Question orale du 20 septembre
2022 de Sabine Roberty à Christie Morreale, Ministre de l’Emploi, de la Santé, de l’Action sociale et de
l’Égalité des chances.
Madame la Ministre, à l’issue d’une
analyse menée par un groupe de travail, le Conseil supérieur de la santé a
déploré le fait que la recherche sur les maladies en santé mentale restait sous-financée
en Belgique et accuse ainsi un retard considérable par rapport à la recherche
sur les problèmes physiques.
Ainsi, l’organisme dénonce un
sous-financement de la recherche en la matière, mais également une mauvaise
utilisation des ressources, avec une recherche qui oublie presque entièrement
les questions liées à la prévention, à la détection, au dépistage ou encore au
diagnostic de ces maladies. Ce manque d’expertise et de données qualitatives
complexifie l’élaboration de stratégies complètes et efficaces.
Parmi les recommandations, le CSS ne
préconise pas un refinancement immédiat, mais révèle d’autres leviers pour
stimuler la recherche, avec notamment la création d’une plateforme de
connaissances qui rassemblerait toutes les recherches sur la santé mentale afin
de partager les données existantes. L’importance d’améliorer la qualité des
données collectées en développant de nouveaux outils plus fiables et d’établir
un agenda fixant les priorités est aussi soulignée.
Ces recommandations s’ajoutent par
ailleurs aux nombreuses recommandations formulées, tant par les acteurs, comme
le centre d’expertise, que par les divers parlements du pays. Comment
accueillez-vous les recommandations formulées par le CSS ? En Wallonie,
pourquoi ne pas présenter un masterplan en santé mentale au Gouvernement pour
implémenter les différentes recommandations formulées depuis la crise du
covid-19 ?
Réponse
de Christie Morreale, Ministre de
l’Emploi, de la Santé, de l’Action sociale et de l’Égalité des chances.
Mesdames et Monsieur les Députés, concernant
les actions et moyens relatifs à la prévention en matière de santé mentale, le
projet W.All.in.Health, financé par l’intermédiaire du Plan de relance wallon,
vise à développer un outil digital de gestion intégrée pour l’observation, le
suivi cartographique et le renfort des actions wallonnes en promotion et
prévention de la santé avec quatre interfaces interconnectées.
L’une de ces interfaces est dédiée au
grand public, aux professionnels, mais aussi aux chercheurs. Cette dernière
permettra une mise à disposition de toutes les activités en cours, un
répertoire des opérateurs de l’AViQ, des événements, des campagnes de
prévention en cours, mais aussi une vue didactique des données et ressources de
santé disponibles en Région wallonne.
Une autre interface concernera la
collecte de données et leur mise à disposition de la recherche, mais également
l’analyse en vue d’ajuster les stratégies tant de promotion de la santé que
dans les soins curatifs. L’objectif est d’avoir en tout temps des leviers et
ressources disponibles en matière de santé dans notre Région. La transparence
et la diffusion doivent contribuer à l’atteinte de l’objectif pour tous et par
tous.
Ce vaste projet conçu avant la
publication de l’avis du Conseil supérieur de la santé répond aux
recommandations, comme j’essaie de le faire en tout état de cause et en toute
cohérence.
Quant à la répartition et à
l’utilisation des budgets affectés à la santé mentale, je ne peux que partager
le caractère essentiel des financements alloués à la santé mentale tant en
matière de promotion de la santé, que de prévention ou encore de soins
curatifs. La législature que nous traversons se caractérise par une nette
augmentation des budgets alloués, vous l’avez évoqué à l’occasion des questions
précédentes et de l’interpellation de Mme Greoli. Le Plan de relance de la
Wallonie permet d’accroître les moyens de la promotion de la santé de manière
considérable pour opérationnaliser ce plan de promotion de la santé, ce qui est
une première depuis de très nombreuses années, peut-être même de l’histoire du
secteur. De même, les moyens du Plan de relance soutiennent l’augmentation des
ressources dans les soins de santé mentale et spécialisés en assuétudes. Comme
vous le savez, c’est à l’échelle de la Wallonie, plus de 180 équivalents temps
pleins psychologues sont venus renforcer les services agréés et actifs en
Wallonie, sans compter les moyens injectés par le Fédéral dans les équipes
mobiles ou les psychologues de première ligne. Tous ces moyens injectés par la
Wallonie seront une nouvelle fois prolongés en 2023.
