Question orale du 1er juin 2021 de Sabine
ROBERTY à Valérie GLATIGNY, ministre de l’Enseignement supérieur, de
l’Enseignement de promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à
la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la
Promotion de Bruxelles
L’endométriose
est le nom d’une maladie chronique hormono-dépendante encore largement
sous-estimée et méconnue. C’est pour cette raison que le 28 mars 2014 a été,
pour la première fois, consacré « Journée mondiale contre l’endométriose ». On
estime que cette maladie touche 10 à 20 % de femmes dans le monde. Elle est
invisible, mais n’en demeure pas moins réelle. Aujourd’hui, on n’en guérit pas
encore. En outre, les femmes n’ont pas toujours conscience d’en être atteintes.
Les symptômes sont multiples et variés, et sont différents d’une femme à
l’autre. Il est question de règles douloureuses, de troubles digestifs,
d’infertilité, de troubles urinaires, de fatigue chronique, de douleurs
pelviennes, de dyspareunie. Plusieurs organes peuvent être touchés, tout comme
un seul. La femme qui en est atteinte peut ressentir d’incommensurables
douleurs, ou ne ressentir aucun symptôme. Un diagnostic précoce et des soins
adaptés à chacune sont importants pour traiter les douleurs et l’infertilité
dont sont victimes ces femmes. L’objectif de ces traitements est d’interrompre
la progression et l’aggravation de la maladie par la destruction des foyers
d’endométriose. Pourtant, en dépit de l’importance d’un dépistage rapide, il
semble qu’un diagnostic ne soit posé en moyenne qu’au bout de sept longues
années d’errance. Les causes de ce diagnostic tardif sont diverses. La
méconnaissance des médecins en la matière est notamment en cause. En octobre
2020, en France, grâce à l’association EndoFrance et à l’intervention d’une
soixantaine de médecins, l’endométriose a été ajoutée au programme des études
de médecine. Leur demande, concrète, était de doter la France d’un plan de
santé national pour lutter contre l’endométriose. Cette lutte passe indéniablement
par la formation initiale des médecins et, à n’en pas douter, par la recherche
scientifique.
Madame
la Ministre, avez-vous connaissance de cette problématique ?
Qu’en
est-il en Fédération Wallonie-Bruxelles ?
Les
médecins sont-ils suffisamment formés en la matière ?
Dans
le cas contraire, comment entendez-vous y remédier ?
Avez-vous
des contacts avec vos homologues à ce sujet ?
L’endométriose
fait-elle l’objet de recherches scientifiques ou, à tout le moins, de projets
de recherche ?
Dans
l’affirmative, quel budget y est-il consacré ?
Réponse de Valérie GLATIGNY, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Enseignement de promotion sociale, des Hôpitaux universitaires, de l’Aide à la jeunesse, des Maisons de justice, de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de Bruxelles.
Comme
j’ai déjà pu l’indiquer en réponse à une question de Mme De Re sur le même
sujet, les statistiques de la recherche scientifique ne rentrent pas et ne
pourraient rentrer dans un tel degré de détail. Nous ne possédons en effet pas
tous les titres de recherches. Je peux cependant vous dire, Madame la Députée,
qu’au moins une thèse a été consacrée à cette maladie en particulier, ce qui ne
signifie pas qu’il n’y en a pas eu d’autres ou qu’il n’y en ait pas en cours.
L’endométriose est bien abordée dans les cursus de médecine en Belgique, plus
particulièrement dans la formation de base qui est reçue par tous les futurs
médecins. Quelle que soit l’orientation future, au moins 20 crédits sur les 180
crédits du master sont consacrés à la gynécologie obstétrique. Quant aux futurs
gynécologues, ils auront à suivre une formation clinique pratique de cinq ans à
temps plein. Au cours de ces formations, je ne doute pas que l’endométriose
soit un sujet largement abordé. De plus, elle figure régulièrement au programme
des formations continues que les médecins ont à suivre pour maintenir leur
accréditation. D’une façon générale, la Belgique bénéficie d’une réputation
mondiale dans le domaine. La Katholieke Universiteit Leuven (KUL), l’Université
de Liège (ULiège), l’Université libre de Bruxelles (ULB) ou encore l’Université
catholique de Louvain (UCLouvain) ont en effet une excellente réputation
concernant la recherche clinique, la recherche fondamentale et translationnelle
et la démonstration opératoire dans ce domaine. À titre d’exemple, l’ULiège est
particulièrement active dans la prise en charge des femmes atteintes
d’endométriose et a créé, en son sein, le LUCERM (Liège University Center of
Endometriosis and Reproductive Medicine) pour offrir une approche
médico-chirurgicale multidisciplinaire et optimale. Vous comprendrez que je
limite ma réponse aux domaines relevant de mes compétences qui peuvent s’y
rapporter, à savoir l’enseignement supérieur, la recherche scientifique et les
hôpitaux universitaires.
Réplique de Sabine ROBERTY
Au
travers de cette question, mon but était d’obtenir une vue transversale de ce
qui est fait vis-à-vis de cette maladie chronique tant en Wallonie que dans
notre Fédération ; vous êtes en effet la dernière ministre que j’interroge sur
cette problématique. Je viens de Liège, que vous avez citée, et je peux assurer
que tant le centre hospitalier universitaire (CHU) que le centre hospitalier
régional (CHR) réalisent effectivement un travail extraordinaire sur cette
maladie. On ne répétera jamais assez qu’on n’est jamais trop jeune pour être
touchée par l’endométriose. Ce n’est pas une maladie à la mode. Je consulte en
effet des personnes qui la vivent au quotidien et qui préféreraient ne pas être
«à la mode». Pourtant, on le prétend ; même dans les milieux médicaux,
malheureusement. Ce n’est pas non plus une maladie fourre-tout. Nous devons
informer, sensibiliser, prévenir, mais aussi former. Je ne doutais pas qu’elle
figurait dans la formation de base de nos médecins. Cependant, ils ne sont pas
les seuls concernés par cette maladie. Des infirmières, des assistants sociaux,
des éducateurs travaillent notamment sur ce sujet. La question de la formation
dépasse donc largement la formation initiale des médecins, qu’ils soient
généralistes ou spécialistes, en gynécologie notamment. Je vous remercie pour
l’intérêt que vous avez porté aux réponses fournies. J’aurai donc fait, avec
vous, le tour de la question de l’endométriose.