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Question d’actualité du 21 avril 2021 de Sabine ROBERTY à Valérie GLATIGNY, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles.
L’histoire est touchante : Élise est étudiante en deuxième année année de master à l’Université de Liège (ULiège) en faculté de Psychologie ; Élise, c’est son nom d’emprunt. Elle est élève stagiaire au sein d’un service d’aide aux détenus et ex-détenus. Un jour, elle est sommée de rentrer chez elle pour se changer, sa tenue vestimentaire ayant été jugée trop provocante. Élise portait une jupe noire courte, des bas collants noirs semi-opaques, un T-shirt blanc et une veste en jeans. Elle ne comprend pas cette remarque et décide de ne pas poursuivre son stage. La réussite de son année scolaire dépendant de la validation de son stage, elle sait que son année est fichue. Le jour même, Élise envoie un courriel à l’ULiège pour expliquer les faits et c’est vrai, elle communique sur Facebook. Sa publication fait polémique et Élise la retire. Aujourd’hui, elle raconte son histoire sous le couvert d’anonymat, car, étant déjà titulaire d’un master en criminologie, elle a été menacée d’être mise sur liste noire dans son futur milieu professionnel. En plus de véhiculer des stéréotypes de genre, cette histoire rappelle des raisonnements qui tendent à justifier que les agressions sexuelles se produisent à cause des tenues vestimentaires portées par les victimes. Les raisonnements de ce genre sont accablants et il est triste qu’un stage se termine de la sorte. Si une tenue particulière doit être portée, il faut que les élèves le sachent avant de commencer leur stage. S’il y a un code vestimentaire à respecter, ils doivent le savoir.
Madame la Ministre, qu’il s’agisse de stages en hautes écoles ou en université, que pouvez-vous faire pour que ce type de dénouements ne se produise plus et pour que les élèves puissent, dès le départ et en pleine connaissance de cause, mieux comprendre les enjeux auxquels ils seront confrontés dans leur futur milieu professionnel ?
Réponse de Valérie GLATIGNY, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles.
Je vous remercie, Madame la Députée, pour votre question sur l’expérience vécue par Élise, cette étudiante en deuxième année de master en psychologie à l’ULiège, dans le cadre de son stage qui a tourné court. C’est l’occasion de rappeler que chacun est libre de porter les vêtements qu’il veut et que leur port ne peut jamais, en aucun cas, être une justification pour commettre une agression, lancer une interpellation sexiste ou injurier. Je rappelle aussi que ce serait faire offense aux hommes eux-mêmes que de les considérer tous comme de potentiels agresseurs ou violeurs. Concernant la réaction des établissements, je rappelle que plusieurs niveaux peuvent intervenir. Dans le cas présent, nous sommes à la jonction entre l’établissement et le lieu de stage. Tout d’abord, il faut relever le rôle du réviseur de stage. Il lui appartient d’expliquer à l’étudiante ce qui figure, par exemple, dans le règlement d’ordre intérieur des prisons puisqu’il s’agissait, dans le cas d’Élise, d’un stage au sein d’une prison. Le règlement d’ordre intérieur d’une telle institution ne signale rien concernant le code vestimentaire. En revanche, il fait référence à des attitudes qu’il s’agit, de préférence, d’éviter comme par exemple faire la bise au détenu. Dans le même ordre d’idée, il est demandé aux jeunes filles qui travaillent dans le secteur de la restauration d’attacher leurs cheveux. Il y a toute une série de recommandations qui sont généralement basées sur le bon sens. La convention de stage peut aussi être le lieu approprié pour indiquer au ou à la stagiaire la meilleure façon d’appréhender le milieu dans lequel il ou elle sera plongé.e. C’est également un élément de dialogue qui doit s’instaurer entre le superviseur de stage et l’étudiant. L’établissement a également un rôle à jouer. Il est attendu de sa part qu’il fournisse un soutien ou une information claire sur ce qui s’est passé. Je pense ici au rôle que pourrait jouer la commission « Genre » qui a été créée au sein de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) et qui pourrait se pencher sur toutes ces questions qui sont à l’articulation entre l’établissement et le lieu de stage. Enfin, on pourrait confier un rôle accru – il est d’ailleurs en cours de redéfinition – aux personnes de contact « Genre » au sein des universités qui peuvent tout d’abord faire rapport et ensuite apporter une aide aux universités et hautes écoles pour déterminer comment soutenir les étudiants et les étudiants-travailleurs sur le lieu de stage. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit en effet en premier lieu de faire rapport sur la situation vécue.
Réponse de Sabine ROBERTY
Madame la Ministre, votre réponse tombe à point nommé parce que la jeune fille en question, qui a pris Élise comme prénom d’emprunt, ne se sent pas soutenue dans ce combat. Vous faisiez référence à une personne de contact au sein des universités, qui peut apporter son soutien aux étudiants. J’espère qu’Élise nous entend et qu’elle pourra prendre contact avec cette personne. L’information et la communication sont importantes à cet égard. Il importe également de responsabiliser tous les niveaux de pouvoir, de même que les étudiants. Certaines idées et certains stéréotypes ont la vie dure. Certains d’entre eux sont même odieux. Dans l’inconscient collectif, il existe un lien systématique qui justifie la conduite d’un agresseur sexuel en fonction des vêtements portés par sa victime. Il s’agit d’une excuse d’une violence insupportable, qui culpabilise la victime et déresponsabilise l’agresseur. C’est un comble et c’est totalement inacceptable !
Photo de Lisa provenant de Pexels