Par ailleurs, j’ai soumis
dernièrement au Gouvernement wallon les arrêtés nécessaires à la mise en œuvre
du Plan de prévention et de promotion de la santé, le WAPPS, lequel contient un
axe entier sur le sujet.
Concernant une plateforme reprenant
l’ensemble des informations utiles en matière de santé mentale pour les
citoyens, on a développé le site internet trouverdusoutien.be – souvenez-vous,
j’en avais fait une campagne de communication –, qui répertorie toutes les
aides possibles en matière de santé mentale, quel que soit le type de demande.
Ce site internet est mis à jour régulièrement. Il sera mis en relation avec le
projet W.All.in.Health mentionné préalablement.
Aussi, des discussions sont en cours
entre le Fédéral et les entités fédérées pour établir un nouveau fonctionnement
au niveau des collaborations pour le monitoring des drogues et toxicomanies.
En ce qui me concerne – M. Heyvaert
pose aussi une question sur le sujet dans la foulée –, la priorité doit aller à
une meilleure connaissance des données relatives aux besoins et à la consommation
de l’offre en santé mentale, ce à quoi les projets de la Wallonie s’attellent.
Enfin concernant la révision des
bases réglementaires du secteur de la santé mentale, on est en train de rédiger
l’avant-projet de décret relatif aux services de santé mentale, qui vient
d’être finalisé. Il devrait être très prochainement soumis au Gouvernement.
Concernant ces services, la concertation a été continue à l’occasion de
l’élaboration de l’avant-projet de décret, selon la même méthodologie que celle
appliquée pour revoir le décret relatif à la promotion de la santé.
Par ailleurs, on travaille aussi à
l’intégration de la législation concernant les maisons de soins psychiatriques,
les habitations protégées, les plateformes de concertation en santé mentale
dans les bases juridiques. En faisant ce travail, on voudrait étendre, en
conséquence, le champ de compétences du centre de référence en santé mentale
pour permettre la reconnaissance d’autres centres de référence si cela s’avère
nécessaire. Je pense, par exemple, à l’UPPL – l’Unité de psychopathologie
légale – qui réalise un travail très spécifique, qui a pour mission le soutien
des thérapeutes et du système de soins dans le traitement des délinquants
sexuels. La réflexion a été complétée. Dorénavant, les soins en santé mentale
en Wallonie s’inscriront dans une stratégie préparée et concertée avec les
acteurs de terrain, en s’appuyant sur les plateformes de concertation, leurs
expertises et leurs connaissances des territoires.
Quant à l’articulation avec les
Assises de la première ligne, Proxisanté, elle se réalise depuis le lancement.
Les professionnels de la santé mentale ont été conviés à participer au
processus participatif de Proxisanté.
Le Plan stratégique en soins de santé
mentale devra s’articuler avec l’organisation de la première ligne, qui intègre
également la promotion de la santé. On essaie de faire une boucle vertueuse,
participative, cohérente et interconnectée.
Réplique de Sabine Roberty
Je vous remercie pour vos
réponses et le suivi du dossier, Madame la Ministre. Comme mes collègues, je
pense qu’il est important de travailler partout où c’est possible de manière
transversale, sans quoi on ne répondra pas efficacement à ce gros problème de
société. Qu’on l’appelle masterplan ou plan stratégique, vos initiatives vont
de toute façon dans le bon sens.
Crédit
photo : Photo de Riccardo:
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