La Wallonie a annoncé 10 grandes mesures destinées à rendre nos routes plus sûres. Parmi celles-ci, un renforcement de l’éducation à la sécurité routière est prévu. Comment cette disposition sera concrétisée ?
Question orale de Sabine Roberty du 1/03/21 à Valérie De Bue, Ministre de la sécurité routière
Madame la Ministre, j’ai une question sur le renforcement de l’éducation à la sécurité routière. Dans le cadre des Assises de la sécurité routière, vous avez récemment annoncé 10 grandes mesures – on en a parlé en tout début de cette commission – destinées à rendre nos routes plus sûres pour tous les usagers.
Parmi ces mesures, j’aimerais personnellement revenir sur celle qui vise à renforcer l’éducation à la sécurité routière dès le plus jeune âge, notamment au travers de partenariat avec les écoles. C’est une formation continue qui est proposée, avec l’obtention d’un brevet piéton dès l’école primaire. Ce brevet sera ensuite suivi d’un brevet cycliste à la fin du primaire et d’un brevet de route partagée en secondaire d’ici 2023. Les échéances sont très rapprochées. C’est un projet ambitieux qui projette notamment la mise en place du brevet piéton dès la prochaine rentrée scolaire d’ici quelques mois.
Enfin, cet axe vise également l’adoption d’un décret[1]cadre prévoyant un agrément pour les ASBL actives en matière d’éducation à la mobilité et de sécurité routière, en EMSR.
La sensibilisation des plus jeunes et l’attention aux nouveaux modes de déplacement sont en effet primordiales. Je me réjouis qu’une attention toute particulière y soit accordée.
J’ai quelques questions à vous poser sur cette fameuse éducation. La mise en œuvre de ces mesures demandera une collaboration avec votre collègue en charge de l’Éducation, Caroline Désir, en Fédération Wallonie-Bruxelles. Celle-ci aurait-elle déjà été initiée de la part de votre cabinet ? Si oui, quels sont les premiers retours de vos rencontres ?
Les cours nécessaires aux brevets prévus dont nous avons parlé en introduction – piéton, cycliste, et cetera – seraient-ils donnés par les enseignants ou par des partenariats avec des ASBL dont j’ai mentionné également l’existence et qui sont actives dans le secteur ?
Pour terminer, dispose-t-on déjà d’un cadastre de ces ASBL en question qui sont actives chez nous en Région wallonne ?
Réponse de Valérie De Bue, Ministre en charge de la sécurité routière
Madame la Députée, parmi les mesures visant à atteindre les objectifs que le Gouvernement s’est fixés en matière de sécurité routière, l’éducation à la sécurité routière est effectivement un axe important.
Il s’agit de former, éduquer, sensibiliser nos enfants et nos jeunes à la sécurité routière dans le souci de leur assurer des déplacements sécurisés. En tant qu’usagers d’une route partagée, qu’ils soient piétons, cyclistes ou futurs conducteurs, ils doivent avoir conscience des réalités et des dangers de chaque mode de déplacement.
Les initiatives en matière d’éducation à la mobilité et à la sécurité routière sont nombreuses en milieu scolaire, vous l’avez indiqué.
Certains projets sont pourtant manquants sur notre territoire, comme le brevet du piéton qui existe à Bruxelles depuis 2014.
J’ai la volonté de structurer ces projets d’éducation à la sécurité routière afin de créer un cheminement construit depuis la première année primaire. C’est en effet en combinant les différents brevets qu’un dispositif complet des mesures sera développé.
Le brevet du piéton est en cours de développement en Région wallonne. Il constitue la première étape d’un apprentissage à la mobilité et à la sécurité routière visant la maîtrise des comportements à adopter à pied sur une voirie.
Le brevet du cycliste est proposé aux élèves de cinquième primaire depuis plusieurs années au moyen d’une subvention accordée à l’ASBL « Pro Velo ». Il représente une formation de qualité à la conduite d’un vélo en sécurité et en autonomie dans la circulation.
Ce sont donc des ASBL, actives en matière de sécurité routière et expertes en ce qui concerne spécifiquement les déplacements piétons ou cyclistes, qui proposent actuellement ces formations.
À terme, j’envisage la généralisation de ces brevets à tous les élèves de première et de cinquième primaire. Pour y parvenir, nous travaillons à l’intégration des formations liées à la mobilité active et aux déplacements sécurisés au sein de la formation initiale des futurs enseignants du fondamental. Cela devrait se compléter au niveau des formations continuées des enseignants.
En parallèle, en vue d’en assurer l’effectivité, il y a lieu d’inclure cette dimension de mobilité active et de déplacements sécurisés dans les référentiels du tronc commun.
Je vous confirme que des contacts ont été entrepris avec mes collègues de la Fédération Wallonie-Bruxelles à cet effet. Nous envisageons avec M. le Ministre Henry pour la Région wallonne, la ministre de l’Enseignement fondamental, Caroline Désir, pour la Fédération Wallonie-Bruxelles et la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, de déposer prochainement une note commune au prochain Gouvernement conjoint. Celle-ci vise notamment à soutenir l’apprentissage aux élèves à se déplacer seul en sécurité dans la circulation.
S’il est envisagé que ces formations puissent être directement dispensées par les enseignants, les ASBL actives dans le secteur conserveront un rôle d’appui. En effet, si le brevet du piéton est facile à reproduire pour un enseignant, le brevet du cycliste peut paraître plus complexe.
En ce qui concerne un éventuel cadastre des ASBL actives en matière d’éducation à la mobilité et à la sécurité routière, c’est justement l’objectif du décret[1]cadre visant à agréer celles-ci. Certaines subventions sont accordées annuellement, parfois sur base de convention-cadre. Je citerai, par exemple, Pro Velo, Fedemot ou encore la subvention accordée aux gouverneurs de provinces pour leur cellule CEP, cellule d’éducation et de prévention. D’autres, ponctuelles, sont attribuées dans le cadre d’appels à projets en éducation à la mobilité et à la sécurité routière pour des projets spécifiques, vous l’avez rappelé aussi.
Les initiatives sont extrêmement riches et variées. Outre celles visant à devenir un piéton ou un cycliste responsable, divers projets ont pour but d’apprendre à l’élève à devenir acteur de ses déplacements en anticipant les dangers et en adaptant son comportement. Ils procurent une série de conseils de prudence et apprennent un code de conduite adapté aux différentes circonstances. Certains projets visent plus spécifiquement les jeunes de l’enseignement secondaire. Dans ce cadre, j’encourage particulièrement la sensibilisation à l’utilisation des nouveaux modes de déplacement.
Il est dès lors intéressant de répertorier les différentes ASBL actives en la matière afin de construire un cadastre selon leur spécificité et leur expertise. C’est notamment sur cette base que le projet d’un brevet en secondaire lié à la notion du partage de la route pourra être initié.
L’établissement de ce décret-cadre participe donc à une volonté de structurer les actions et ainsi au développement de la mesure qu’est le renforcement de l’éducation à la sécurité routière.
Source : Compte-rendu intégral de la commission de la fonction publique, du tourisme et du patrimoine du Parlement de Wallonie du 1/03/21