FWB – La préservation et la promotion des langues régionales endogènes : question n°2

Question orale du 23 février 2021 de Sabine ROBERTY à Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.

Il y a environ un an, je vous interrogeais, Madame la Ministre, sur la préservation et la promotion des langues régionales endogènes sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, encadrées, pour rappel, par le décret du 24 décembre 1990 relatif aux langues régionales endogènes de la Communauté française. J’avais dit revenir sur le sujet lorsque le bilan de 2019 du Conseil des langues régionales endogènes (CLRE), instance d’avis créée pour veiller à la bonne application du décret, serait disponible. C’est d’ailleurs l’objet de ma première question : le bilan de 2019 n’est, sauf erreur de ma part, toujours pas disponible alors que celui de 2020 devrait l’être durant le second quadrimestre de 2021. Qu’en est-il ? Pouvez-vous nous donner un agenda ? Un label a été créé en 2018 pour les communes qui souhaitent préserver sur leur propre territoire les langues régionales, « Ma commune dit oui aux langues régionales ». Cette mesure doit être évaluée tous les trois ans. Nous sommes en 2021, soit trois ans après le lancement de ce label. Qu’en est-il de cette évaluation ? Le projet sera-t-il reconduit ? Auquel cas, des modifications ou évolutions sont-elles à prévoir ? Par ailleurs, comme vous l’aviez souligné, les communes rencontrent plusieurs difficultés pour la mise en place effective de ce projet, comme le nombre restreint et l’âge des locuteurs ressources – ce qui prouve, pour ceux qui en douteraient encore, que ce patrimoine est en voie de disparition –, ou le manque d’informations sur le matériel scientifique, littéraire ou pédagogique disponible. Comment entendez-vous apporter des solutions à ces difficultés ? Il y a un an, vous aviez indiqué qu’un marché public relatif à la mise à disposition de ressources et d’outils en fonction de l’aire géolinguistique considérée était en cours d’élaboration. Où en est-on aujourd’hui à cet égard ? Vous aviez admis que le budget alloué aux langues régionales avait, en raison de son caractère modeste, exclusivement été utilisé à des publications. Pour quels motifs privilégier les publications ? La variété des supports et des initiatives n’est-elle pas préférable ? En 2015, le CLRE avait édicté 25 points d’actions prioritaires pour revitaliser les langues régionales sur notre territoire. Parmi les avancées en la matière, vous aviez déclaré que l’enquête sur la présence des langues régionales endogènes dans les milieux scolaires et parascolaires avait été réalisée. Quels en sont les résultats ? Quelles pistes de réflexions et de solutions offre cette enquête dans la poursuite de la préservation de ce patrimoine ? A-t-on avancé sur d’autres points de cette liste depuis l’année dernière ?

 

Réponse de Bénédicte LINARD, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.

Madame la Députée, le bilan de 2019 de l’ancien CLRE est disponible sur simple demande au Service des langues régionales endogènes (SLRE). Il est actuellement accessible sur le site www.languesregionales.cfwb.be. Par ailleurs, je vous rappelle qu’à la suite du décret sur la nouvelle gouvernance culturelle, les missions du CLRE sont désormais assurées par le nouveau Conseil de la langue française et de la politique linguistique (CLFPL) et la Commission des écritures et du livre. En outre, à ce jour, treize communes ont signé les conventions de labellisation « Ma commune dit oui aux langues régionales », et une bonne dizaine de communes supplémentaires devraient être labellisées le 8 mai prochain. Un important travail d’évaluation de ce label fait état d’un bilan globalement positif. Il est, aux yeux des communes, un outil de diagnostic, de prospective, de planification et de sensibilisation important. Il rend bien visible le travail accompli sur le terrain. La bibliothèque des dialectes de Wallonie, adossée au musée de la Vie wallonne, a été désignée par marché public pour accompagner ces communes dans la mise en œuvre de leurs actions de promotion des langues de leur territoire. Par ailleurs, les crédits dédiés à la politique des langues régionales sont inscrits dans la division organique du budget affectée aux « Langues, Lettres et Livre », raison pour laquelle ces crédits sont essentiellement alloués à des publications. Le théâtre et la chanson sont également des vecteurs efficaces de promotion des langues régionales. C’est notamment pourquoi l’Union culturelle wallonne (UCW), reconnue comme fédération professionnelle, siège au sein de la nouvelle Chambre de concertation des arts vivants. Le CLRE a élaboré, en 2015, un plan composé de 25 points d’actions prioritaires pour revitaliser ces langues. Parmi les avancées figure l’enquête de 2020 sur la présence des langues régionales dans l’enseignement primaire et maternel. Rejoignant l’action prioritaire n° 8 du plan du CLRE, cette enquête pointe à nouveau le besoin d’outils de sensibilisation pour les enseignants, mais elle met également en évidence une méconnaissance des centres de ressources existants. Pour rencontrer ce besoin, l’administration a coordonné, en 2020, la publication des différentes versions du nouveau numéro de la collection « Lès Bab’lutes » destinée au jeune public, a soutenu un support d’apprentissage du wallon namurois, ainsi que le projet Wallook, de l’ASBL Besace, et la mallette d’exploitation pédagogique du livre « Mes mille premiers mots en wallon liégeois ». Enfin, parmi les autres avancées du plan, la Direction de la recherche scientifique a débloqué un budget de 75 000 euros pour pouvoir mener, en collaboration avec l’Observatoire des politiques culturelles (OPC) et l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS), une enquête sur la vitalité des langues régionales en Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est l’action n° 20 du plan. Enfin, le marché public de désignation d’un prestataire chargé de récolter des données est en voie de finalisation.

Réponse de Sabine ROBERTY

Je me réjouis que dix nouvelles communes soient bientôt labellisées. Dix nouvelles communes qui ont dit « oui » et qui pourront dire comme moi k’ on-z est firs d’esse Walons! Je ne peux que me réjouir que le patrimoine de nos langues régionales puisse être de plus en plus mis en évidence. Il est important de le valoriser au jour le jour et de commencer dès le plus jeune âge à l’école. Madame la Ministre, je vous remercie de continuer de soutenir ce merveilleux langage.