Question écrite du 3 septembre 2019 de Sabine ROBERTY à Monsieur Collin, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région sur la mise à jour de la liste d’espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne
Dernièrement, le Journal officiel de l’Union européenne a mis à jour sa liste d’espèces exotiques envahissantes (EEE) qui se voit allongée de 17 références. Parmi celles-ci, deux sont déjà̀ présentes en Wallonie (l’ailante glanduleux et la perche-soleil), et trois autres sont susceptibles de s’y installer : la pampa pourpre, le lespédèze soyeux et le ver plat.
La prolifération d’espèces invasives, qui constituent une importante menace pour la biodiversité́, n’est pas une problématique nouvelle. Nous connaissons déjà̀ les difficultés que représentent leur contrôle et leur éradication. Par exemple, le frelon asiatique présent chez nous depuis 2016, extrêmement nocif pour l’apiculture, continue de gagner du terrain, malgré́ les mesures de gestion mise en place. Il semble d’ailleurs que le nombre de cas répertoriés cette année est supérieur à celui de 2018.
Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur la présence de frelons asiatiques en Wallonie ? Que ce soit en nombre de nids trouvés et détruits et sur les mesures de gestion ?
En ce qui concerne les nouvelles espèces répertoriées, quelles mesures seront prises en Wallonie pour assurer le suivi de la publication européenne, à savoir en stopper l’importation, la commercialisation et l’introduction dans la nature ?
Des mesures sont-elles envisagées pour limiter dés à présent la propagation des espèces déjà̀ présentes sur le territoire ?
Un suivi régulier sera-t-il mis en place en ce qui concerne les espèces susceptibles de s’installer chez nous ?
Des précautions sont-elles envisagées ?
Cet été́ nous avons également appris qu’un danger planait sur la Meuse : la palourde asiatique. Peut-il faire le point sur la présence de cette espèce dans nos fleuves et rivières et sur les mesures de gestion voire d’éradication ?
Réponse du 12 septembre 2019 de Monsieur Collin, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Actuellement la répartition du frelon asiatique en Wallonie s’étend jusqu’à Andenne avec une présence plus importante dans le Hainaut et sur le pourtour de la Ville de Namur. 22 nids ont été neutralisés en 2018, et à ce stade, 21 nids en 2019, l’essentiel des nids à découvrir restant à venir. La lutte est actuellement menée par le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W), qui dispose des équipements et de l’expertise pour réaliser de manière la plus efficace les neutralisations des nids détectés. Pour 2020, il est prévu que les pompiers prennent le relai sur le terrain avec l’appui technique du CRA-W.
L’importation des espèces concernées est une compétence fédérale. Mon administration travaille de manière conjointe avec les services concernés pour mettre en œuvre les mesures de contrôles pour éviter l’importation sur notre territoire de ces espèces. Concernant le commerce, mon administration informe actuellement les différents acteurs concernés (jardinerie, pépinière, animalerie…) sur les interdictions et les mesures transitoires prévues par le Règlement européen. Les agents en charge du contrôle seront formés afin de détecter les infractions de commercialisation et d’introduction dans la nature.
Les mesures en vue de limiter la propagation des deux espèces déjà présentes sur notre territoire seront planifiées après avoir mis à jour la distribution des populations de ces espèces, après avoir analysé les coûts bénéfices des mesures de gestion possible et après avoir quantifié les moyens disponibles et à mettre en œuvre, ceci impliquant d’avoir défini un objectif réaliste de gestion…
Comme pour toutes les espèces déjà listées, le système de surveillance mis en place sera actualisé pour tenir compte des nouvelles espèces listées. Les personnes en charge de la surveillance seront formées pour détecter ces espèces.
Le terme « palourde asiatique » porte à confusion et peut concerner plusieurs espèces comme l’anodonte asiatique (Sinanodonta woodiana) absente de notre territoire ou la corbicule asiatique (Corbicula fluminea) largement répandue en Wallonie. Depuis son introduction en Meuse au cours des années ‘90, ce mollusque benthique a colonisé plus de 600 kilomètres de linéaire de la Meuse. La Meuse n’est pas le seul cours d’eau touché, la plupart des grands canaux et rivières de Wallonie sont colonisés par cette espèce.
Deux autres espèces de mollusques invasifs sont également bien représentées en Meuse, la moule zébrée (Dreissena polymorpha) et la moule quagga (Dreissena rostriformis bugensis). L’espèce étant largement répartie sur le territoire, il est illusoire d’envisager son éradication. On peut toutefois spécifier que le chômage technique de la Meuse qui a lieu tous les 4 ans en amont de Namur permet de réduire significativement l’abondance des corbicules pendant une à deux années. Enfin à l’avenir, il serait intéressant d’étudier l’impact des 3 espèces de gobies molluscophages arrivées il y a quelques années en Meuse sur les populations de mollusque exotique.