L’inclusion des enfants en situation de handicap constitue encore un important défi. En 2009, une collaboration entre l’AViQ et l’ONE visait à sensibiliser les milieux d’accueil et à les accompagner. Où en est ce projet ?
Question de Sabine Roberty à Bénédicte Linard, Ministre de l’enfance, de la santé, de la culture, des médias et des droits des femmes
En 2009, l’Agence pour une vie de qualité (AViQ) et l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) lançaient un appel à projets commun pour sensibiliser les milieux d’accueil à l’inclusion d’enfants handicapés. L’appel visait également à proposer un soutien et un accompagnement au moyen de cellules mobiles. La collaboration est par ailleurs formalisée dans un protocole d’accord entre l’AViQ et l’ONE.
À la suite de cette collaboration, plusieurs projets ont été soutenus par l’AViQ. D’après cet organisme wallon en charge des politiques de soutien aux personnes handicapées, il semble qu’un bénéfice soit constaté sur le plan de l’intégration des enfants à besoins spécifiques dans les structures d’accueil ordinaires. Les chiffres pour 2018 sont en effet encourageants puisqu’il s’agit de 145 enfants intégrés, de 642 milieux d’accueil sensibilisés, de 192 milieux formés et de 109 milieux accompagnés.
Si l’AViQ dépend de la Région wallonne – et je ne manquerai pas d’aborder la question avec la ministre concernée – j’aurais voulu savoir comment ce soutien est perçu par les milieux d’accueil et l’ONE. Madame la Ministre, quelle est l’implication de l’ONE dans ce projet ?
Les services d’accueil sont-ils assez informés de l’existence de ces cellules mobiles ?
Comment cet accompagnement est-il perçu par les acteurs de terrain ? Est-il adapté à leurs besoins ? D’autres partenariats existent-ils avec l’AViQ ?
L’ONE est-elle demandeuse d’augmenter ses échanges afin de faciliter l’intégration des enfants à besoins spécifiques dans les milieux d’accueil ordinaires ?
Réponse de Bénédicte Linard, Ministre de l’enfance, de la santé, de la culture, des médias et des droits des femmes
Dès la création des services de soutien à l’accueil de l’enfance, l’ONE a établi un protocole d’accord avec l’AViQ. La collaboration s’effectue à différents niveaux. Je pointerai ici les actions réalisées sur le terrain dans le cadre d’une charte partenariale portée par les deux institutions qui engagent à la fois les agents et agentes de terrain de l’ONE, les représentants et représentantes de chaque service mobile et un ou une gestionnaire de projet tant de l’AViQ que de l’ONE par sa Cellule accessibilité inclusion recherche et nouveautés (CAIRN ONE). Diverses réunions ont été mises en place au cours desquelles le personnel du service mobile et les agents de l’ONE échangent notamment sur les problèmes rencontrés sur le terrain, le cadre de l’intervention, les démarches de sensibilisation et d’information des milieux d’accueil.
Les services de soutien organisent régulièrement à l’intention des services d’accueil, en collaboration étroite avec les travailleurs de l’ONE, des séances d’information sur l’existence des cellules mobiles afin de faire connaître les services et les modalités de travail et de collaboration. Cela se réalise notamment grâce à des rencontres sur le terrain, de la distribution de brochures et d’invitation à des aides d’accompagnement pour qu’ils puissent présenter leur mission ou la manière dont leur travail s’articule avec celui de l’ONE.
Au vu des résultats que vous avez évoqués, nous constatons que les équipes faisant face à l’accueil d’un enfant handicapé et de sa famille font appel, s’ils en éprouvent le besoin, aux services qui existent dans chacune des provinces wallonnes. Ils peuvent répondre à la fois à une demande de conseil, venir sur place auprès des équipes, voire dépêcher une personne – une professionnelle de l’enfance – pour apporter un soutien à l’équipe des professionnels qui accueillent l’enfant dans son groupe. Pendant que professionnel du service mobile effectue des prises en charge des enfants du groupe, la puéricultrice ou le puériculteur de référence peut prendre le temps nécessaire pour donner des soins à l’enfant handicapé.
Un service similaire a vu le jour en 2013 à Bruxelles: l’Organisation et coordination de l’aide précoce pour l’inclusion (OCAPI). Il s’agit d’un projet pilote, mené par plusieurs services d’accompagnement bruxellois, soutenu à la fois par le service Personne handicapée autonomie recherchée (PHARE) et l’ONE. Une équipe de cinq personnes de référence, détachées chacune d’un des services d’accompagnement, répond par secteur aux demandes des milieux d’accueil. L’OCAPI intervient pour accompagner les professionnels qui se posent des questions sur l’accueil et/ou le développement d’un enfant. Le service apporte un soutien à la réflexion sur la base des observations et des échanges avec l’équipe du milieu d’accueil. En collaboration avec l’équipe concernée, ils recherchent également des pistes et des outils pour répondre au mieux aux besoins de l’équipe, en vue d’accueillir tous les enfants et de se concentrer au mieux sur le bien-être de tous. L’OCAPI propose également des formations de sensibilisation en rapport avec l’inclusion en milieu d’accueil.
J’ai évoqué la formation des professionnels de l’enfance dans une réponse à une question d’actualité de Mme Sobry. La formation de base est, aujourd’hui, orientée dans une perspective généraliste qui s’efforce de prendre en compte les différences, migrations, pauvreté, mineurs non accompagnés (MENA), etc. Seule la formation continue comprend des modules particuliers sur les enfants handicapés et leurs familles. J’ajoute aussi que je prendrai contact avec l’ONE pour voir comment la question spécifique des enfants handicapés pourrait être abordée lors la formation de base des accueillantes. Une fois le contact établi, je vous contacterai, tout comme Mme Sobry.
Je termine en rappelant que l’ONE s’investit depuis 2010, au départ par une Task Force Handicap, devenue à partir de 2015, CAIRN ONE, dont la mission est de travailler spécifiquement les questions d’accueil pour tous, d’accessibilité et de qualité avec tous les services. Cela se concrétise notamment par la conception, l’élaboration et la diffusion d’outils, tels que des mallettes pédagogiques et des démarches de rencontre et d’accompagnement des équipes.