes plus classiques de l’art contemporain. Comme pour toute autre forme d’art, les messages véhiculés par les artistes, qu’ils soient subversifs ou non, ne constituent aucunement un frein à mon soutien. Je suis particulièrement sensible à la démocratisation de la culture. L’art urbain permet cette démocratisation; il est en mesure de toucher un public plus jeune. C’est pourquoi je soutiens les initiatives contribuant à son développement en Fédération Wallonie-Bruxelles, qu’elles émanent d’artistes urbains eux-mêmes, ou alors d’associations ou d’institutions qui œuvrent à l’épanouissement de cette pratique. Plusieurs initiatives dynamiques et porteuses ont vu le jour en région liégeoise. Je pense notamment aux actions menées par la Centrale des arts urbains: celle-ci regroupe plusieurs collectifs artistiques qui sont actifs dans des disciplines relevant des arts plastiques comme le graffiti, l’art pictural ou les arts graphiques, mais aussi dans des formes d’expression liées aux musiques urbaines comme le break dance ou le rap. Afin de favoriser le développement de ces formes d’expression innovantes et contemporaines, j’ai récemment augmenté de 5 000 à 15 000 euros la subvention annuelle de l’ASBL Spray Can Arts. Cette subvention permettra la réalisation de fresques dans la région liégeoise et partout ailleurs en Fédération Wallonie-Bruxelles. La Centrale des arts urbains est également soutenue structurellement à hauteur de 50 000 euros sur une ligne pluridisciplinaire du budget de la Culture. Je citerai également le rôle précurseur joué par l’ASBL Lezarts urbains. Cet organisme promeut la culture urbaine soutenue à hauteur de 300 000 euros dans le domaine de la musique; il a milité pour la valorisation de la pratique phare de la culture hip-hop, qu’il défend depuis son apparition en Belgique. Le centre de documentation de l’ASBL a également mené un important travail d’archivage et une réflexion sur cette discipline. L’art urbain est en effet en mesure de rendre l’art accessible et d’amplifier son rôle fédérateur. À cet égard, je tiens à saluer le travail réalisé auprès du public scolaire à Bruxelles et à Molenbeek en particulier, là où est installé le MIMA Museum. Il va de soi que la réalisation de fresques dans l’espace public ne peut pas se faire sans l’appui des autorités locales et des propriétaires immobiliers, qui peuvent offrir aux artistes un espace d’expression. La Fédération continuera de soutenir l’art urbain en contribuant aux frais de production des œuvres et à leur médiatisation. La question sur le frein à la reconnaissance ne semble plus être d’actualité. L’art urbain est en effet devenu une discipline à part entière, pratiquée par un grand nombre de professionnels. Si certains ont sans doute œuvré un temps dans la clandestinité, ils en ont ensuite fait le cœur de leur métier.
Réplique de Sabine ROBERTY
La région liégeoise, qui m’est chère puisque j’en suis originaire, est en effet en pleine mutation et les fresques murales qui y apparaissent subliment le paysage urbain. Depuis six ans, la ville de Seraing, notamment, développe son art urbain en travaillant avec des artistes reconnus internationalement, mais aussi avec des jeunes de la région. Les murs de son centre culturel ont d’ailleurs été recouverts de fresques réalisées par de jeunes artistes sérésiens. Je me réjouis d’apprendre que les montants accordés à certaines structures ont été augmentés, voire qu’ils ont triplé. Par ailleurs, je rappelle aux collègues que certaines applications comme St’Art ou Street Art Cities permettent de voyager de fresque en fresque dans plusieurs villes à travers le monde